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mardi, 21 janvier 2014

Trading Haute Fréquence limité à partir de 2016 par directive MiFID II

L’accroissement en volume et vitesse d’ordres de négociations financières, passés sur des plateformes actuellement non règlementées, engendrant opacité et risque systémique : “la directive MiFID II, qui devrait être appliquée d'ici la fin 2016, impose aux sociétés qui ont recours au HTF de mettre en place des «coupe-circuit» pour éviter que l'emballement des transactions ne risque de provoquer des baisses brutales, voire des krachs, sur les marchés financiers. En outre, les algorithmes utilisées seront soumis à une batterie de test et devront être autorisées par les autorités compétentes. Enfin, les ordres et leurs annulations devront être enregistrés pour pouvoir être examinés le cas échéant par les autorités.

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-trading...

http://ec.europa.eu/internal_market/securities/isd/mifid/...

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vendredi, 17 janvier 2014

Le coût du capital est aussi trop cher

Depuis longtemps on a droit à la rengaine du coût du travail en France qui est trop élevé.

On oublie malheureusement bien souvent que le coût du capital au niveau mondial et en France est aussi excessivement cher.

En France, le bipartisme fait qu’on ne peut abaisser que l’un à l’exclusion de l’autre. Et dans les 2 camps on n’est guère à la pointe de l’innovation qu’avec des mots, pour faire du Marketing. Avec des dirigeants loin d’avoir la capacité d’anticiper les tendances du marché, et au contraire, plutôt en train de leur courir après.

Que l’on abaisse l’un ou l’autre, les capacités d’innovation à rythme élevé et ciblé sur des débouchés à haute rentabilité, des élites françaises, restent trop faibles pour espérer un retour de situation spectaculaire et des résultats tangibles avant longtemps.

Méditons avec Rob Enderle, sur les choix et objectifs d’investissement de Michael DELL qui vient de racheter un nombre conséquent d’actions de son entreprise pour en redevenir l’entrepreneur dirigeant, et échapper à la dictature des actionnaires mais aussi  dégraisser son Marketing et ses équipes de vente aux Etats-Unis et en Europe !

Les trois défis de Dell en 2014

Le Monde Informatique du 30/12/2013

http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-les-tro...

Les trois défis de Dell en 2014

Notre confrère d'IDG, Rob Enderle, a eu une grande discussion avec Michael Dell lors de la conférence DellWorld 2013 à Austin.

Les deux hommes se sont notamment entretenus sur les changements qu'allait apporter la privatisation du constructeur texan.

[…]

« Depuis qu'il n'est plus redevable aux actionnaires et aux résultats trimestriels, le constructeur semble se focaliser sur l'innovation et sur le renouvellement de son engagement auprès de ses clients et de ses partenaires. À longs termes, cela devrait faire de Michael Dell un meilleur CEO et de Dell une meilleure entreprise », estime Rob Enderle qui voit le renouveau du constructeur s'axer autour de trois points.

1 - L'innovation : les robots, les scanners et Watson
« J'ai partagé avec Michael Dell ma conviction que les robots, les scanners 3D, les systèmes intelligents et les supraconducteurs sont en concurrence pour devenir les prochaines grandes innovations de l'IT. Google travaille avec acharnement sur les robots, HP sur les imprimantes et les scanners 3D et IBM sur l'intelligence artificielle avec son programme Watson. J'ai demandé à Michael Dell quels étaient ses plans pour faire partie de cette course.
Alors qu'il n'a ni confirmé ni infirmé travailler sur une de ces choses, il a souligné qu'avec la privatisation, Dell allait gagner 1 milliard de dollars supplémentaire chaque année. Cet argent sera consacré au rachat de la dette et à de gros paris sur l'avenir, incluant ou non les technologies mentionnées plus haut. Depuis que Dell fait office de référence sur la manière de racheter des sociétés, l'acquisition d'entreprises déjà avancées dans certains secteurs est une possibilité clairement envisagée.
Dell est maintenant libre de créer une nouvelle vague et le dirigeant semble heureux de pouvoir anticiper les tendances du marché plutôt que de courir après
».

2 - Garder des clients heureux est plus facile sans actionnaires
« Les gens ne se rendent pas compte que le CEO d'une société cotée est là pour équilibrer ses intérêts au sein d'un certain nombre de clients importants. Cela inclut principalement de répondre aux demandes des actionnaires qui exigent toujours des dividendes plus élevés. Le CEO ne se préoccupe pas franchement de la satisfaction du client, des employés ou de la pérennité de l'entreprise. C'est ainsi que Mark Hurd obtenait de très bons résultats en tant que CEO d'HP même si l'entreprise était paralysée. De plus, la rémunération des CEO est souvent liée au cours de l'action, cela les pousse à faire des choses stupides pour assurer la rentabilité de l'entreprise. En privatisant sa société éponyme, Michael Dell n'a plus qu'à se soucier de la satisfaction des clients et de ses partenaires. Et même s'il existe une légère tension entre ces deux groupes, elle est moindre que celles créée par les investisseurs. En conséquences, je reçois beaucoup moins de plaintes sur Dell, ses clients ont l'air beaucoup plus heureux.
Certes, cette sympathie est en partie due au désamour des anciens clients de Sun chez Oracle qui fait bonne presse aux  concurrents mais le focus de Dell sur les clients n'est pas passé inaperçu. De plus, cela arrive avant que les grands changements apportés par la privatisation soient mis en place. Le constructeur veut ainsi transformer ses partenariats en avantages concurrentiels.
Alors que la plupart de ses concurrents s'attaquent à chaque opportunité du marché, aussi petite soit-elle, Dell compte prendre certaines précautions dans ce combat. Cela est principalement vrai au niveau des services web. Sur ce secteur, l'entreprise texane compte adopter une stratégie qui la différencie des autres firmes.
Plutôt que de les considérer comme des concurrents potentiels et d'entrer en guerre avec elles, Dell traite les sociétés de services web comme des clients lambdas, ce qui semble porter ses fruits : elles favorisent Dell pour leurs serveurs. Il est vrai que les sociétés n'aiment pas acheter du matériel à leurs concurrents. Cela donne à Dell un net avantage concurrentiel, du moins en ce qui concerne les entreprises qui comme lui font à la fois des serveurs et des services web.
Certaines sociétés de services web étaient d'ailleurs prêtes à développer leurs propres solutions matérielles. Suite à son changement de politique, Dell peut leur offrir une meilleure alternative en leur apportant des services et de l'expérience. Elles obtiennent ainsi un résultat plus fiable avec un coût de possession moindre
».

3 - Être CEO d'une entreprise non cotée est beaucoup plus facile
« J'ai remarqué que les CEO des entreprises cotées, ont tendance à faire trois choses : se surmener (Steve Jobs), se concentrer uniquement sur le cours de l'action et nuire à l'entreprise (Mark Hurd), ou prendre le poste pour acquis et seulement en collecter les avantages (Carly Fiorina chez HP).
Ces exemples sont extrêmes mais souvent vous trouverez un mélange de ces trois défauts chez la plupart des chefs d'entreprises cotées. En tant que fondateur, Michael Dell ne devrait pas être tenté par les deux derniers problèmes énoncés. De plus, le surmenage et l'obsession du cours de l'action sont souvent propres aux entreprises cotées.
Le plus grand avantage d'une entreprise non cotée est qu'elle permet à son CEO de réfléchir aux moyens de faire progresser l'entreprise et d'être un meilleur gestionnaire. L'amélioration des relations avec les clients et les partenaires ou des produits plus innovants ne sont pas les seules promesses de la privatisation de Dell. Le résultat final est surtout une direction beaucoup plus forte et donc un constructeur, lui aussi renforcé
. »

À propos de Rob Enderle

Rob Enderle est président et analyste principal du groupe Enderle. Il était auparavant, directeur de recherche pour Giga Information Group et Forrester Research. Il a également travaillé pour IBM aussi bien dans l'audit interne, l'analyse concurrentielle, le marketing, la finance et la sécurité. Actuellement, Rob Enderle écrit sur les nouvelles technologies, la sécurité et Linux pour différentes publications et apparaît dans des émissions de télévision américaines sur CNBC, FOX, Bloomberg et NPR.

14:37 Publié dans Capital et Travail, Gouvernance, Innovation | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

vendredi, 22 novembre 2013

Les rois-dragons contre les cygnes-noirs.

Une théorie scientifique capable de mesurer les instabilités internes d’un système complexe avant une “catastrophe”, et d’en tirer des prédictions qui devrait permettre– au moins en l’absence d’autres perturbations extérieures -  d’éviter les pertes de contrôles qui se produisent quand on a affaire à des mécanismes de rétroactions positives (1) qui se cumulent et s’amplifient de manière exponentielle voire super exponentielle, comme les bulles financières.

  • Si un un jour elle est entreprise, l’étude du système BITCOIN selon cet axe théorique, pourrait s’avérer extrêmement féconde.
  • On peut se demander aussi si ce genre d’études pourrait améliorer la stabilité des centrales nucléaires ? Dans ce dernier cas ce n’est pas seulement le système limité à la centrale qu’il conviendrait d’étudier mais la centrale et toutes les perturbations de son environnement.

En espérant que les extrapolations du couplage de 2 systèmes oscillants puissent s’élargir à des cas moins bien formalisés…

Références

Internet ACTU.net : La quête des rois dragons
WIRED : Using Chaos Theory to predict and prevent catastrophics  “Dragon Kings” events
DUKE Physics – Publications et collaboration 2013, du Dan GAUTHIER Group
   L’article publié par le l’équipe de SORNETTE :
                  Predictability and Suppression of extreme events in a chaotic system 
   Didier SORNETTE 2009 : Dragon-Kings, Black Swans and the Prediction of Crises
   Ce qu’en dit SLATE.fr
                  Cet homme peut prévoir les krachs boursiers. Et si les financiers l’écoutaient enfin ?
   Ce qu’en dit MIT Technology Review :
                  How Dragon Kings Could Trump Black Swans
ETH ZURICH D-METC : Chaire des risques entrepreneuriaux
American Physical Society : Viewpoint – How to control your Dragons ?   (lois de puissance (2))

Glossaire

(1) rétroaction positive ou négative : en automatique, désigne un mécanisme de contrôle d’une machine ou d’un processus automatique plus complexe. Une rétrocession négative met en œuvre un mécanisme itératif qui analyse la divergence d’une mesure par rapport à une valeur nominale fixée par un opérateur, et qui opère sur les commandes de la machine ou du processus pour ramener cet écart à zéro. Les rétroactions négatives sont donc mise en place par l’homme dès la conception de la machine ou du processus. A l’inverse une rétroaction positive est une boucle d’interaction qui produit une divergence sur les mesures en les écartant de plus en plus de la valeur nominale souhaitée par l’opérateur. Les commandes de l’opérateur deviennent inefficace, il perd de façon inéluctable le contrôle de sa machine et le processus se termine de façon chaotique par une catastrophe.

(2) Power low : A power law is a mathematical relationship between two quantities. When the frequency of an event varies as a power of some attribute of that event (e.g. its size), the frequency is said to follow a power law.
For instance, the number of cities having a certain population size is found to vary as a power of the size of the population, and hence follows a power law.
There is evidence that the distributions of a wide variety of physical, biological, and man-made phenomena follow a power law, including the sizes of earthquakes, craters on the moon and of solar flares, the foraging pattern of various species, the sizes of activity patterns of neuronal populations, the frequencies of words in most languages, frequencies of family names, the species richness in clades of organisms, the sizes of power outages and wars, and many other quantities.

jeudi, 17 octobre 2013

Brillant et fougueux commentaire de Nicolas Colin sur l’innovation

Brillant et fougueux commentaire de Nicolas Colin sur l’innovation
http://colin-verdier.com/les-fossoyeurs-de-l-innovation/

Peut-être la valeur pédagogique du billet reproduit ci-dessous, donnera-t-elle envie aux modestes et simples citoyens que nous sommes de réfléchir aux façons réellement pragmatiques de bâtir ensemble un avenir moins morne que celui dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps.

Les fossoyeurs de l’innovation

http://colin-verdier.com/les-fossoyeurs-de-l-innovation/...

Publié le 15 octobre 2013 par Nicolas Colin

Tout commence comme une sorte de message à caractère informatif. Un collaborateur vient voir le patron d’Orange et lui présente une idée dont il n’est pas peu fier : « Patron, comme nous sommes à la fois une entreprise de média et une entreprise innovante, nous pourrions consacrer une émission de télévision sur notre chaîne Orange Innovation TV aux grands patrons qui innovent dans les grandes entreprises. Ca consisterait à interviewer des dirigeants hyper-innovants et à mettre en valeur leurs innovations par rapport à celles des startups, qui nous donnent beaucoup de leçons mais dont on ne voit pas beaucoup les résultats. D’ailleurs on a déjà trouvé le titre, ça s’appellerait Les décideurs de l’innovation. On a mis au point un super générique à la Top Gun. »

Video http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&...

Ravi, le patron d’Orange soutient cette idée : « Mon vieux, votre idée est géniale. Je fais banco, vous avez ma carte blanche. J’ai d’ailleurs quelques idées pour les premiers invités, regardons ensemble mon carnet d’adresses pour voir à qui je dois rendre service. »

Video http://www.youtube.com/watch?v=Ps7r26EgdAc&feature=pl...

Parmi ces premiers invités figure justement Nicolas Rousselet, patron des taxis G7 (qui n’opèrent pas que des taxis d’ailleurs, mais aussi une activité de location de voitures, des activités de logistique, de stockage, etc.). Qu’il soit un invité d’une émission aussi audacieuse et disruptive que Les décideurs de l’innovation est un paradoxe : après tout, il est aujourd’hui engagé dans un vaste effort de lobbying pour contrer l’innovation dans le transport individuel de personnes en ville, dans des conditions abondamment détaillées ICIou LA. Quoiqu’il en soit, dans une récente et exceptionnelle édition des Décideurs de l’innovation, Nicolas Rousselet nous expose sa vision de l’innovation.

Video (devenue privée semble-t-il ) http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&...

Video de remplacement : https://www.decideurstv.com/video/nicolas-rousselet-group...

Et à ce point du billet, mieux vaut en finir avec l’ironie : l’innovation vue par Nicolas Rousselet mérite qu’on s’y attarde tant est elle est dérisoire et erronée à peu près du début à la fin. Voici quelques extraits et mes commentaires :

  • « l’innovation prend deux formes : l’innovation technologique, technique et l’innovation en termes de services, de nouveaux services » (1’50″) – eh bien non, à l’âge entrepreneurial, l’innovation ne prend qu’une seule forme, celle d’une offre nouvelle amorcée et valorisée sur un marché de masse grâce à la mise au point d’un nouveau modèle d’affaires. Les progrès technologiques sans changement de modèle d’affaires ni traction auprès de la multitude s’appellent simplement des gains de productivité… et se commoditisent en un clin d’oeil, sans permettre à l’entreprise de se différencier ;

  • « pour les GPS, tout ça, là on est vraiment à la pointe, ça fait très longtemps qu’on géolocalise tous nos taxis » (3’05″) – non non, si ça fait longtemps qu’on fait quelque chose, alors on n’est pas vraiment à la pointe. Ces derniers temps, les choses changent vite en matière de géolocalisation et de services associés ;

  • « rapprocher le client du taxi, du chauffeur, nécessite de la haute technologie » (3’18″) – pas du tout, ça nécessite tout au plus de l’amabilité de la part du chauffeur et, éventuellement, une application mobile, qui est quasiment à la portée du premier venu d’un point de vue technologique. Bien sûr, ça peut aussi nécessiter de l’innovation, c’est-à-dire un changement du modèle d’affaires : on rapproche d’autant mieux les taxis des clients qu’on fait alliance avec ces derniers, qu’ils sont ainsi incités à être actifs et donc producteurs de données. Cela, ça suppose de la confiance et ça se valorise d’autant mieux que les clients sont nombreux, bien au-delà de la clientèle premium (j’y reviendrai) ;

  • « chaque filiale dans le groupe est gérée de manière autonome, indépendante, par un manager intéressé sur ses résultats » (4’12″) – ce qui est précisément la caractéristique des entreprises non innovantes. L’innovation consiste à combiner de façon différente les composantes de l’activité de l’entreprise, quitte à ce que certaines déclinent si c’est le prix à payer pour le développement de l’entreprise tout entière. Un manager de filiale intéressé sur ses résultats fera tout pour tuer l’innovation dans sa filiale comme dans l’entreprise en général, de façon à protéger sa rente. C’est pourquoi – si du moins l’objectif est d’innover – un manager de filiale ne peut être intéressé au mieux qu’aux résultats de l’ensemble du groupe. Steve Jobs, traumatisé par sa lecture de The Innovator’s Dilemma, l’avait bien compris et mis en pratique depuis longtemps chez Apple, notamment avec la notion de unified P&L ;

  • « nous avons gagné le prix de l’innovation 2010 de la chambre professionnelle du self-stockage » (5’00″) – c’est bien pratique de se créer ses petits prix de l’innovation maison pour faire croire au monde extérieur qu’on est innovant. Mais non, ça ne prend pas. L’innovation, à l’âge de la multitude, ça se mesure aux rendements d’échelle exponentiels et aux positions dominantes sur des marchés globaux. Aucune autre innovation ne contribue de manière significative au développement de l’économie française. Au contraire, le renforcement des situations de rente contribue de manière décisive à la stagnation du revenu par tête et à l’aggravation des inégalités;

  • « on gère les taxis depuis pas loin de vingt ans de manière totalement numérique, avec le GPS » (6’50″) – si les taxis étaient gérés de manière totalement numérique, ils ne s’en tiendraient pas au GPS et auraient inventé Uber avant Uber. Souvenez-vous de cette citation fameuse de The Social Network sur les frères Winklevoss ;

Vidéo http://www.youtube.com/watch?v=ROS0B2q96Xo&feature=pl...

  • « nos chauffeurs de taxi sont tous des indépendants. C’est un vrai partenariat, où la qualité de service est un leitmotiv » (8’00″) – des forums entiers sur la mauvaise expérience des taxis parisiens vécue par les touristes étrangers et les Parisiens eux-mêmes témoignent du contraire – ce qui prouve, par ailleurs, que le fait que les chauffeurs de taxi soient tous indépendants n’est pas forcément la meilleure formule pour assurer une qualité de service maximale. Comme le triomphe d’Apple nous l’a amplement démontré depuis 10 ans, l’unification de l’expérience utilisateur (ou une plateforme bien conçue, comme Amazon) sont les meilleures options pour garantir une qualité de service élevée ;

  • « on a lancé en décembre 2011 le club affaires premium, et là on a même un iPad mis à disposition, on a de l’eau, on a des lingettes » (8’10″) – nous sommes tous très impressionnés, mais il n’y a pas beaucoup d’innovation dans le fait d’enrichir l’offre de service pour les seuls clients qui paient très cher leur abonnement affaires premium. La fuite vers le premium – et le délaissement corrélatif des marchés de masse – est l’un des phénomènes qui détourne les entreprises françaises de l’innovation à l’âge de la multitude – et il y a bien d’autres exemples que les taxis G7. C’est heureux que Nicolas Rousselet assume sans fard qu’il ne s’agit que de fournir aux clients que quelques lingettes et bouteilles d’eau en plus : nous sommes décidément très loin de l’innovation ;

  • « on voit que ça ne roule pas très bien, il y a des gros progrès à faire pour améliorer les conditions de circulation dans Paris » (8’40″) – précisément, on ne roule pas bien dans Paris parce que trop de gens, insatisfaits du fonctionnement des transports en commun et ne pouvant s’offrir les services Affaires Premium Excellence Platine des taxis G7, choisissent de prendre leur véhicule personnel pour leurs déplacements en ville. Le développement des nouveaux modèles d’affaires autour de l’automobile en ville (auto-partage, VTC, etc.) vise en partie à dissuader les individus de prendre leur voiture et peut donc se traduire, à terme, par une décongestion de la circulation à Paris. Que les taxis G7 trouvent que les conditions actuelles sont mauvaises pour les affaires est un comble : d’abord les mauvaises conditions de circulation leur permettent de plus faire tourner le compteur (les taxis ont tout leur temps, ce sont les clients qui sont pressés) ; ensuite, les barrières réglementaires qu’ils défendent à toute force sont précisément la raison pour laquelle il est impossible d’améliorer les conditions de circulation dans cette ville de plus en plus difficile à vivre.

Bref, comme le résume si brillamment ce journaliste particulièrement dur en interview, avec les taxis G7, « ça roule pour l’innovation ». J’ajouterai deux choses sur Nicolas Rousselet et les conditions réglementaires de l’innovation dans les transports urbains :

  • « il faut que les VTC restent sur le métier pour lesquels ils ont été créés » déclarait-il au mois de juillet, cité par un article du Figaro. Wrong again : encore une fois, quand il s’agit d’innovation, l’objectif est précisément de faire bouger les lignes qui séparent les différentes activités et d’en faire la synthèse dans un nouveau modèle d’affaires, centrée autour de l’utilisateur – condition de l’alliance avec la multitude. Le déploiement d’une offre de qualité à très grande échelle est l’objectif stratégique à l’âge entrepreneurial et le seul coeur de métier des startups innovantes, comme nous le rappellent Steve Blank et Paul Graham. Ca n’a aucun sens, dans un monde où la technologie évolue en permanence et où la multitude révèle sans cesse de nouveaux besoins, de demander à une entreprise de rester sur le métier pour lequel elle a été initialement créée. On peut le faire bien sûr, mais il faut assumer alors qu’on renonce à l’innovation – moteur du développement économique, facteur de création d’emplois et de réduction des inégalités et, accessoirement, contribution décisive à l’amélioration du quotidien des consommateurs ;

  • on apprend aujourd’hui, dans un article du Monde, que « le délai de 15 minutes [entre la commande d'un VTC et la prise en charge] s’appliquera à tous les clients des VTC, hormis les hôtels haut de gamme et les salons professionnels ». Belle victoire de lobbying, en tous points contraire à l’intérêt général, et stupéfiante si l’on songe qu’elle a été consentie par un gouvernement de gauche. Si l’on résume la situation, les riches clients du Royal Monceau et les VIP du salon de l’automobile seront servis sans attendre ; par contre, les moins riches attendront ou prendront le bus et les entrepreneurs innovants seront noyés dans la baignoire. (Rappelons encore une fois que l’innovation de rupture arrive toujours ou presque par les activités à faibles marges sur les marchés à faible marge. Si l’on restreint les offres innovantes aux seuls clients premium, il n’y a pas la masse critique pour imposer une innovation de rupture.)

L’innovation meurt d’être mal comprise. Il n’y a pas meilleur contrepoint à la vision de Nicolas Rousselet que les rappels ci-après sur ce qu’est l’innovation, pourquoi elle est importante et comment la favoriser.

L’innovation ne peut pas prospérer en présence de verrous qui rigidifient l’économie et protègent les positions existantes. La seule existence de ces verrous, notamment législatifs et réglementaires, dissuade toute allocation du capital à des activités qui font bouger les lignes dans les secteurs concernés. Quel intérêt d’investir dans une entreprise innovante se développant en France dans le secteur des VTC, puisque le rendement sur capital investi sera dégradé voire annulé par le verrou réglementaire qui protège la rente des taxis ? Il est beaucoup plus rentable d’allouer du capital à une entreprise américaine qui, elle, va triompher des obstacles réglementaires et conquérir un immense marché.

Dans ces conditions, les entreprises américaines prospèrent, tandis que les françaises sont littéralement empêchées de naître. Et lorsque les utilisateurs français (ou les touristes) n’en pourront plus de la mauvaise qualité du service de transport individuel de personnes à Paris et qu’ils obtiendront enfin l’abaissement de la barrière réglementaire, seules les entreprises américaines auront la qualité de service et l’infrastructure nécessaires pour prendre le marché français. (De même que quand la chronologie des médias sera enfin adaptée aux nouveaux modes de consommation des contenus cinématographiques et audiovisuels en ligne, seule Netflix, pas Canal+, sera en mesure de se déployer auprès des utilisateurs français).

Dans un cadre juridique hostile à l’innovation, on voit bien qu’une politique publique de soutien financier à l’innovation est vaine. On peut allouer tout l’argent qu’on veut à OSEO, à BPI France, à la sanctuarisation du CIR et du statut de jeune entreprise innovante, les entreprises ainsi financées ne parviennent pas à lever du capital puisque les gestionnaires de fonds identifient parfaitement les barrières juridiques à l’entrée sur les différents marchés et en déduisent qu’un investissement dans les entreprises concernées ne pourra jamais être rentable. En présence de verrous juridiques protégeant la rente des entreprises en place, l’argent public dépensé pour soutenir l’innovation est comme de l’eau froide qu’on verserait sur une plaque chauffée à blanc : elle s’évapore instantanément.

Le problème serait circonscrit si de tels verrous législatifs n’existaient que pour les VTC. Mais, loin de se cantonner à un seul secteur, ils se multiplient. Les industries créatives sont déjà affectées depuis longtemps par les entraves à l’innovation. Les hôteliers déploient un lobbying à grande échelle pour que la loi soit durcie et les protège sur trois fronts : celui des intermédiaires déjà en place sur le marché de la réservation de chambres d’hôtels ; celui de Google, qui rentre sur ce marché avec Hotel Finder ; celui d’AirBnB, qui intensifie la concurrence sur le marché de l’hébergement en faisant arriver sur le marché les chambres et habitations mises sur le marché par les particuliers. Les libraires semblent en passe d’obtenir une interdiction de livrer gratuitement à domicile les livres commandés via les applications de vente à distance. Bref, à mesure que le numérique dévore le monde, les incendies se déclarent un peu partout et la réponse est toujours la même : on érige une barrière réglementaire qui dissuade l’allocation de capital à des activités innovantes et empêche donc à terme l’émergence de champions français dans ces secteurs.

Sur tous ces dossiers, nous payons très cher l’inexistence d’un lobby français de l’innovation. Il n’est pas du tout évident qu’un tel lobby puisse exister. Aux Etats-Unis, il s’est constitué et il déploie sa puissance en raison d’une double anomalie : les entreprises ont le droit de financer les campagnes électorales ; et les entreprises les plus riches, dont la capitalisation boursière est la plus élevée, sont aussi les plus innovantes. Au lobbying de ces entreprises s’ajoute celui d’une organisation, la National Venture Capital Association, qui défend les intérêts des fonds de capital-risque, y compris contre les intérêts du private equity, des banques d’affaires et des banques de dépôt.

Il n’existe rien de tel chez nous : aucune de nos plus grande entreprises n’est une entreprise innovante, une valeur de croissance comme le sont les géants californiens du numérique ; nos fonds de capital-risque sont rares, dispersés, dilués sur le front institutionnel dans l’Association française du capital investissement ; enfin, les entrepreneurs innovants comme les gestionnaires de fonds de capital-risque sont largement méconnus ou ignorés par les hauts fonctionnaires de la direction générale du Trésor, les membres des cabinets ministériels et, évidemment, les parlementaires.

Il ne peut exister qu’une seule politique publique de l’innovation. Son motif est que l’innovation est le principal facteur de la croissance et moteur du développement économique. Sa règle cardinale est que toutes les décisions de politique publique, sans exception, doivent être prises dans un sens favorable à l’innovation : en matière de financement de l’économie ; en matière de réglementation sectorielle ; en matière de fiscalité et de protection sociale. Aucune autre politique publique que celle-là ne peut être favorable à l’innovation.

Si les exceptions se multiplient, si l’innovation n’est plus qu’une priorité parmi d’autres, si l’on n’abaisse pas les barrières réglementaires à l’innovation de modèle d’affaires, alors notre destin est scellé : notre économie sera bientôt tenue exclusivement par des gens qui, bien qu’ils se prétendent décideurs de l’innovation, en sont en réalité les fossoyeurs.

Nicolas Rousselet, les taxis G7 et tous ceux qui les soutiennent au Parlement ou dans l’administration ne sont qu’un avant-goût de ce sombre avenir : bientôt, notre économie ressemblera à celle de ces pays du Tiers-Monde où l’homme le plus riche du pays, par ailleurs frère ou beau-frère du chef de l’Etat, a fait une immense fortune grâce à un monopole mal acquis sur l’importation des Mercedes d’occasion. Dans une telle configuration, on a tout gagné : des distorsions de marché, l’atrophie de la production locale, une valeur ajoutée réduite à néant, une croissance au ralenti et des inégalités de plus en plus insupportables.

Est-ce cela que nous voulons ? Et sinon, qu’attendons-nous pour agir ?

Le journalisme sans peur et sans reproches

Pierre Omidar, milliardaire franco-américain d’origine iranienne, fondateur d’eBay, lance un média d’investigation en partenariat avec Glenn Greewald jusqu’ici au Guardian et connu pour avoir posté les révélation de Edward Snowden sur la NSA

250 millions de dollars d’investissement initial !

Après le Washington Post et Jeff Bezos, voici donc un nouveau projet financé par un richissime entrepreneur de l’ère numérique.

Un changement de garde dans l’univers des médias également perceptible en France avec l’entrée de Xavier Niel, le fondateur de Free, dans le capital du Monde.

« Pourquoi Pierre Omidyar fait-il cela ? Il explique que son implication dans Civil Beat (le site qu’il a lancé à Hawaï) lui a ouvert l’appétit pour faire des choses plus grandes dans l’information. “J’ai toujours été d’avis qu’un bon format de journalisme était un ingrédient indispensable pour la démocratie.”

Il a indiqué qu’il avait assisté au cours des quinze dernières années à l’effondrement du modèle économique de la presse, mais n’avait pas trouvé de moyen de s’y impliquer. Lorsque la reprise du Washington Post s’est présentée, il s’est remis à y penser sérieusement.

“C’est un moyen de réunir mes intérêts dans l’engagement civique, dans le fait de développer le débat, et bien sûr dans la technologie de manière créative.” »

http://www.rue89.com/2013/10/16/milliardaire-franco-ameri...

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