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samedi, 29 septembre 2012

XERFI : Passage de l’économie à l’Iconomie

“[…] Nous sommes en crise, parce que comme le disait Gramsci, « le vieux ne veut pas mourir et que le neuf ne peut pas naître ». Dans cet entre deux surgissent les monstres de la prédation économique et financière, du délitement du système productif, du chômage de masse.
On ne reconstruira pas le système productif par de simples mesures macro-économiques. Il ne s’agit pas non plus de copier des pays qui ont su habilement tirer parti des faiblesses des autres. Il faut réviser nos modes de pensée et d’action. Penser la mutation, la rendre intelligible, c’est le but que s’est fixé le groupe de travail de l’association Institut Xerfi. Il s’agit d’impulser le passage de l’économie à l’Iconomie, avec un nouveau modèle de compréhension de l’économie pour penser le monde d’après, la France d’après, éclairer les voies d’une nouvelle compétitivité et d’une nouvelle manière de créer des richesses et des et des emplois.
Or, nous sommes confrontés à un vide, un vide de la pensée et de l’action stratégique. La stratégie, ce n’est pas un ensemble de solutions techniques. Ce n’est pas l’organisation efficace de moyens pour atteindre un but comme on l’enseigne à nos futures élites. En 35 ans de métier, je n’ai jamais vu une grande stratégie sortir d’une analyse stratégique. Je n’ai jamais vu un futur se dessiner dans un modèle économétrique. Non, une stratégie exige une vision, un dessein, une ambition, qui se concrétise dans une orientation. Oui, depuis plusieurs dizaines d’année la France est dans un vide stratégique. L’Iconomie, c’est d’abord la volonté de penser le neuf, c’est aussi une ambition pour la renaissance de la France. […]

Conférence de l'institut Xerfi

Voici les exposés lors de la conférence de l'institut Xerfi le 19 septembre 2012 :

Laurent Faibis, "
Introduction : passer de l'économie à l'Iconomie, pour la renaissance de la France" :

Alexandre Mirlicourtois, "L'état des lieux : les chiffres-clés d'une révolution productive manquée" :

Michel Volle, "L'Iconomie, l'élan du nouveau « système technique » pour reconquérir la compétitivité" :

4) Philippe Moati, "La fourniture d’effets-utiles et l’émergence d'un modèle économique serviciel" :

5) Alain Marbach, "Investir massivement dans l'Iconomie pour créer les conditions d'une nouvelle compétitivité" :

6) Jean-Pierre Corniou, "Comment l'Iconomie va provoquer une nouvelle organisation productive plus performante" :

7) Christian Saint-Etienne, "Pour le retour d’un Etat stratège,
pour une reconstruction du tissu productif
" :

lundi, 10 septembre 2012

Démystifuer la finance : Les périls du nouveau rôle de la Banque centrale européenne

http://finance.blog.lemonde.fr/2012/09/09/les-perils-du-n...

Il y a quelque chose de paradoxal dans la soudaine mise en exergue des interventions des banques centrales, plus habituées à la discrétion qu’aux feux de la rampe. La Banque centrale européenne n’a pas cherché ce rôle périlleux de sauveteur de l’Eurozone, qui n’est pas dans ses statuts et pour lequel elle n’est ni préparée ni équipée. A cela s'ajoute le projet d’union bancaire qui va faire de la BCE le superviseur suprême des quelque 6 000 banques européennes. Elle y sera probablement obligée, alors qu’elle ne l’a pas demandé, et a même souhaité ne pas avoir cette charge.

Une dangereuse concentration de pouvoirs

Quel que soit le talent des dirigeants de la BCE, les décideurs politiques de l'Union européenne se sont littéralement lavé les mains de leurs responsabilités et ont mis la BCE dans une position fondamentalement intenable.

Une banque centrale n’est pas l’autorité responsable de la politique d’un pays en matière de devises. C’est aux ministres des finances qu’appartient cette autorité. Ils ont démissionné.

Une banque centrale n’a rien à faire dans une fonction de soutien de l’endettement abusif des Etats. C’est le rôle des Etats dans les traités européens.

Une banque centrale est responsable de la prévention de l’inflation et des taux d’intérêt monétaires, à savoir le court terme. Elle n’a ni les moyens financiers ni la structure nécessaire pour assurer le niveau des taux à long terme, que chaque pays doit assumer en fonction de sa situation de crédit. C’est aux gouvernements qu’appartient la politique de taux d’emprunt des pays.

Une banque centrale est le prêteur en dernier ressort des banques, mais pas à moyen terme. C’est un rôle stabilisateur des fluctuations à court terme des trésoreries des banques. Dans le cas de la BCE, le financement bancaire à moyen terme LTRO avait trois caractéristiques qui allaient au-delà de son rôle : la concentration de deux tranches de 500 milliards d’euros à quelques mois de distance, la prise de risque à trois ans pour laquelle elle n'a pas de financement adéquat et un taux d’intérêt en dessous du marché, qui la fait subventionner les Etats les plus impécunieux.

A cette fonction de préteur de dernier ressort, la BCE va maintenant ajouter une fonction de régulateur de l’union bancaire européenne. Ce n’est pas, en soi, nouveau, et les banques centrales jouent ce rôle dans de nombreux pays. Mais c’est l’ajout de ce rôle à tous les autres qui inquiète.

Il est sidérant de voir que personne ne pose le problème démocratique et politique de cette concentration dans une institution qui doit rester indépendante dans ses décisions. Nulle part une telle concentration n’a été mise entre les mains de la banque centrale de manière structurelle.

Une cible fragilisée

Le rôle de la BCE fragilise cette institution essentielle à l’équilibre financier de l’Europe. C’est la raison de l’opposition farouche et légitime de l’Allemagne à cette extension de ses interventions.

En effet, une attaque sur la devise, sur les taux d’intérêt, sur les banques, sur les Etats fait maintenant de la BCE une cible unique et multipolaire. La manière dont les Etats se sont débarrassé de leurs responsabilités sur la BCE risque de la mettre au premier plan de toute perturbation de l’un ou l'autre de ces aspects. Elle ne peut que décevoir.

Encore faudrait-il qu’on lui en donne les moyens. En cas de crise, elle devra inévitablement se retourner vers ses 29 actionnaires : les Etats de l’Eurozone. Faut-il préciser que cet engagement ne figure nulle part dans les dettes des pays concernés ?

Dès la prochaine crise, nous découvrirons qu’il n’y a plus de pare-feu et que les taux d’intérêt, l’Euro, les banques et les Etats flamberont simultanément et affecteront la BCE et, avec elle, l’Europe entière.

Définir un statut à long terme

Il ne s’agit pas de blâmer en période de crise. Mais il est important que les autorités politiques européennes réfléchissent à ce que sera le statut de la BCE sur le long terme.

L’Europe ne peut pas s’installer dans une structure qui met une seule de ses institutions sur des fronts aussi divers et interconnectés. Elle joue avec le feu. En agissant de cette manière, elle a concentré toutes les attentes sur un homme fort, et une institution qui n’a pas les moyens de ses attributions. Elle a donc concentré tous les risques.

Pour la BCE, c’est plus un piège qu’un privilège. Mario Draghi doit se souvenir de cet adage romain qui rappelait la fragilité des sénateurs de l’Empire. La roche tarpéienne est proche du Capitole.

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samedi, 26 mai 2012

Rudo de Ruijter, Chercheur indépendant, Pays-Bas : Sortir de l’€uro et puis ?

Article lu sur http://blog-economique-et-social.blogspot.fr/2012/05/sort...

Rudo de Ruijter “La reproduction de cet article est autorisée sous condition de mentionner ce lien vers l’article original :http://www.courtfool.info/fr_Sortir_de_l_euro.htm.”

L'euro est une monnaie très pratique, mais elle fait des millions de victimes. Cet article explique d’une façon simple pourquoi l’euro ne peut pas marcher et expose les avantages d’un passage vers un système d’argent d’État.

  • Non, la coopération Européenne ne s’arrêtera pas sans l’euro!
  • Et oui, nous serions bien mieux avec de l’argent d’État et de nouveaux circuits de contrôle des flux monétaire (courants d’argent État – Population) !

L’euro a un problème insoluble. Les pays qui sont sévèrement endettés maintenant, s’ils réussissent à s’en sortir à coups de réductions de dépenses d’État, s’endetteront de manière prévisible à nouveau.

Parce que ces pays sont victimes d’un défaut fondamental dans l’euro :une monnaie unique ne peut fonctionner que lorsque tous les pays participants sont économiquement homogènes. [1] [2] [3]

  • En ce moment il n’y a rien qui empêche des consommateurs grecs de préférer des produits d’Allemagne meilleurs et moins chers. Et lorsque la Grèce importe plus qu’elle n’exporte, ses dettes augmentent.
  • La même chose vaut pour tous les pays moins productifs dans la zone euro. Ils pourront réduire leurs dépenses autant qu’ils voudront et privatiser toutes les infrastructures, mais la prochaine crise de dettes ne sera jamais loin!

[…]

Pour les partisans ce n’était qu’une question d’inventer des règles de jeu et de convaincre les pays de signer des accords, comme quoi ils se tiendraient à ces règles.
Eh bien, on peut mettre des signatures sur des bouts de papiers, mais cela ne rend pas possible ce qui ne l’est pas. Aujourd’hui, 20 des 27 pays de l'Union Européenne ne peuvent satisfaire aux exigences budgétaires.

….

La suite longue mais facile à lire et passionnante, sur l’un des 2 sites mentionnés en début de billet.

Pour mémoire cette citation, piste de lecture de ce qui suit.

“Quelqu’un qui paye sa maison en 20 ou 30 ans paye à peu près autant d’intérêts que des remboursements. En fait il paye deux maisons. Une pour lui-même et une pour son banquier!”


Parallèlement, cette autre analyse de Monnaie Publique : http://monnaiepublique.blogspot.fr/2012/05/que-cache-lach...:

Que cache l’acharnement à laisser la Grèce dans la zone Euro ?

Depuis des mois, trois idées passent en boucle dans les médias : la dette publique grecque est « scandaleusement » haute, la Grèce ne doit pas sortir de l’Euro, sortir de l’Euro serait catastrophique, pour la Grèce, pour l’Europe, voire pour le monde entier …

Le "scandale" des dettes publiques.

La première idée est sans doute vraie, même si les responsabilités de ce scandale sont sûrement très partagées. Si certains grecs vivent, peut être, au dessus de leurs moyens, et si la fiscalité grecque n’es ni la plus efficace ni la mieux gérée du monde ‘civilisé’, il est avéré que Goldman Sachs a truqué les comptes publics grecs – avec la bienveillance de certains hauts responsables de Bruxelles – afin de permettre à la Grèce d’être « acceptée » dans l’Eurozone.

De plus, tous les experts, les vrais ou les « auto-proclamés » savent bien que la Grèce ne remboursera jamais toutes ses dettes : la seule question qui intéresse les créanciers grecs – du moins les plus gros d’entre eux – c’est de savoir comment se ‘refiler’ la patate chaude. Autrement dit, qui va payer, partiellement ou totalement, la facture ? Plus on attend, plus la ‘patate’ grossit, mais plus certains créanciers, ceux qui ont le plus d’influence, se débarrassent, ou tentent de se débarrasser, de leurs créances toxiques.

On ne sait pas trop encore qui seront les véritables gagnants, mais l’on sait déjà que les perdants seront, comme toujours, les plus faibles, les plus démunis, et plus particulièrement la grande majorité du peuple grec, qui a déjà perdu près de 30% de son pouvoir d’achat.

C’est pourtant ce même peuple, lobotomisé par la pensée unique d’une Europe libre-échangiste et mondialiste, qui se refuse à sortir de la zone Euro tout en protestant à juste titre contre l’austérité scandaleuse qu’on leur impose, avec plus ou moins de succès, depuis des années.

La Grèce ne doit pas sortir de l'Euro, pour son propre bien ...

La deuxième idée, c’est donc le fait que la Grèce ne doit pas, pour son propre bien, sortir de l’Eurozone. Là encore, s’il existait encore une majorité d’économistes honnêtes et sérieux, cette idée aurait du être abandonnée depuis longtemps. Qui peut prétendre qu’un pays peut raisonnablement s’engager à payer en quelques années l’équivalent de 165% de sa production nationale (le double en pourcentage de la dette française) en accompagnant ces paiements d’une récession de plus en plus marquée ! Comme si le simple bon sens ne condamnait pas toute mesure consistant à produire moins (baisse du PIB de 20% en 3 ans) tout en remboursant davantage.

Si l’on voulait réellement sauver la Grèce, il faudrait abandonner toute idée de remboursement de ces dettes, dont une grande partie est d’ailleurs liée au taux d’intérêt de ces mêmes dettes. En supposant que la Grèce puisse retrouver un excédent de ses comptes publics (il faudrait déjà plus de 5 ans pour arriver à cet objectif) il lui faudrait encore plusieurs siècles pour rembourser la totalité de ses dettes, si tant est que ce fut possible.
A qui peut-on faire croire cela, et quel être sensé pourrait encore soutenir cette position ? Et pourtant, c’est bien ce que la ‘troïka’ - Bruxelles, BCE, FMI - s’efforce de faire croire au « petit peuple » apparemment stupide que nous sommes tous plus ou moins, du moins le croit-elle.

La Grèce ne peut à l’évidence s’en sortir qu’en retrouvant à la fois sa souveraineté monétaire et les moyens d’une nouvelle politique économique, tout en répudiant tout ou partie de sa dette actuelle ; si l’on veut vraiment sauver la Grèce, ce ne peut être qu’en lui permettant d’exporter davantage, et d’importer moins, tout le reste est littérature.

Une catastrophe mondiale ?

La troisième idée, celle d’une catastrophe mondiale si un pays de la taille de la Grèce – grand par son histoire mais très petit par son influence économique actuelle – s’aventurait à quitter une union monétaire telle que l’Eurozone est encore plus stupide : elle est pourtant répétée à l’envi. En dehors des arguties juridiques : il ne serait pas prévu qu’un pays puisse abroger un traité, et utiliser pour cela une clause qui n’en ferait pas explicitement parti - merci aux législateurs de ne pas avoir tout prévu et d’avoir ainsi vendu leur âme au diable – il se cache derrière cette position de façade une peur panique parmi les représentants du système, ceux qui inspirent, voire dirigent, nos gouvernants.
Si un pays commence à remettre en cause le système que l’on a tenté d’imposer plus ou moins subrepticement depuis des décennies, depuis 1973 en France, et peut être même bien avant, à savoir le système qui transforme peu à peu nos gouvernants en simples employés de banque, il risque effectivement d’avoir contagion.

Cette contagion serait celle d’une souveraineté nationale qui reprendrait droit de cité, celle d’idées conformes à la charte de la Havane qui proclamait qu’une véritable coopération entre les nations commence par un respect mutuel et une réciprocité dans les échanges, que ces échanges concernent les flux de capitaux, les flux de biens et de services, et enfin les flux migratoires.

Si, pour sauvegarder la main mise des banques et des marchés financiers sur la vieille Europe – en attendant mieux – il faut faire mourir à petit feu la Grèce, qui s’en soucie vraiment ? L’essentiel, c’est bien de cacher la vérité jusqu’à ce qu’il soit trop tard.

Il est sans doute déjà bien tard. Mais est-il trop tard ? Le sens et l’enjeu des prochaines élections, en Grèce comme en France donneront quelques indications sur ce point, en sachant que le système fera tout pour s’opposer à ceux qui défendent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et de leur avenir, quitte à susciter l’éclosion de quelques partis ou idiots utiles qui détourneront les électeurs des véritables enjeux.

Publié par Bruno à l'adresse 11:03

Libellés :Allais,BCE,bruno lemaire,Bruxelles,crise,créanciers,dettes publiques,FMI,Grèce,troïka

01:08 Publié dans Finance, Gouvernance | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

samedi, 05 mai 2012

Edgar MORIN, François HOLLANDE : Quelle est votre conception de la gauche ?

DU PROGRÈS AU PACTE SOCIAL, LES PISTES POUR SORTIR DE LA CRISE DE CIVILISATION

http://www.lemonde.fr/idees/article/2012/05/04/le-pouvoir...

Edgar MORIN hyperbolique : de bonnes intentions, des lueurs d’appréhension de la complexité de nos conditionnements, mais guère convainquant dans les projets à mettre en œuvre. Bref des mots “valise” sans grand contenu et des solutions dont on sent qu’elles ne sont pas véritablement des réponses concrètes et qui peuvent rapidement s’avérer infernales comme inscrire dans la constitution que “La France est une, indivisible et multiculturelle”.


François HOLLANDE entre elliptique et laconique : se garde bien de reformuler les idées d’Edgar MORIN, et revenant aux réalités, expose une vision ouvrant sur des voies plus pragmatiques, en particulier sur les sujets Progrès et Mondialisation (“ La mondialisation n'est pas une loi de la physique ! C'est une construction politique. Ce que des hommes ont décidé et construit, d'autres hommes peuvent le changer).


Le Monde : La gauche doit-elle renouer avec l'idée de progrès et de croissance ou bien s'en méfier ?

Edgar MORIN :

Depuis Condorcet, le progrès était conçu comme une loi automatique de l'Histoire. Cette conception est morte. On ne peut pas non plus considérer le progrès comme le wagon tiré par la locomotive techno-économique. I

l s'agit de croire au progrès d'une façon nouvelle, non comme une mécanique inévitable mais comme un effort de la volonté et de la conscience.

Le progrès a souvent été assimilé à la technique, au développement économique, à la croissance, dans une conception quantitative des réalités humaines. Face à la crise de la croissance, aux nuisances et catastrophes engendrées par le développement techno-scientifique ou aux excès du consumérisme, ne faut-il pas rompre avec le mythe de la croissance à l'infini ? L'exemple du Japon montre qu'un pays développé n'a eu qu'une croissance de 1 % avant la crise.

Mais surtout il faut dépasser l'alternative stérile croissance/ décroissance et promouvoir la croissance de l'économie verte, de l'économie sociale et solidaire...

Et en même temps faire décroître l'économie des produits futiles, aux effets illusoires, mais vantés par la publicité, faire décroître l'économie des produits jetables ou dont l'obsolescence est programmée, supprimer les prédations des intermédiaires comme les supermarchés qui imposent des prix très bas aux producteurs et des prix élevés aux consommateurs. Promouvoir les circuits courts...

François HOLLANDE :

Le progrès n'est plus une idéologie. Mais c'est une idée encore féconde. Je suis un militant du progrès. L'action politique doit permettre à l'humanité d'avancer et à l'individu d'espérer un sort meilleur.

Je réfute toutes les idées qui mettent en cause le progrès scientifique, social et écologique.

Pour autant, on ne peut plus croire à l'automaticité de la croissance, à une mécanique qui conduirait, par les forces du marché ou au contraire par l'intervention de l'Etat, à une amélioration du pouvoir d'achat ou de la qualité de la vie.

Rousseau nous l'a appris : il n'y a pas d'équivalence entre progrès technique et progrès moral, entre progrès économique et progrès humain. Nous devons nous battre pour un progrès humain, solidaire, mondial.

C'est là qu'intervient la distinction entre le marchand et le non-marchand - tout ce qui ne peut pas être réduit à l'échange et à la valorisation.

Le rôle de la gauche est de veiller à ce que le marchand soit efficace et compétitif, mais aussi de développer le non-marchand.

Quant à l'opposition croissance/ décroissance, je suis pour un niveau plus élevé de croissance, même si nous savons bien que la tendance pour les dix prochaines années est au mieux de retrouver 2 ou 2,5 points de croissance, c'est-à-dire la moitié de ce que nous avons connu pendant les "trente glorieuses" et un tiers de ce que nous avons pu connaître en 1974. D'où l'importance de donner à cette croissance un contenu en emplois, en activité, en richesse, en écologie surtout.

Il y a aussi des secteurs qui doivent décroître parce qu'ils sont source de gaspillage. La technologie peut nous y aider.

Lutter contre ce qui nuit à la santé est un facteur de réduction de nos dépenses collectives, donc une recette supplémentaire pour financer d'autres recettes de solidarité.

La sobriété n'est pas le contraire de la prospérité. Ce n'est pas une spoliation, mais une liberté que nous devons offrir à chacun.

Le Monde : Faut-il accroître la mondialisation ou bien amorcer une démondialisation ?

François HOLLANDE :

Ce sont des débats qui ont déjà scandé la vie politique et économique. Ils se posent dans des conditions nouvelles : les techniques évoluent, le capitalisme lui-même connaît une mutation, mais ce sont toujours les mêmes interrogations et les mêmes défis.

Le rôle du politique est de déterminer les limites et les enjeux du progrès scientifique. L'éthique n'est pas fondée uniquement sur des convictions personnelles : nous devons définir ensemble ce qui est possible et ce qui ne l'est pas. Cette délibération ne doit pas être confiée à une élite mais à l'ensemble des citoyens.

La mondialisation n'est pas une loi de la physique ! C'est une construction politique. Ce que des hommes ont décidé et construit, d'autres hommes peuvent le changer. Le politique doit intervenir pour lutter contre l'économie de casino et la spéculation financière, pour préserver la dignité du travailleur et fonder la concurrence sur des normes environnementales et sociales.

Le travail n'est pas une valeur de droite, mais une valeur citoyenne : le droit au travail est d'ailleurs reconnu dans la Constitution, il garantit un revenu, une place dans la société, une relation à autrui.

La période que nous vivons est celle de l'excès :

  • excès des rémunérations,
  • des profits,
  • de la misère,
  • des inégalités.

Le rôle du politique, c'est de lutter contre les excès, les risques, les menaces et de réduire les incertitudes.

Nous avons besoin d'humanisation, sinon nous perdrons le sens de ce pour quoi nous produisons, échangeons, commerçons.

Nous avons aussi besoin d'unité, de nous retrouver autour de grandes valeurs, mais cette unité ne doit pas écraser la diversité.

Il s'agit d'être justes, de faire preuve à la fois de justice et de justesse. Nous devons à la fois inspirer la confiance et donner confiance aux citoyens dans leurs propres capacités.

Edgar MORIN :

La crise que nous vivons n'est pas seulement économique, c'est une crise de civilisation.

Un président doit être capable d'indiquer les directions de salut public, pour que la France retrouve son rôle d'éclaireur.

On ne peut rétablir confiance et espérance que si l'on indique une voie nouvelle : pas seulement la promesse de sortir de la crise, mais de changer la logique dominante.

Par une confluence de réformes multiples, il faut remettre la France en mouvement, faire confiance aux capacités créatrices des citoyens.

Je souhaiterais que le candidat réponde à ce que disait Beethoven, dans son dernier quatuor : "Muss es sein ? Es muss sein." Est-ce possible ? Oui, il faut montrer que c'est possible.

François HOLLANDE :

Non seulement je dis que cela est possible, non seulement je veux montrer que cela est possible, mais je vais le faire !

Le Monde : Quelle grande politique économique pourrait accompagner cette politique de civilisation ?

Edgar MORIN :

Une grande politique économique comporterait selon moi la suppression de la toute-puissance de la finance spéculative tout en sauvegardant le caractère concurrentiel du marché ; […]} le dépassement de l'alternative croissance / décroissance en déterminant ce qui doit croître :

  • une économie plurielle,
  • comportant le développement d'une économie verte,
  • de l'économie sociale et solidaire,
  • du commerce équitable,
  • de l'économie de convivialité,
  • de l'agriculture fermière et biologique,
  • de l'entreprise citoyenne.

Mais aussi ce qui doit décroître :

  • l'économie créatrice de besoins artificiels,
  • du futile,
  • du jetable,
  • du nuisible,
  • du gaspillage,
  • du destructeur.

Ne faut-il pas envisager une grande politique de la consommation, qui inciterait les consommateurs à s'éclairer sur les produits et mènerait une action éducative sur les intoxications et addictions consuméristes, ce qui, favorisant la qualité des produits, favoriserait la qualité de la vie et la santé des personnes ?

Ne faudrait-il pas prohiber les multiples produits soit jetables soit à obsolescence programmée, ce qui favoriserait les artisanats de réparation ?

Ne faut-il pas envisager une grande politique de réhumanisation des villes qui veillerait à opérer la déségrégation sociale, à ceinturer les villes-parkings pour y favoriser les transports publics et la piétonisation, et favoriser la réinstallation des commerces de proximité ?

Une nouvelle politique de la France rurale ne devrait-elle pas être promue, qui ferait régresser l'agriculture et l'élevage industrialisés devenant nocifs pour les sols, les eaux, les consommateurs, et progresser l'agriculture fermière et bio ?
Elle revitaliserait les campagnes en les repeuplant d'une nouvelle paysannerie, en y réimplantant bureaux de poste et dispensaires locaux, et elle inciterait à réinstaller dans les villages boulangeries-épiceries-buvettes.
Elle instaurerait l'autonomie vivrière dont nous aurons besoin en cas de grave crise internationale.

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vendredi, 13 avril 2012

REPORTERRE : Interview Jean-Luc MÉLENCHON – Règle verte, Planification écologique, sortie des énergies carbonnées

http://www.reporterre.net/spip.php?article2779

Projet de loi déposé le 21/10/2009:  Environnement : instaurer une planification écologique

 

 

« L’écologie politique a été pour moi un choc intellectuel »

Cela a conduit à abandonner « l’aveuglement » (5’57") de l’ancienne gauche « productiviste ». « Et puis surtout, le problème était l’adoption du standard de vie des riches. Ce que les riches voulaient était donc bon, et donc il en fallait pour tout le monde. Et c’est à ça qu’il faut renoncer. Parce que la richesse est synonyme d’irresponsabilité, dans les modes de consommation. Dans la mesure où elle n’a pas à se poser pas les problèmes de la masse, le problème de la responsabilité qu’elle prend, parce que comme elle pense qu’ils sont peu nombreux, tout va bien pour eux. Je me souviens de la période où on disait, Une Mercedes pour tout le monde’. On voulait dire,Ce que les riches ont, alors tous les autres doivent l’avoir’. On avait un regard a-critique sur la consommation »(6’37").

« L’écologie permet de refonder l’ensemble des paradigmes de la pensée de gauche »

« l’écologie a permis de régler des problèmes théoriques. » En effet, toute l’idée progressiste repose sur l’égalité. Mais c’est une vue de l’esprit, tous les hommes ne sont pas vraiment égaux dans l’état de nature (10’30"). Et donc, tous les régimes égalitaires sont par nature totalitaires, parce qu’ils contraignent l’état de nature.« L’écologie politique clot cette discussion. Pourquoi ? Parce qu’elle dit qu’il n’y a qu’un écosystème compatible avec la vie humaine. Donc tous les êtres humains sont semblables en ceci que si cet écosystème disparaît, ils disparaissent tous en même temps. Donc ils sont bien semblables, et égaux, devant la contrainte de cet écosystème. De là, tout le reste vient, qui se trouve fondé objectivement. Si nous n’avons qu’un seul écosystème qui rend la vie humaine possible et que nous sommes tous semblables, il y a donc un intérêt général humain. L’intérêt général, dont on avait entendu dire pendant des années – et j’ai fait partie de ceux qui disaient ça –‘l’intérêt général est une construction idéologique, intérêt général égale intérêt du capital’. Ben non, pas du tout, il y a un intérêt général humain. S’il y a un intérêt général, comment le connaître ? En en discutant »(10’40").

La discussion permet deux idées fondamentales. Il n’y a pas de vérité révélée : « Un, nous ne sommes jamais dans la certitude » (11’50"). Et deux, « nous sommes plus intelligents à plusieurs qu’à un seul, donc, comment allons-nous trancher ? C’est la démocratie. D’après quelle règle ? Ce qui est bon pour tous. Et qu’est-ce qui est bon pour tous ? Ce qui nous rend davantage égaux et davantage en osmose avec notre écosystème. Et donc au terme, on voit qu’on arrive à avoir refondé l’ensemble des paradigmes organisateurs de la pensée de gauche, le socialisme, l’humanisme, les Lumières, la République, et la démocratie, et nous n’avons rien abandonné en route » (11’54").

« Ensuite je suis passé à un deuxième niveau : y a-t-il une classe écologique ? » (12’50") « Certains sont par rapport à l’environnement dans une situation particulière. Les travailleurs sont en première ligne. C’est eux qui manipulent les produits pourris. La classe de contact avec la catastrophe écologique, c’est la classe ouvrière. » La classe d’intérêt général est la classe ouvrière.

Ainsi, augmenter le SMIC est une mesure écologique, parce que cela permet de mieux soutenir et donc de soutenir une agriculture paysanne.

15’39" « Je m’interdis le mot croissance »

La planification écologique est l’outil maître de la politique environnementale du Front de gauche. Pourquoi ? Parce que « la production aujourd’hui est entièrement commandée par le court terme »(15’57"). Les entreprises doivent rendre des comptes tous les trois mois. « On a besoin de temps long pour faire diverger la machine. La planification, c’est ralentir le temps. »  (16’35").

« Deuxième point : nous ne sommes plus dans la politique de l’offre »(16’48"). Autrement dit, pas question de soutenir aveuglément la production de n’importe quoi. Il s’agit de mener une politique de la demande. Mais en analysant comment elle devient écologiquement responsable et en s’interrogeant sur les besoins, selon « un impératif commun à toutes les réflexions et à toutes les réorganisations de la production et de l’échange, qui serait la règle verte, c’est-à-dire diminuer l’empreinte écologique de la production, et le faire d’une manière sérieuse et méthodique »  (18’08").

Jean-Luc Mélenchon a abandonné le dogme de la croissance : « Le PIB [produit intérieur brut] est un instrument de mesure extrêmement rustique, il n’est pas utile pour ce qu’on a à faire » (19’06"). En fait, il s’agit de « la doxa, c’est la bataille des mots. Quand vous avalez le mot, vous avalez la grammaire avec. Quand vous avalez le mot PIB, vous avalez le mot croissance, et puis vous avalez un mot que vous ne prononcerez jamais, c’est le mot d’irresponsabilité » (19’27").

« Je m’interdis le mot croissance, je disla relance de l’activité’, je ne parle jamais de croissance dans mes discours. Ce n’est pas que la croissance soit un problème, mais je sais très bien ce qu’on met dedans. Et d’ailleurs, la relance de l’activité implique de la décroissance dans certains domaines » (19’48").

Certaines productions devront croître, comme celles des services à la personne, s’occuper des petits, des personnes dans la dépendance, mais d’autres productions devront décroître.

Pour le candidat du Front de gauche, il y a là « une rupture idéologique de fond avec la social-démocratie : nous ne disons pas que nous allons répartir les fruits de la croissance ! La social-démocratie est organiquement liée au productivisme, quand elle dit ça [répartir les fruits de la croissance], puisqu’elle déclare qu’il n’y a de progrès social que dans le cadre du productivisme. Nous, on pense exactement l’inverse, on pense qu’il n’y a de progrès économique que s’il y a du progrès humain et du progrès social » (20’43").

M. Mélenchon reconnaît que le parti communiste n’est pas arrivé au même point que lui : « les communistes ne proposent pas de partager les fruits de la croissance, ils proposent de partager tout », mais « la discussion n’a pas été très avant… Il y a beaucoup de débat au sein du parti communiste ». « Je veux convaincre mes camarades communistes que l’écologie est la réponse aux questions qu’ils se posent, et non pas quelque chose qui nie leurs préoccupations – c’est leur principale crainte » (22’50").

Le candidat critique ensuite vivement la publicité : elle « est un impôt privé : on vous conditionne, et vous payez votre conditionnement » (27’40"). « Il faut arrêter l’orgie » (27’23").

26’33" L’océan est la nouvelle frontière

L’océan est la nouvelle frontière

A propos de la sortie du nucléaire, Jean-Luc Mélenchon « demande qu’on ne soit pas hypocrite : ou bien c’est dangereux, et alors c’est à la première centrale que c’est dangereux, ou bien ça ne l’est pas, et alors on prend d’autres dispositions. Mais le mi-chèvre, mi-chou n’a pas de sens dans un domaine comme celui-ci » (27’40"). Sa position ? « Ma conviction personnelle, qui n’est pas celle du Front : Je suis pour qu’on en sorte »(29’38").

Il précise : quoi qu’il arrive, on aura besoin de la recherche nucléaire, notamment pour les déchets, et donc, « on va continuer la recherche fondamentale » (28’18").

Par ailleurs, Mélenchon veut développer deux nouvelles énergies – dans lesquelles les travailleurs du nucléaire pourraient se reconvertir : la géothermie profonde, « qui commande en amont plein d’autres activités, dans la sidérurgie, dans la chimie, et dans l’organisation du territoire » (30’25"), et l’énergie de la mer : « Quand on a le deuxième territoire maritime au monde, on a peut-être quelque chose à dire sur le sujet »( 31’10").

Le candidat est réservé à propos de l’énergie solaire, en raison de« l’empreinte écologique des panneaux » (31’40").

Et surtout, il considère que « la sortie des énergies carbonées »représente « un défi extraordinaire » (32’58"), qui devra notamment mobiliser des technologies pointues, y compris dans les nanotechnologies.

Il est moins disert sur les économies d’énergie – mais il est vrai que la durée de la discussion était limitée par un agenda très serré -, évoquant seulement « les process de production » (35’20") et « des milliers d’emplois pour la rénovation thermique ». Quant à la hausse inévitable du prix de l’énergie, il préfère botter en touche : « Nous ne sommes pas crédibles si nous venons avec une dimension punitive » (36’00").

Sur l’étalement urbain, Jean-Luc Mélenchon reconnaît que sa réflexion est limitée : « On n’est pas au point sur l’étalement urbain. La question n’est pas traitée en tant que telle dans notre organisation alors que la situation ne peut plus durer, on a atteint des dégâts sans limite » (41’53"). Il faut cependant « combattre l’archétype enfoncé dans la tête depuis quarante ans » (43’58"), dans lequel tout le monde doit être « propriétaire de sa petite maison ».

Jean-Luc Mélenchon conclut dans l’enthousiasme : il faut « retrouver l’audace des pionniers. Ce monde est beau, il est neuf » (45’00). Et il a une nouvelle frontière, l’océan.

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BONUS : "Mes inspirations en Amérique latine" (commence à 46’28")

Les idées qui ont traversé l’océan :

- "Qu’ils s’en aillent tous", vient d’Argentine ;

- Le nom de "Front de Gauche" vient d’Uruguay ;

- "La révolution citoyenne" a été empruntée à l’Equateur ;

- Et "la manière d’affronter le système médiatique" est imitée de ce qu’ont fait les Kirchner, en Argentine.

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Propos recueillis par Hervé Kempf
et - pour le "bonus" - par Eduardo Febbro ;
Prise d’image et réalisation : Eduardo Febbro ;
Réalisation internetienne : Thierry Eraud.

16:59 Publié dans Écologie, Gouvernance | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |