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mardi, 14 septembre 2010

Manifeste des économiste atterrés

Atterrés par le manque de qualité du débat économique. Philippe Askenazy, Thomas Coutrot, André Orléan et Henri Sterdyniak, les quatre chercheurs à l’origine de la pétition intitulée « Manifeste d’économistes atterrés » ont donc pondu un texte qui liste en 10 points « les fausses évidences économiques qui inspirent des mesures injustes et inefficaces ».

Le résumé des 10 fausses évidences et 22 mesures qui suit, extrait de Marianne, ne permet pas de se faire une idées très pertinente de ce qui justifie ces propositions.

Il faudra s’armer de patience pour lire la totalité de ce Manifeste qui est relativement dru, en cliquant sur ce lien http://www.slideshare.net/MMDP/manifeste-deconomistes-att...

On pourra rentrer plus facilement dans le sujet grace à Michel VOLLE qui a publié une synthèse de ce manifeste accessible via ce lien   http://michelvolle.blogspot.com/2010/09/les-economistes-a... (pour critique de ce qu'est l'économie voir http://michelvolle.blogspot.com/2010/09/la-nature-et-nous... puis http://michelvolle.blogspot.com/2010/10/pourquoi-leconomi... et http://michelvolle.blogspot.com/2009/03/lentreprise-et-ar...)

D'emblée il cible cette différence de mécanisme fondamentale : "Le nœud de leur raisonnement est le suivant : alors que sur le marché des produits destinés à la consommation et à l'investissement les prix convergent vers leur niveau d'équilibre par le jeu de l'offre et de la demande, sur le marché des biens patrimoniaux (produits financiers, bâtiments, stocks de matières premières), par contre, les prix divergent."

En clair, ce "les prix divergent", signifie pour les uns "les prix sont piloté par la spéculation financière", pour les autres "les prix sont pilotés par l'innovation", quand cette "spéculation financière" n'est tout bonnement pas postulée comme une "nécessité pour financer l'innovation". On retrouvera ces points de vue sur France Culture dans l'Esprit Public du 26 Septembre 2010, dans le "Débat sur le système bancaire" faisant suite à la réunion du 12 septembre 2010 du Comité de Contrôle & Régulation Bancaire Bâle III.

On pourrait aussi, tout simplement considérer que les institutions régissant les biens patrimoniaux sont des instruments privilégiés pour asservir l'ensemble du système économique à moyen et long terme en "orientant" sans scrupule la valeur de ces biens, la spéculation financière n'étant finalement que secondaire et un moyen de ce protéger (même en en profitant, car qui n'avance pas recule) des incohérences engendrées par les institutions sur les monnaies, les créances, l'accession à la propriété, les loyers, les prix agricoles...

10 FAUSSES ÉVIDENCES - 22 MESURES

FAUSSE EVIDENCE N°1 : LES MARCHES FINANCIERS SONT EFFICIENTS

Mesure n°1 : cloisonner strictement les marchés financiers et les activités des acteurs financiers, interdire aux banques de spéculer pour leur compte propre, pour éviter la propagation des bulles et des krachs

Mesure n°2 : Réduire la liquidité et la spéculation déstabilisatrice par des contrôles sur les mouvements de capitaux et des taxes sur les transactions financières

Mesure n°3 : limiter les transactions financières à celles répondant aux besoins de l’économie réelle (ex. : CDS uniquement pour les détenteurs des titres assurés, etc.)

Mesure n°4 : plafonner la rémunération des traders.

FAUSSE EVIDENCE N°2 : LES MARCHES FINANCIERS SONT FAVORABLES A LA CROISSANCE ECONOMIQUE

 Mesure n°5 : renforcer significativement les contre-pouvoirs dans les entreprises pour obliger les directions à prendre en compte les intérêts de l’ensemble des parties prenantes

Mesure n°6 : accroître fortement l’imposition des très hauts revenus pour décourager la course aux rendements insoutenables

Mesure n°7 : réduire la dépendance des entreprises vis-à-vis des marchés financiers, en développant une politique publique du crédit (taux préférentiels pour les activités prioritaires au plan social et environnemental)

FAUSSE EVIDENCE N° 3 : LES MARCHES SONT DE BONS JUGES DE LA SOLVABILITE DES ETATS

Mesure n°8 : les agences de notation financière ne doivent pas être autorisées à peser arbitrairement sur les taux d’intérêt des marchés obligataires en dégradant la note d’un État : on devrait réglementer leur activité en exigeant que cette note résulte d’un calcul économique transparent.

Mesure n°8bis : affranchir les États de la menace des marchés financiers en garantissant le rachat des titres publiques par la BCE.


FAUSSE EVIDENCE N° 4 : L’ENVOLEE DES DETTES PUBLIQUES RESULTE D’UN EXCES DE DEPENSES

Mesure n° 9 : Réaliser un audit public et citoyen des dettes publiques, pour déterminer leur origine et connaître l’identité des principaux détenteurs de titres de la dette et les montants détenus.

FAUSSE EVIDENCE N°5 : IL FAUT REDUIRE LES DEPENSES POUR REDUIRE LA DETTE PUBLIQUE

Mesure n°10 : Maintenir le niveau des protections sociales, voire les améliorer (assurance-chômage, logement…)

Mesure n°11 : accroître l’effort budgétaire en matière d’éducation, de recherche, d’investissements dans la reconversion écologique... pour mettre en place les conditions d’une croissance soutenable, permettant une forte baisse du chômage.

FAUSSE EVIDENCE N°6 : LA DETTE PUBLIQUE REPORTE LE PRIX DE NOS EXCES SUR NOS PETITS-ENFANTS

Mesure n°12 : redonner un caractère fortement redistributif à la fiscalité directe sur les revenus (suppression des niches, création de nouvelles tranches et augmentation des taux de l’impôt sur le revenu…)

Mesure n°13 : supprimer les exonérations consenties aux entreprises sans effets suffisants sur l’emploi.

FAUSSE EVIDENCE N°7 : IL FAUT RASSURER LES MARCHES FINANCIERS POUR POUVOIR FINANCER LA DETTE PUBLIQUE

Mesure n°14 : autoriser la Banque centrale européenne à financer directement les États (ou à imposer aux banques commerciales de souscrire à l’émission d’obligations publiques) à bas taux d’intérêt, desserrant ainsi le carcan dans lequel les marchés financiers les étreignent.

Mesure n°15 : si nécessaire, restructurer la dette publique, par exemple en plafonnant le service de la dette publique à un certain % du PIB, et en opérant une discrimination entre les créanciers selon le volume des titres qu’ils détiennent : les très gros rentiers (particuliers ou institutions) doivent consentir un allongement sensible du profil de la dette, voire des annulations partielles ou totales. Il faut aussi renégocier les taux d’intérêt exorbitants des titres émis par les pays en difficulté depuis la crise.


FAUSSE EVIDENCE N°8 : L’UNION EUROPÉNNE DÉFEND LE MODELE SOCIAL EUROPÉEN

 Mesure n°16 : remettre en cause la libre circulation des capitaux et des marchandises entre l’Union européenne et le reste du monde, en négociant des accords multilatéraux ou bilatéraux si nécessaire.

Mesure n°17 : au lieu de la politique de concurrence, faire de « l’harmonisation dans le progrès » le fil directeur de la construction européenne. Mettre en place des objectifs communs à portée contraignante en matière de progrès social comme en matière macroéconomique (des GOPS, grandes orientations de politique sociale).


FAUSSE EVIDENCE N°9 : L’EURO EST UN BOUCLIER CONTRE LA CRISE

Pour que l’euro puisse réellement protéger les citoyens européens de la crise nous mettons en débat deux mesures :

Mesure n°18 : assurer une véritable coordination des politiques macroéconomiques et une réduction concertée des déséquilibres commerciaux entre pays européens

Mesure n°19 : compenser les déséquilibres de paiements en Europe par une Banque de Règlements (organisant les prêts entre pays européens).

Mesure n°20 : si la crise de l’euro mène à son éclatement, et en attendant la montée en régime du budget européen (cf. infra), établir un régime monétaire intraeuropéen (monnaie commune de type « bancor ») qui organise la résorption des déséquilibres des balances commerciales au sein de l’Europe.


FAUSSE EVIDENCE N°10 : LA CRISE GRECQUE A ENFIN PERMIS D’AVANCER VERS UN GOUVERNEMENT ECONOMIQUE ET UNE VRAIE SOLIDARITE EUROPEENNE

Mesure n°21 : développer une fiscalité européenne (taxe carbone, impôt sur les bénéfices, …) et un véritable budget européen pour aider à la convergence des économies et tendre vers une égalisation des conditions d’accès aux services publics et sociaux dans les divers États membres sur la base des meilleures pratiques.

Mesure n°22 : lancer un vaste plan européen, financé par souscription auprès du public à taux d’intérêt faible mais garanti, et/ou par création monétaire de la BCE, pour engager la reconversion écologique de l’économie européenne.

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vendredi, 03 septembre 2010

Pour comprendre la clé de voute de la stratégie de développement de la CHINE…

… cette conférence de la fondation RESPUBLICA http://www.fondation-res-publica.org/Globalisation-et-des... sur la “Globalisation et désindustrialisation”.

Extrait :

“Dans ce processus, au cours des années quatre-vingt-dix, les multinationales ont commencé par externaliser des fonctions qu’elles assumaient jusque là en propre, au nom de la mode de l’époque, la concentration sur le « cœur-business », et de l’efficience économique. C’est ainsi qu’on a vu les services informatiques être sous-traités aux sociétés d’informatique (l’infogérance), les services comptables être sous-traités à des sociétés d’expertise comptable, etc. L’objectif était de gagner en souplesse, en réactivité, de serrer les prix, de mettre en concurrence des personnalités extérieures et, évidemment, ne pas se charger de coûts salariaux trop importants. 

La Chine, à cette époque, est vue comme un marché sur lequel il faut s’implanter, un marché prometteur de 1 100 000 d’habitants. Mais, très vite, la Chine a imposé ses conditions aux multinationales, les autorisant à installer sur son sol des unités de production à condition d’exporter et non de fournir le marché local. Le but était de produire pour exporter. C’est alors que le système a changé de nature. Jusque là, la stratégie des multinationales, des grands groupes, était de s’implanter à l’étranger pour fournir les marchés étrangers, récupérant les profits par des systèmes de dividendes, de royalties, voire par les prix de transfert. Les multinationales avaient alors une doctrine qu’IBM avait inscrite à son frontispice : « Au service des hommes et des nations ». En effet, dans les années soixante-dix, IBM disputait chaque année avec Peugeot le titre de premier contribuable de France. Nous verrons tout à l’heure que les choses ont bien changé. 

Cette nouvelle stratégie des multinationales consiste donc à produire en Chine pour engranger des recettes à l’exportation que la Chine ne rétrocède pas réellement à la masse de sa population. Certes, une partie de ces recettes redescend par capillarité sur les classes moyennes naissantes. Mais surtout la Chine a commencé à engranger des réserves en devises, notamment en dollars, et à financer une bonne partie des déficits américains. 

Ce modèle, basé sur une très forte exportation et une faible consommation intérieure, va s’accélérer à partir de l’an 2000, avec un phénomène majeur : l’entrée de la Chine dans l’OMC (1). C’est alors qu’après le phénomène d’externalisation des grands groupes, des délocalisations massives vont se produire. Toutes les courbes : commerce extérieur, déficits des uns, excédents des autres, accumulations de réserves des uns et sorties des autres, révèlent un changement à partir de 2001. L’impact du 11 septembre occulte le fait que, quelques jours plus tard, la Chine entre dans l’OMC , ce qui entraîne un véritable bouleversement. La Chine mène une politique très habile d’indexation de sa monnaie (le yuan) sur le dollar, garantissant par là aux multinationales anglo-saxonnes qu’elles ne prennent pas de risques de change en fabriquant sur les marchés chinois. De fait, elles vont bénéficier mécaniquement des « yo-yo » du dollar, si bien que le modèle va se développer à partir de 2001-2002, période où explosent les déficits des uns et des excédents des autres. L’Europe et la France vont s’inscrire dans ce modèle « ricardien ». L’idée de Ricardo était que chaque pays se spécialise dans le domaine où il est le plus fort (c’est l’avantage comparatif entre le Portugal et la Grande-Bretagne). Mais ce modèle supposait des systèmes monétaires à parité et surtout des systèmes sociaux à peu près équivalents. Aujourd’hui, la division du monde s’inscrit dans un modèle ricardien, une spécialisation s’opère et la Chine, qui a les compétences pour tout produire, a vocation à tout produire.” 

La suite de l’analyse est sans concession pour la France et l’Europe.

La présentation de l’ensemble des conférences sur “Stratégie des grands groupes et politique industrielle française” :

http://www.fondation-res-publica.org/Strategie-des-grands...

 

Sur une thématique voisine, cet article du Figaro: La société de la connaissance a fait pschitt

Avec ce commentaire d'Hannubal qui s'efforce d'analyser les raisons de cet échec :

Hannibal | 14 septembre 2010 17h55 |

Je ne pense pas que la "société de la connaissance" soit une si mauvaise idée en soi. L'erreur ne vient-elle pas plutôt du fait qu'on la vide de toute réalité ? C'est une dévaluation de l'expression si l'on suppose que l'objectif d'avoir de plus en plus de diplômés du supérieur (ayant le niveau réel de leur diplôme) était bel et bien envisageable, que cela pouvait être un choix ambitieux.

Il est certainement beaucoup moins coûteux de dévaluer ces diplômes pour atteindre le même résultat, c'est déjà ce qui a été fait pour le bac. Bref, le nominalisme est une politique curieuse, ça devient une pensée magique qui croit agir sur les choses quand elle n'agit que sur les mots.

Pensée magique merveilleusement compatible d'ailleurs avec une politique du chiffre : on veut 50% de diplômés, comme il est impensable de toucher au chiffre, on changera la signification du mot "diplôme". On n'aura presque rien changé dans les faits, mais on pourra parader avec un chiffre et vanter une prétendue société de la connaissance.

Je ne suis pas sûr que l'emploi de clandestins soit l'apanage des grandes entreprises et concerne moins les pme. Si quelqu'un a des précisions là-dessus... Enfin autant que je me souvienne, on y tenait drôlement, au contrat avec la Chine en 1997, et on était très fiers de l'avoir obtenu, moyennant quelques courbettes aux dictateurs.

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vendredi, 02 juillet 2010

Evaluation des politiques publiques

Olivier Bouba-Olga est enseignant et chercheur en sciences économiques à l'université de Poitiers.

Le quotidien de la Vienne – Centre Presse

"L'évaluation des politiques publiques est indispensable"

>Les politiques publiques locales sont-elles bien évaluées?

Clairement non.

  • Les exercices d'évaluation sont rares, et ne sont pas toujours bien faits.
  • C'est souvent l'institution à la base de la politique qui évalue sa propre politique, ce qui pose problème.
  • De plus, on évalue trop souvent les moyens mis dans la politique plus que les résultats.

Pourtant, les outils d'évaluation ne manquent pas, qu'il s'agisse de l'évaluation quantitative ou de l'évaluation qualitative. La recherche française dans le domaine est d'ailleurs en pointe: Esther Duflo a largement contribué au développement des méthodes d'expérience contrôlée, considérées aujourd'hui comme les méthodes les plus rigoureuses.

Il y a cependant des progrès: Martin Hirsch a fortement contribué au développement de l'évaluation en mettant en place des expérimentations sociales, dans le cadre de ses deux Hauts Commissariats (aux solidarités actives, d'abord, à la jeunesse, ensuite).

L'idée de Hirsch était la suivante: on met en place des expérimentations, on les évalue chemin faisant, et si les résultats sont au rendez-vous, on généralise la politique.

En région également, les choses évoluent: le conseil régional a fait appel à notre laboratoire (le Centre de Recherche sur l'Intégration Économique et Financière) pour mener un vrai travail d'évaluation, sur deux ans (2010-2011), du Service Public Régional de la Formation Professionnelle (SPRF).

>Faudrait-il qu'elles le soient plus et pourquoi?

Oui, l'évaluation est indispensable.

  • La raison principale est qu'on ne peut pas anticiper tous les effets de la mise en place d'une politique.
  • L'évaluation doit permettre de voir si les résultats sont au rendez-vous, et si on n'assiste pas à des effets inattendus.

Comme on n'évalue pas ou mal les politiques, on gaspille de l'argent public: on met en place une politique, si elle échoue, on ne se pose pas la question du pourquoi de l'échec et on remet en place une autre politique...

Philippe BONNET

_______________________________________

Suggestions de lecture :

Une approche sociologique de la comptabilité http://52articles.wordpress.com/2009/12/30/pour-une-appro... à croiser avec l'article plus fondamental de Michel VOLLE "Le conflit de la comptabilité et l'économie" http://michelvolle.blogspot.com/2010/07/le-conflit-entre-.... Ce dernier conclut en soulignant l'importance de la reconnaissance sociale par les pairs dans la réplication des postures collectivement les plus handicapantes

Esther DUFLO : “Pauvreté et mondialisation, quelles responsabilités pour les entreprises ?” (27 janvier 2009)
http://www.nu-records.com/drupal/anvie/sites/default/file...

19:56 Publié dans Économie, Finance, Gouvernance, Société et Justice | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : évaluation | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

mercredi, 30 juin 2010

Un usage des sciences sociales en politique…

A partir des quelques rappels qui suivent, Olivier BOUBA-OLGA nous livre son éclairage édifiant sur la gestion de la carte scolaire…

Sur la question de la "confiance" voir http://quincas.blogspirit.com/archive/2010/06/19/le-syst-...

Les sciences sociales ne servent à rien (exemple de la carte scolaire)

http://obouba.over-blog.com/article-les-sciences-sociales...

Confrontés à un dysfonctionnement quelconque, Hirschman (1970) explique que les individus ont le choix entre deux comportements :

  • L’Exit : la défection. Je ne suis pas satisfait, je m’en vais.
  • Le Voice : la prise de parole. Je ne suis pas satisfait, je me plains.

Exemple : je ne suis pas satisfait de la qualité des tomates vendues dans mon hyper préféré  (Leclerc, disons)? Je vais voir ailleurs, à Auchan, par exemple (exit), ou bien, autre solution, je me plains auprès du responsable du rayon fruits et légumes de chez Michel-Edouard (voice).

Quelle solution domine ? L’Exit, nous dit Hirschman, sauf si les individus ont suffisamment confiance dans l’organisation pour penser que leur prise de parole peut la faire évoluer

C’est là qu’intervient le troisième terme de son modèle,

  • le Loyalty, souvent considéré comme une troisième possibilité de comportement mais qui constitue plutôt, après une lecture attentive de son analyse, un élément permettant d’arbitrer entre exit et voice :

Si j’ai confiance dans l’organisation (en fait, principalement, dans ma capacité à faire évoluer l’organisation, ou dans la capacité de certains à la faire évoluer) j’opte pour le Voice, sinon, pour l’Exit).

[La suite]

Conclusion d’Olivier BOUBA-OLGA

Réfléchir aux modalités d'amélioration de la prise de parole. C'est ce que préconisait Hirschman il y a 40 ans. En insistant sur le fait que les possibilités d'Exit et de Voice sont des construits institutionnels…

La qualité de la prise de parole, ça ne tombe pas du ciel, ça suppose des investissements, ça se travaille dans le long terme. Mais s'engager dans un tel investissement ça supposerait d'écouter un peu ce que disent les sciences sociales. Et les sciences sociales, c'est bien connu, ça ne sert à rien…

Source citées :

Hirschman A.O., 1970, Exit, Voice, and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations, and States. Cambridge, MA: Harvard University Press.

Hirschman, A.O., 1986. Vers une économie politique élargie, Paris, Éditions de Minuit.

23:55 Publié dans Société et Justice | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exit, voice, loyalty | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

mardi, 29 juin 2010

Une bonne idée de Monsieur LEFEBVRE plutôt nunuche !

Frédéric Lefebvre propose la création d’une mention « produit du terroir » une idée plutôt nunuche! Enfin pas tant que ça :

Frédéric Lefebvre propose la création d’une mention « produit du terroir »

11 juin 2010 par admin http://www.hexaconso.fr/blog/?p=417

Dans le cadre de la loi de modernisation agricole actuellement en discussion au Sénat, et qui devrait permettre de renforcer le pouvoir des producteurs agricoles dans leurs négociations avec les distributeurs et les industriels, Frédéric Lefebvre, porte-parole actuel du gouvernement,  propose que soit créée une mention « produit de terroir », à l’image de la mention « produit fermier ».

Accompagnée d’un petit drapeau français, elle pourrait être affichée par les industriels de l’agroalimentaire sur les emballages de leurs produits à base d’ingrédients d’origine française, et transformés en France.

L’objectif serait de permettre aux consommateurs qui le souhaitent de pouvoir acheter de préférence des produits « vraiment » français, dont l’origine est garantie. Et de préserver l’agriculture de notre pays, fortement affaiblie par une concurrence à la fois européenne (lait allemand dont les importations en France ont progressé de 70% en 2009, fruits et légumes espagnols…), mais également d’origine plus lointaine et dont la qualité est parfois plus aléatoire.

Cette démarche de valorisation et de promotion de l’agriculture française permettrait également d’apporter une réponse à la volonté de la filière agricole de mentionner l’origine des produits dès lors que 50% de leurs ingrédients sont d’origine française. Elle aurait également pour objectif de limiter l’utilisation par les industriels de produits étrangers parfois moins encadrés sur le plan sanitaire.

Voilà donc en substance la suggestion faite par F. Lefebvre, qui nous propose également de signer une pétition intitulée « Acheter français, c’est acheter la qualité », en faveur de la création de cette mention. Le tout illustré par une vidéo de présentation de la démarche par F. Lefebvre himself.

Cette idée va indéniablement dans le bon sens : information du consommateur sur ce qu’il achète, valorisation de nos savoir-faire agricoles et soutien à cette filière. Reste à en définir plus précisément les contours, mais si cela peut déjà nous éviter de nous faire avoir avec du foie gras hongrois ou bulgare abusivement estampillé « élaboré dans le sud-ouest », de la moutarde de Dijon américaine ou de la Vache qui Rit polonaise…

Posté dans Economie, Société

Tags: Fabriqués en France Made in France produits français qualité française UMP pétition acheter français

4 commentaires
  1. L

    15 juin 2010 à 8 h 55 min

    Mais les foies gras « élaborés dans le sud-ouest » français sont-ils nécessairement et systématiquement de meilleure qualité que les foies gras hongrois ? Une telle assertion est certainement vraie… Pour les foies gras qui sont le fruit d’un artisanat qui valorise les « terroirs » du sud-ouest. Les produits des grandes industries alimentaires, même si elles les produisent en France et à partir de produits français, n’ont qu’exceptionnellement à voir avec les terroirs (animaux en batterie, légumes hors-sol etc.).

    Mettre implicitement les industriels et les artisans dans le même panier (production de terroir) me paraît franchement dangereux. La vache qui rit française serait donc estampillée « produit du terroir », comme la tome de tel paysan des Pyrénées ? Quand on voit le mal que certains vignerons et autres artisans des métiers agricoles se donnent pour fournir des produits de qualité qui, à divers niveaux, expriment véritablement un terroir, je trouverais proprement scandaleux que les barons de l’industrie agro-alimentaire (française ou non) soient en mesure de s’approprier une telle appellation de façon officielle (ils le font déjà officieusement).

    L’idée n’est d’ailleurs pas innocente, car pourquoi ne pas se contenter d’un label « produit français » ou « produit de France » ou je ne sais quoi encore (il y a certainement mieux) ? Non, dans la logique de monsieur Lefèbvre, il y a là une bonne occasion de d’offrir un os à l’industrie en lui livrant de facto une légitimité que d’autres se chargent d’entretenir. Acheter Français pour éviter les délocalisation est une chose, mais cela n’a rien à voir avec la notion de « terroir » qui, contrairement à ce que voudraient nous faire croire les professionnels du marketing, signifie véritablement quelque-chose !

    Derrière de jolies apparences, la mise en place d’une telle appellation me paraît en tous cas tout à fait contre-productive et même dangereuse pour la diversité de la production alimentaire.

    Il vaudrait probablement mieux se concentrer sur la valorisation des productions de type « terroir » et, en parallèle, pourquoi pas, de la production industrielle 100% française. Enfin, il me semble.

  2. Responsable

    15 juin 2010 à 9 h 04 min

    C’est bien d’un côté. Mais avec la barre à 50% il est déjà presque trop tard pour trouver quelque chose encore fait en France.

    Un label est bon pour le consommateur, des mesures efficaces (pas qu’airbus, TGV, nucléaire) de soutien à toute l’industrie française ce serait mieux. Surtout pour l’emploi.

  3. FORLIB

    15 juin 2010 à 11 h 11 min

    On risque d’avoir des surprises. Exemples :

    La France, grande productrice d’œufs bio, doit importer des céréales bio, le pays en étant déficitaire. Il faut donc transporter ces céréales, donc, pollution supplémentaire.

    Dans l’agriculture et l’élevage conventionnels, pratiquement toutes les semences, les souches et les espèces sont d’origines étrangères, même si elles sont reproduites en France
    .

    Le pétrole qui sert à élaborer les matières plastiques est-il d’origine française ?

    La quasi-totalité du papier et carton emballant les produits provient de bois scandinaves ou nord-américain.

    Mitterrand s’était ému que les haricots composant le cassoulet national venaient d’Argentine.
    Etc., etc..

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