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dimanche, 05 février 2012

Ingo Schulze dans le SÜDEUTSCHE ZEITUNG

CRISE DE LA DETTE

Dix idées pour sortir de l’absurdité

27 janvier 2012 http://www.presseurop.eu/fr/content/article/1452051-dix-i...

SÜDDEUTSCHE ZEITUNG MUNICH

Beppe Giacobbe

C’est inexplicable mais c’est entré dans nos mœurs : voilà des années que l’on dépouille la collectivité et que l’on ruine la démocratie, dénonce Ingo Schulze. L’écrivain allemand livre ses pistes pour renouer avec le bon sens. Extraits.

Ingo Schulze

Cela faisait quelque chose comme trois ans que je n’avais plus écrit d’article, pour la simple raison que je ne savais plus quoi écrire. Tout saute aux yeux : le délitement de la démocratie, la polarisation économique et sociale croissante entre pauvres et nantis, la ruine de l’Etat social, la privatisation et, partant, la marchandisation de tous les domaines de la vie, et ainsi de suite.

Quand, jour après jour, on nous sert le non-sens comme une chose naturelle, il est normal que l’on finisse, tôt ou tard, par se sentir soi-même malade et déviant. Voici, résumées ici, quelques considérations qui me paraissent importantes :

1. Parler d’atteinte à la démocratie est un euphémisme. Une situation dans laquelle la minorité d’une minorité est habilitée, en toute légalité, à porter gravement préjudice à l’intérêt général au nom de l’enrichissement personnel, est post-démocratique. Le coupable n’est autre que la collectivité elle-même, incapable d’élire des représentants aptes à défendre ses intérêts.

2. On nous serine tous les jours que les gouvernements doivent "regagner la confiance des marchés". Par "marchés", on entend principalement les bourses et les marchés financiers, autrement dit ces acteurs de la finance qui spéculent pour le compte d’autrui ou pour leur intérêt propre, dans le but de dégager un maximum de profit. Ceux-là mêmes qui ont dépossédé la collectivité de montants faramineux. Et les représentants suprêmes du peuple devraient se battre pour regagner leur confiance ?

3. Nous nous indignons à juste titre de la conception de Vladimir Poutine d’une démocratie "dirigée". Mais pourquoi Angela Merkel n’a-t-elle pas été poussée à la démission à l’époque où elle parlait de "démocratie conforme aux marchés" ?

4. A la faveur de l’effondrement du bloc de l’Est, certaines idéologies se sont muées en hégémonies, et leur emprise a été telle qu’elle en a semblé naturelle. Considérée comme un phénomène en tous points positif, la privatisation en apporte un exemple. Tout ce qui demeurait entre les mains de la collectivité était jugé inefficace et contraire aux intérêts du client. Ainsi, l’on a vu émerger un climat ambiant qui devait conduire, tôt ou tard, à déposséder la collectivité de son pouvoir.

5. Autre idéologie à avoir connu un succès retentissant : la croissance. "Sans croissance, il n’y a rien", a décrété un jour la chancelière, il y a des années de cela. On ne peut parler de la crise de l’euro sans citer ces deux idéologies.

6. La langue dont usent les responsables politiques censés nous représenter n’est plus du tout en phase avec la réalité (j’ai déjà vécu une situation similaire en RDA). C’est la langue des certitudes, qui n’est plus mise à l’épreuve de la vie réelle. La politique n’est plus rien d’autre aujourd’hui qu’un véhicule, un soufflet dont la raison d’être est d’attiser la croissance. Le citoyen est réduit à son rôle de consommateur. Or, la croissance en soi ne signifie rien. L’idéal de la société serait le play-boy qui consommerait un maximum de choses en un minimum de temps. Une guerre déclencherait un joli sursaut de croissance.

7. Les questions simples : "A qui cela sert-il ?", "A qui cela profite-t-il ?" sont aujourd’hui jugées déplacées. Ne sommes-nous pas tous dans le même bateau ? Quiconque doute est un apôtre de la lutte des classes. La polarisation sociale et économique de la société est le fruit d’un concert d’incantations selon lesquelles nous aurions tous les mêmes intérêts. Il n’est que de traverser Berlin.

Dans les beaux quartiers, en règle générale, les rares bâtiments à ne pas avoir été rénovés sont les écoles, les crèches, les maisons de retraite, les piscines ou les hôpitaux. Dans les quartiers dits "à problèmes", les bâtiments publics non rénovés se voient moins. C’est aux trous dans la dentition que l’on juge le niveau de pauvreté. Aujourd’hui, on entend souvent le discours démagogique consistant à dire que nous avons tous vécu au-dessus de nos moyens, que tous, nous sommes gourmands.

8. Nos élus ont précipité et précipitent encore systématiquement la collectivité dans le mur en la privant de ses rentrées. Le taux maximum d’imposition allemand a été ramené de 53 à 42 % par le gouvernement Schröder, et l’impôt sur les sociétés a été quasiment divisé par deux entre 1997 et 2009 pour s’établir à 29,4 %. Personne ne devrait donc s’étonner d’entendre que les caisses sont vides, alors que notre produit intérieur brut augmente d’année en année.

9. Je vais vous raconter une histoire : ce qui nous était jadis vendu comme une divergence profonde entre l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest nous est aujourd’hui présenté comme une disparité radicale entre les pays. En mars dernier, je présentais à Porto, au Portugal, la traduction de l’un de mes livres.

En un instant, une question émanant du public a fait basculer l’ambiance, jusqu’alors amicale et intéressée. Subitement, nous n’étions plus que des Allemands et des Portugais assis face-à-face en chiens de faïence. La question était déplaisante – n’avions-nous pas l’impression, c’est-à-dire n’avais-je pas l’impression, moi, l’Allemand, de faire avec l’euro ce que nous n’avions pas réussi à faire jadis avec nos panzers ?

Dans le public, personne n’a rien trouvé à y redire. Et j’ai réagi instinctivement, comme attendu, c’est-à-dire en tant qu’Allemand : vexé, je répondais que nul n’était obligé d’acheter une Mercedes, et que les Portugais devaient s’estimer heureux d’obtenir des crédits à des tarifs plus compétitifs que dans le privé. En prononçant ces paroles, j’entendais la voix des médias allemands.

Pendant le brouhaha qui a suivi mes propos, je suis finalement revenu à la raison. Et puisque j’avais le micro à la main, j’ai bredouillé dans mon anglais approximatif que j’avais réagi de manière aussi imbécile qu’eux, et que nous tombions tous dans le même panneau en prenant instinctivement parti pour nos couleurs nationales, comme au football.

Comme si le problème venait des Allemands et des Portugais, et non des disparités entre pauvres et nantis, et donc de ceux qui, au Portugal comme en Allemagne, sont à l’origine de cette situation et en tirent profit.

10. Nous serions en démocratie si la politique, par le jeu des impôts, du droit et des contrôles, intervenait sur la structure économique existante et contraignait les acteurs des marchés à suivre une certaine voie compatible avec les intérêts de la collectivité. Les questions qu’il convient de poser sont simples : A qui cela sert-il ? A qui cela profite-t-il ? Est-ce bon pour la collectivité ? Ce qui revient au bout du compte à se poser la question suivante : De quelle société voulons-nous ? Voilà ce que serait pour moi la démocratie.

C’est ici que je m’arrête. Je pourrais vous parler du reste, de ce professeur qui confessait renouer avec la vision du monde qu’il avait à 15 ans, d’une étude de l’Ecole polytechnique fédérale de Zürich, qui a étudié l’interpénétration des entreprises pour arriver au chiffre de 147 – 147 groupes qui se partagent le monde, et dont les 50 plus puissants sont des banques et des assureurs, je vous dirais bien aussi qu’il convient de renouer avec le bon sens et de trouver des personnes qui partagent le même point de vue que vous, parce qu’on ne peut pas être seul à parler une langue. Et je vous dirais que j’ai retrouvé l’envie d’ouvrir mon clapet.

Traduction : Caroline Lee

Lx21 49 | 29.01.2012 | 03:22

Great article. It touched the point. Although I think the challenge is even bigger and the gap between those, "the abnormal ones" and the others will even increase. Right now, it's not just a matter of economy, it turned out to be a question of lifestyle. If we want to be enslaved on a system based on work and retribution from work, which allows those who control the money which serves to pay for work ("the markets") to make people to be constrained in a non-horizons, boring, non-creative life, or if we start to take a look to the signs the planet is giving us and do what we really should already been doing, to clean the mess we've created in this beautiful planet. There will be a war, indeed, but will be a war of mentalities, between the new ideas of those who defend justice, freedom and beauty and those who defend the opposite, who are also at war with the planet Earth. My congratulations to the author of the article.

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vendredi, 20 janvier 2012

L’évidence : ce qui est nuisible doit être interdit ou encadrer strictement, et non simplement être taxé.

Billet d'Olivier Berruyer "0406 Contre la Taxe Tobin (mais pour la TBF…)"

  • “J e suis contre une taxe sur les fuites dans les centrales nucléaires.
  • Je suis contre une taxe sur les prothèses mammaires défectueuses.
  • Je suis contre une taxe sur les bavures policières.
  • Je suis contre une taxe sur le Médiator.
  • Je suis contre une taxe sur les faillites bancaires.
  • Je suis contre une taxe sur la pollution de l’eau du robinet.
  • Je suis contre une taxe sur les transactions financières.

Si c’est nuisible, il faut l’interdire ou l’encadrer strictement. Pas simplement le taxer !”

22:44 Publié dans Finance, Gouvernance | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

samedi, 05 novembre 2011

Revue de Presse du G20

Res Publica : Le G20, l'illusion française et les ambitions nationales

Euro. La poursuite du statu quo signifierait pour la France : accélération de la désindustrialisation, déficit public accru, politique commerciale agressive de la Chine sous couvert de"soutien" financier.

Pékin fait la sourde oreille aux demandes de réévaluation du yuan, qui pose un problème de compétitivité insurmontable aux Etats-Unis et à l'Europe. Plus de 20% des exportations chinoises sont absorbées par l'Europe. Une occasion pour celle-ci de demander un rééquilibrage des "termes de l'échange" ?

  • En vérité, la Chine, entrée sans contrepartie à l'OMC en 2001, peut contempler le chemin parcouru avec satisfaction. En octobre 2011, elle a mis un pied dans la "forteresse" euro qui devait protéger les Européens et faire de l'Europe un acteur géostratégique de premier plan. La Chine a les cartes en main et ne se préoccupe guère des règles que les Occidentaux font semblant de lui demander de respecter. Elle peut s'appuyer pour cela sur une alliance objective avec l'Allemagne, dont la politique mercantiliste conduit à des déséquilibres continentaux majeurs. Se rappelle-t-on du temps où les Chinois étaient regardés avec condescendance ("A nous les industries de l'intelligence, à eux les industries à faible valeur ajoutée") ? C'était il y a à peine dix ans…
  • Les déséquilibres commerciaux, à l'origine de la crise. Les excédents commerciaux démesurés de la Chine et de l'Allemagne sont la traduction de leur compétitivité industrielle, mais aussi de la pression qu'ils exercent sur leur demande intérieure et de leur stratégie préparant le choc à venir du vieillissement de leur population.
  • Le rééquilibrage du monde passe par une relance de la consommation intérieure de ces deux pays. Y sont-ils prêts ?
  • Sinon, la sortie de l'euro et des politiques de protections commerciales contre la Chine seront les seules politiques raisonnables pour rééquilibrer les "termes de l'échange".
  • Aucun pays ne peut assister impuissant à la destruction de son appareil productif. Du moins si ses "élites" sont davantage attachées aux intérêts de sa population qu'à ceux des multinationales et de la nouvelle oligarchie mondiale.

Finance. Tout se passe comme s'il était impensable de neutraliser la prédation du système financier sur l'économie.

  • Le président Obama a déçu ses partisans les plus sincères aux Etats-Unis par ses concessions aux lobbies financiers.
  • Les institutions financières mènent le bal et tiennent la plume, pour l'essentiel, des plans de sauvetage bancaires déjà réalisés et de ceux à venir.
  • Elles ont non seulement échappé au coût de la crise, mais elles ont aussi pris l'ascendant sur les Etats grâce à la crise des dettes publiques, qui trouve pourtant son origine dans celle des dettes privées.
  • Rien ne sera possible tant qu'un démantèlement du "complexe financier" ne sera pas engagé. Gageons qu'un gouvernement qui trouverait les ressources morales de s'opposer à la finance retrouverait non seulement sa dignité mais aussi l'estime des peuples.

Voir le texte sur le site du Monde, ainsi que les réponses des autres fondations.

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04 novembre 2011

Georges Ugeux : Cannes : la blessure de l’Euro est-elle mortelle ?

Une union monétaire, fut-elle imparfaite, n’est pas réversible et les signataires du traité de Maastricht l’avaient bien compris.

En aucun cas, le non-respect des critères de Maastricht ne permet la sortie de l’Euro. D’autres sanctions sont prévues.

En forçant Papandreou de soumettre la question de l’Euro dans son referendum, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont remis en question un des éléments constitutifs de l’Euro, sa pérennité, en ouvrant une porte de sortie.

Que faire pour éviter  cette issue fatale?

  • Confirmer de manière solennelle qu’en aucune circonstance les dispositions des traites ne seront amendées pour permettre une sortie. Changer de devise est une décision irréversible.
  • Définir les grandes lignes des mesures qui accompagneront la gouvernance de l’Euro : que ce soit la transformation du FESF en un vrai Fonds Monétaire Européen doté des moyens de gérer et surtout d’anticiper les crises, ou par d’autres moyens, il devient urgent de doter l’Eurozone d’une vraie gouvernance et d’une capacité d’intervention. Ceci implique une règlementation robuste et applicable du secteur financier et des marches de capitaux
  • Dégager progressivement la Banque Centrale Européenne des risques qu’elle a accumules ces deux dernières années pour la repositionner dans son rôle de banque centrale
  • Doter la Banque Centrale Européenne ou l’Autorité Bancaire Européenne de vrais pouvoirs règlementaires sur le secteur bancaire afin d’assurer le traitement cohérent des risques bancaires a travers l’Eurozone, en collaboration avec l’International Financial Reporting Standard Foundation

01:10 Publié dans Géopolitique, Gouvernance | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

mardi, 01 novembre 2011

La loi qui a déchaîné la haine de Wall Street envers Obama

La loi de réforme Dodd-Frank sur la règlementation financière, qui restreint les négociations pour compte propre, l’effet de levier et autres outils utilisés par les banques pour augmenter leurs profit.

15:21 Publié dans Finance, Gouvernance, Rapports de force | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

lundi, 31 octobre 2011

G20 - Un Sarkozy au premier rang d’une Europe en débandade et en haillons…

Il serait temps que les Français se demandent comment leurs dirigeants ont pu les faire tomber si bas

3 Commentaires – Les suivants sur :
http://www.thierry-desjardins.fr/2011/10/le-g20-a-cannes-...

Ce billet satirique amène des contributions intéressantes dans les 3 commentaires enregistrés

Thierry DESJARDINS - Le G20 de Cannes, le festival de la catastrophe

[…]

Jusqu’à présent les scénarios présentés lors des réunions de ce club étaient à l’eau de rose. Les « Grands », les « puissants » de notre vaste monde se congratulaient, faisaient mine de palabrer, énonçaient un grand nombre de lieux communs, puis, ravis du tas d’or sur lequel ils étaient assis confortablement, se faisaient prendre en photo, sagement alignés comme les élèves d’une petite classe.

Que deux ou trois milliards d’êtres humains de la planète crèvent de faim et n’aient pas accès à l’eau courante, que les pôles se mettent à fondre, que les déserts avancent sur certains continents, que des maladies qu’on croyait éradiquées à tout jamais réapparaissent, les laissait parfaitement indifférents.
Ils parlaient business, cours des changes, prix des matières premières.
Les plus anciens, protecteurs et un brin narquois, donnaient des conseils aux nouveaux venus, les « nouveaux riches », qu’ils avaient bien voulu accueillir parmi eux.

[…]

On ne va plus se congratuler entre amis du même monde. On ne sera plus « entre riches ». Il y aura, d’un côté, les fondateurs du club, « les nouveaux pauvres » et, de l’autre côté, ceux qu’on avait bien voulu coopter par gentillesse et qui sont devenus les véritables patrons, les seuls, triomphants, arrogants, sans pitié, maîtres du monde.

[…].

On imagine déjà le Chinois qui n’a plus sa natte dans le dos regardant l’Américain qui ne pourra plus jouer au cow-boy, l’Indien qui n’a plus rien d’un fakir famélique dévisageant le Français à la baguette de pain rassie, le Brésilien qui ne danse plus la samba face à l’Anglais qui a perdu son chapeau-melon.

[…].

Pour une fois, les riches ont besoin des pauvres. Pour pouvoir continuer à s’enrichir. Tous les commerçants le savent, il faut parfois faire crédit à ses clients pour qu’ils continuent à acheter. Sinon, il n’y a plus qu’à fermer boutique. Mais ils savent aussi qu’à force de faire crédit, on fait faillite. Alors ils prennent des garanties, des hypothèques, voire ils envoient les huissiers saisir l’argenterie et ce qui reste de meubles.

Sarkozy s’imaginait qu’en présidant ce G20 cannois il apparaitrait aux yeux des électeurs de la prochaine présidentielle comme le maître du monde et de l’univers. Au premier rang d’une Europe en débandade et en haillons, avec un pays qui a 1.700 milliards de dettes, 4 millions de chômeurs et une croissance à moins de 1%, il va faire figure devant le Chinois, l’Indien, le Brésilien, le Russe, le Sud-Africain d’un mendigot qui fait la manche, au cours de ce sommet qui symbolisera ce que les historiens appelleront sans doute un jour la fin programmée, après quelques siècles de triomphe, de la suprématie de l’Occident.

Sarkozy n’y est, bien sûr, pas pour grand-chose mais ce n’est pas lui qui remportera la Palme d’or.

3 commentaires
  • 31 oct 2011 10:58 1. Patrick-Louis Vincent

Là, je ne suis pas d’accord avec vous, M. Desjardins. Votre analyse est trop caricaturale. Certes, les occidentaux entrent dans une récession à long terme qui va les appauvrir. Mais ce serait une erreur de croire que notre appauvrissement va profiter aux pays émergents. C’est tout le contraire, parce que les peuples d’occident sont les clients des pays émergents, et que, sans client, les entreprises périclitent. C’est ça la mondialisation ou globalisation.

Nous sommes tous dans la même mouise. Et ne croyez pas que la Chine et l’Inde se portent si bien. J’ai déjà dit, sur ce blog, que la Chine connait une bulle immobilière qui n’a rien a envier à celle qui a éclaté aux EU en 2008. Elle éclatera, elle aussi, ou, si elle n’éclate pas, c’est que les dirigeants chinois auront remonté les taux d’intérêts, ce qui raréfiera le crédit et donc ralentira encore plus l’économie. L’Inde est en plus mauvais état encore. Elle connaît une inflation galopante qui annule complètement leur taux de croissance.

  • En Chine la croissance est de 9%, mais l’inflation est de 6%. Cela fait une croissance réelle de 3%. C’est mieux que chez nous, certes, mais trois fois moins qu’en 2008.
  • En Inde, c’est pire. La croissance sera de 8,5% en 2011 mais l’inflation sera de 9%. Il n’y a donc pas de croissance réelle en Inde. De plus, la croissance de l’agriculture ne sera que de 2%, alors que 2/3 de la population vit encore en milieu rural, et que la population a augmenté de 2% entre 2010 et 2011.
  • Au Brésil, c’est pareil. La croissance sera de 4% en 2011, mais l’inflation de 6%.
  • En Russie, idem. La croissance sera de 5% et l’inflation de 9%.

Il est donc tout à fait faux de dire qu’il y a des nouveaux pauvres, les occidentaux, et de nouveaux riches, les BRICS. Même en valeur absolue, l’addition des économies des BRICS ne représente que les 2/3 de la seule économie américaine.

Dans les pays que vous voyez en nouveaux riches, la Chine et l’Inde, il y a, dans chacun de ses pays, une centaine de millions de gens ayant un niveau de vie voisin du nôtre, avec ses milliardaires qu’ils n’avaient pas autrefois. Mais, le reste de la population vit souvent dans une extrême pauvreté, bien plus grande que nos pauvres, car sans aucun soutien financier.

Ceci étant dit, pour simplement rétablir les équilibres, tout n’est pas rose pour l’occident.

Les EU et l’Europe sont confronté à la plus grave crise monétaire et financière de leur histoire. C’est pourquoi, au G20, l’on va surtout parler de monnaie et de finance. Les BRICS n’ont aucun intérêt à ce que l’euro et le dollar s’écroulent. D’abord parce qu’ils en ont plein leurs tiroirs, ensuite parce qu’une crise systémique aura des conséquences catastrophiques sur leur propre économie.

C’est pourquoi les BRICS ne joueront pas les gros bras, mais chercheront, dans les années qui viennent, à trouver, par delà les divergences d’intérêts économiques, une solution commune, sur le plan monétaire et financier, avec les occidentaux et, ne l’oublions pas, les pays du Golfe.

    • 31 oct 2011 12:11 2. sandrine
  • Au delà des chiffres, je pense que le message que Mr Desjardins veut nous faire passer, c’est la honte que nous devrions avoir de nous faire aider par des pays soit-disant en voie de développement.

    Sur ce constat, rien à dire, l’argumentaire de Mr Desjardins est juste et accablant pour nous Français, qui prétendons faire la leçon au monde entier. Il serait temps que les Français se demandent comment leurs dirigeants ont pu les faire tomber si bas

  • 31 oct 2011 14:01 3. drazig

    Bien d’accord avec vous M. Desjardins. Le pire à mon avis est la parfaite dé-considération voire le mépris de tous ses « nouveaux » pays vis à vis de la classe dirigeante de l’Europe. En plus les dirigeants européens entre eux n’ont pas plus de considération; Berlusconi-Sarkozy et vice versa par exemple. Quant à l’Allemagne, j’ai tendance à la considérer comme un pays émergeant qui a réussi: n’a-t-elle intégré l’Allemagne de l’Est misérable pays communiste(pléonasme)? Cet exemple montre-t-il qu’il faut repartir à zéro pour s »en sortir? Je le crois. En tous cas, ça sera dur dur.

14:27 Publié dans Gouvernance, Rapports de force | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |