G20 - Un Sarkozy au premier rang d’une Europe en débandade et en haillons… (lundi, 31 octobre 2011)
Il serait temps que les Français se demandent comment leurs dirigeants ont pu les faire tomber si bas
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Ce billet satirique amène des contributions intéressantes dans les 3 commentaires enregistrés
Thierry DESJARDINS - Le G20 de Cannes, le festival de la catastrophe
[…]
Jusqu’à présent les scénarios présentés lors des réunions de ce club étaient à l’eau de rose. Les « Grands », les « puissants » de notre vaste monde se congratulaient, faisaient mine de palabrer, énonçaient un grand nombre de lieux communs, puis, ravis du tas d’or sur lequel ils étaient assis confortablement, se faisaient prendre en photo, sagement alignés comme les élèves d’une petite classe.
Que deux ou trois milliards d’êtres humains de la planète crèvent de faim et n’aient pas accès à l’eau courante, que les pôles se mettent à fondre, que les déserts avancent sur certains continents, que des maladies qu’on croyait éradiquées à tout jamais réapparaissent, les laissait parfaitement indifférents.
Ils parlaient business, cours des changes, prix des matières premières.
Les plus anciens, protecteurs et un brin narquois, donnaient des conseils aux nouveaux venus, les « nouveaux riches », qu’ils avaient bien voulu accueillir parmi eux.
[…]
On ne va plus se congratuler entre amis du même monde. On ne sera plus « entre riches ». Il y aura, d’un côté, les fondateurs du club, « les nouveaux pauvres » et, de l’autre côté, ceux qu’on avait bien voulu coopter par gentillesse et qui sont devenus les véritables patrons, les seuls, triomphants, arrogants, sans pitié, maîtres du monde.
[…].
On imagine déjà le Chinois qui n’a plus sa natte dans le dos regardant l’Américain qui ne pourra plus jouer au cow-boy, l’Indien qui n’a plus rien d’un fakir famélique dévisageant le Français à la baguette de pain rassie, le Brésilien qui ne danse plus la samba face à l’Anglais qui a perdu son chapeau-melon.
[…].
Pour une fois, les riches ont besoin des pauvres. Pour pouvoir continuer à s’enrichir. Tous les commerçants le savent, il faut parfois faire crédit à ses clients pour qu’ils continuent à acheter. Sinon, il n’y a plus qu’à fermer boutique. Mais ils savent aussi qu’à force de faire crédit, on fait faillite. Alors ils prennent des garanties, des hypothèques, voire ils envoient les huissiers saisir l’argenterie et ce qui reste de meubles.
Sarkozy s’imaginait qu’en présidant ce G20 cannois il apparaitrait aux yeux des électeurs de la prochaine présidentielle comme le maître du monde et de l’univers. Au premier rang d’une Europe en débandade et en haillons, avec un pays qui a 1.700 milliards de dettes, 4 millions de chômeurs et une croissance à moins de 1%, il va faire figure devant le Chinois, l’Indien, le Brésilien, le Russe, le Sud-Africain d’un mendigot qui fait la manche, au cours de ce sommet qui symbolisera ce que les historiens appelleront sans doute un jour la fin programmée, après quelques siècles de triomphe, de la suprématie de l’Occident.
Sarkozy n’y est, bien sûr, pas pour grand-chose mais ce n’est pas lui qui remportera la Palme d’or.
3 commentaires
- 31 oct 2011 10:58 1. Patrick-Louis Vincent
Là, je ne suis pas d’accord avec vous, M. Desjardins. Votre analyse est trop caricaturale. Certes, les occidentaux entrent dans une récession à long terme qui va les appauvrir. Mais ce serait une erreur de croire que notre appauvrissement va profiter aux pays émergents. C’est tout le contraire, parce que les peuples d’occident sont les clients des pays émergents, et que, sans client, les entreprises périclitent. C’est ça la mondialisation ou globalisation.
Nous sommes tous dans la même mouise. Et ne croyez pas que la Chine et l’Inde se portent si bien. J’ai déjà dit, sur ce blog, que la Chine connait une bulle immobilière qui n’a rien a envier à celle qui a éclaté aux EU en 2008. Elle éclatera, elle aussi, ou, si elle n’éclate pas, c’est que les dirigeants chinois auront remonté les taux d’intérêts, ce qui raréfiera le crédit et donc ralentira encore plus l’économie. L’Inde est en plus mauvais état encore. Elle connaît une inflation galopante qui annule complètement leur taux de croissance.
- En Chine la croissance est de 9%, mais l’inflation est de 6%. Cela fait une croissance réelle de 3%. C’est mieux que chez nous, certes, mais trois fois moins qu’en 2008.
- En Inde, c’est pire. La croissance sera de 8,5% en 2011 mais l’inflation sera de 9%. Il n’y a donc pas de croissance réelle en Inde. De plus, la croissance de l’agriculture ne sera que de 2%, alors que 2/3 de la population vit encore en milieu rural, et que la population a augmenté de 2% entre 2010 et 2011.
- Au Brésil, c’est pareil. La croissance sera de 4% en 2011, mais l’inflation de 6%.
- En Russie, idem. La croissance sera de 5% et l’inflation de 9%.
Il est donc tout à fait faux de dire qu’il y a des nouveaux pauvres, les occidentaux, et de nouveaux riches, les BRICS. Même en valeur absolue, l’addition des économies des BRICS ne représente que les 2/3 de la seule économie américaine.
Dans les pays que vous voyez en nouveaux riches, la Chine et l’Inde, il y a, dans chacun de ses pays, une centaine de millions de gens ayant un niveau de vie voisin du nôtre, avec ses milliardaires qu’ils n’avaient pas autrefois. Mais, le reste de la population vit souvent dans une extrême pauvreté, bien plus grande que nos pauvres, car sans aucun soutien financier.
Ceci étant dit, pour simplement rétablir les équilibres, tout n’est pas rose pour l’occident.
Les EU et l’Europe sont confronté à la plus grave crise monétaire et financière de leur histoire. C’est pourquoi, au G20, l’on va surtout parler de monnaie et de finance. Les BRICS n’ont aucun intérêt à ce que l’euro et le dollar s’écroulent. D’abord parce qu’ils en ont plein leurs tiroirs, ensuite parce qu’une crise systémique aura des conséquences catastrophiques sur leur propre économie.
C’est pourquoi les BRICS ne joueront pas les gros bras, mais chercheront, dans les années qui viennent, à trouver, par delà les divergences d’intérêts économiques, une solution commune, sur le plan monétaire et financier, avec les occidentaux et, ne l’oublions pas, les pays du Golfe.
- 31 oct 2011 12:11 2. sandrine
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Au delà des chiffres, je pense que le message que Mr Desjardins veut nous faire passer, c’est la honte que nous devrions avoir de nous faire aider par des pays soit-disant en voie de développement.
Sur ce constat, rien à dire, l’argumentaire de Mr Desjardins est juste et accablant pour nous Français, qui prétendons faire la leçon au monde entier. Il serait temps que les Français se demandent comment leurs dirigeants ont pu les faire tomber si bas…
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31 oct 2011 14:01 3. drazig
Bien d’accord avec vous M. Desjardins. Le pire à mon avis est la parfaite dé-considération voire le mépris de tous ses « nouveaux » pays vis à vis de la classe dirigeante de l’Europe. En plus les dirigeants européens entre eux n’ont pas plus de considération; Berlusconi-Sarkozy et vice versa par exemple. Quant à l’Allemagne, j’ai tendance à la considérer comme un pays émergeant qui a réussi: n’a-t-elle intégré l’Allemagne de l’Est misérable pays communiste(pléonasme)? Cet exemple montre-t-il qu’il faut repartir à zéro pour s »en sortir? Je le crois. En tous cas, ça sera dur dur.
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