Pour comprendre la clé de voute de la stratégie de développement de la CHINE… (vendredi, 03 septembre 2010)

… cette conférence de la fondation RESPUBLICA http://www.fondation-res-publica.org/Globalisation-et-des... sur la “Globalisation et désindustrialisation”.

Extrait :

“Dans ce processus, au cours des années quatre-vingt-dix, les multinationales ont commencé par externaliser des fonctions qu’elles assumaient jusque là en propre, au nom de la mode de l’époque, la concentration sur le « cœur-business », et de l’efficience économique. C’est ainsi qu’on a vu les services informatiques être sous-traités aux sociétés d’informatique (l’infogérance), les services comptables être sous-traités à des sociétés d’expertise comptable, etc. L’objectif était de gagner en souplesse, en réactivité, de serrer les prix, de mettre en concurrence des personnalités extérieures et, évidemment, ne pas se charger de coûts salariaux trop importants. 

La Chine, à cette époque, est vue comme un marché sur lequel il faut s’implanter, un marché prometteur de 1 100 000 d’habitants. Mais, très vite, la Chine a imposé ses conditions aux multinationales, les autorisant à installer sur son sol des unités de production à condition d’exporter et non de fournir le marché local. Le but était de produire pour exporter. C’est alors que le système a changé de nature. Jusque là, la stratégie des multinationales, des grands groupes, était de s’implanter à l’étranger pour fournir les marchés étrangers, récupérant les profits par des systèmes de dividendes, de royalties, voire par les prix de transfert. Les multinationales avaient alors une doctrine qu’IBM avait inscrite à son frontispice : « Au service des hommes et des nations ». En effet, dans les années soixante-dix, IBM disputait chaque année avec Peugeot le titre de premier contribuable de France. Nous verrons tout à l’heure que les choses ont bien changé. 

Cette nouvelle stratégie des multinationales consiste donc à produire en Chine pour engranger des recettes à l’exportation que la Chine ne rétrocède pas réellement à la masse de sa population. Certes, une partie de ces recettes redescend par capillarité sur les classes moyennes naissantes. Mais surtout la Chine a commencé à engranger des réserves en devises, notamment en dollars, et à financer une bonne partie des déficits américains. 

Ce modèle, basé sur une très forte exportation et une faible consommation intérieure, va s’accélérer à partir de l’an 2000, avec un phénomène majeur : l’entrée de la Chine dans l’OMC (1). C’est alors qu’après le phénomène d’externalisation des grands groupes, des délocalisations massives vont se produire. Toutes les courbes : commerce extérieur, déficits des uns, excédents des autres, accumulations de réserves des uns et sorties des autres, révèlent un changement à partir de 2001. L’impact du 11 septembre occulte le fait que, quelques jours plus tard, la Chine entre dans l’OMC , ce qui entraîne un véritable bouleversement. La Chine mène une politique très habile d’indexation de sa monnaie (le yuan) sur le dollar, garantissant par là aux multinationales anglo-saxonnes qu’elles ne prennent pas de risques de change en fabriquant sur les marchés chinois. De fait, elles vont bénéficier mécaniquement des « yo-yo » du dollar, si bien que le modèle va se développer à partir de 2001-2002, période où explosent les déficits des uns et des excédents des autres. L’Europe et la France vont s’inscrire dans ce modèle « ricardien ». L’idée de Ricardo était que chaque pays se spécialise dans le domaine où il est le plus fort (c’est l’avantage comparatif entre le Portugal et la Grande-Bretagne). Mais ce modèle supposait des systèmes monétaires à parité et surtout des systèmes sociaux à peu près équivalents. Aujourd’hui, la division du monde s’inscrit dans un modèle ricardien, une spécialisation s’opère et la Chine, qui a les compétences pour tout produire, a vocation à tout produire.” 

La suite de l’analyse est sans concession pour la France et l’Europe.

La présentation de l’ensemble des conférences sur “Stratégie des grands groupes et politique industrielle française” :

http://www.fondation-res-publica.org/Strategie-des-grands...

 

Sur une thématique voisine, cet article du Figaro: La société de la connaissance a fait pschitt

Avec ce commentaire d'Hannubal qui s'efforce d'analyser les raisons de cet échec :

Hannibal | 14 septembre 2010 17h55 |

Je ne pense pas que la "société de la connaissance" soit une si mauvaise idée en soi. L'erreur ne vient-elle pas plutôt du fait qu'on la vide de toute réalité ? C'est une dévaluation de l'expression si l'on suppose que l'objectif d'avoir de plus en plus de diplômés du supérieur (ayant le niveau réel de leur diplôme) était bel et bien envisageable, que cela pouvait être un choix ambitieux.

Il est certainement beaucoup moins coûteux de dévaluer ces diplômes pour atteindre le même résultat, c'est déjà ce qui a été fait pour le bac. Bref, le nominalisme est une politique curieuse, ça devient une pensée magique qui croit agir sur les choses quand elle n'agit que sur les mots.

Pensée magique merveilleusement compatible d'ailleurs avec une politique du chiffre : on veut 50% de diplômés, comme il est impensable de toucher au chiffre, on changera la signification du mot "diplôme". On n'aura presque rien changé dans les faits, mais on pourra parader avec un chiffre et vanter une prétendue société de la connaissance.

Je ne suis pas sûr que l'emploi de clandestins soit l'apanage des grandes entreprises et concerne moins les pme. Si quelqu'un a des précisions là-dessus... Enfin autant que je me souvienne, on y tenait drôlement, au contrat avec la Chine en 1997, et on était très fiers de l'avoir obtenu, moyennant quelques courbettes aux dictateurs.

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