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lundi, 31 octobre 2011

G20 - Un Sarkozy au premier rang d’une Europe en débandade et en haillons…

Il serait temps que les Français se demandent comment leurs dirigeants ont pu les faire tomber si bas

3 Commentaires – Les suivants sur :
http://www.thierry-desjardins.fr/2011/10/le-g20-a-cannes-...

Ce billet satirique amène des contributions intéressantes dans les 3 commentaires enregistrés

Thierry DESJARDINS - Le G20 de Cannes, le festival de la catastrophe

[…]

Jusqu’à présent les scénarios présentés lors des réunions de ce club étaient à l’eau de rose. Les « Grands », les « puissants » de notre vaste monde se congratulaient, faisaient mine de palabrer, énonçaient un grand nombre de lieux communs, puis, ravis du tas d’or sur lequel ils étaient assis confortablement, se faisaient prendre en photo, sagement alignés comme les élèves d’une petite classe.

Que deux ou trois milliards d’êtres humains de la planète crèvent de faim et n’aient pas accès à l’eau courante, que les pôles se mettent à fondre, que les déserts avancent sur certains continents, que des maladies qu’on croyait éradiquées à tout jamais réapparaissent, les laissait parfaitement indifférents.
Ils parlaient business, cours des changes, prix des matières premières.
Les plus anciens, protecteurs et un brin narquois, donnaient des conseils aux nouveaux venus, les « nouveaux riches », qu’ils avaient bien voulu accueillir parmi eux.

[…]

On ne va plus se congratuler entre amis du même monde. On ne sera plus « entre riches ». Il y aura, d’un côté, les fondateurs du club, « les nouveaux pauvres » et, de l’autre côté, ceux qu’on avait bien voulu coopter par gentillesse et qui sont devenus les véritables patrons, les seuls, triomphants, arrogants, sans pitié, maîtres du monde.

[…].

On imagine déjà le Chinois qui n’a plus sa natte dans le dos regardant l’Américain qui ne pourra plus jouer au cow-boy, l’Indien qui n’a plus rien d’un fakir famélique dévisageant le Français à la baguette de pain rassie, le Brésilien qui ne danse plus la samba face à l’Anglais qui a perdu son chapeau-melon.

[…].

Pour une fois, les riches ont besoin des pauvres. Pour pouvoir continuer à s’enrichir. Tous les commerçants le savent, il faut parfois faire crédit à ses clients pour qu’ils continuent à acheter. Sinon, il n’y a plus qu’à fermer boutique. Mais ils savent aussi qu’à force de faire crédit, on fait faillite. Alors ils prennent des garanties, des hypothèques, voire ils envoient les huissiers saisir l’argenterie et ce qui reste de meubles.

Sarkozy s’imaginait qu’en présidant ce G20 cannois il apparaitrait aux yeux des électeurs de la prochaine présidentielle comme le maître du monde et de l’univers. Au premier rang d’une Europe en débandade et en haillons, avec un pays qui a 1.700 milliards de dettes, 4 millions de chômeurs et une croissance à moins de 1%, il va faire figure devant le Chinois, l’Indien, le Brésilien, le Russe, le Sud-Africain d’un mendigot qui fait la manche, au cours de ce sommet qui symbolisera ce que les historiens appelleront sans doute un jour la fin programmée, après quelques siècles de triomphe, de la suprématie de l’Occident.

Sarkozy n’y est, bien sûr, pas pour grand-chose mais ce n’est pas lui qui remportera la Palme d’or.

3 commentaires
  • 31 oct 2011 10:58 1. Patrick-Louis Vincent

Là, je ne suis pas d’accord avec vous, M. Desjardins. Votre analyse est trop caricaturale. Certes, les occidentaux entrent dans une récession à long terme qui va les appauvrir. Mais ce serait une erreur de croire que notre appauvrissement va profiter aux pays émergents. C’est tout le contraire, parce que les peuples d’occident sont les clients des pays émergents, et que, sans client, les entreprises périclitent. C’est ça la mondialisation ou globalisation.

Nous sommes tous dans la même mouise. Et ne croyez pas que la Chine et l’Inde se portent si bien. J’ai déjà dit, sur ce blog, que la Chine connait une bulle immobilière qui n’a rien a envier à celle qui a éclaté aux EU en 2008. Elle éclatera, elle aussi, ou, si elle n’éclate pas, c’est que les dirigeants chinois auront remonté les taux d’intérêts, ce qui raréfiera le crédit et donc ralentira encore plus l’économie. L’Inde est en plus mauvais état encore. Elle connaît une inflation galopante qui annule complètement leur taux de croissance.

  • En Chine la croissance est de 9%, mais l’inflation est de 6%. Cela fait une croissance réelle de 3%. C’est mieux que chez nous, certes, mais trois fois moins qu’en 2008.
  • En Inde, c’est pire. La croissance sera de 8,5% en 2011 mais l’inflation sera de 9%. Il n’y a donc pas de croissance réelle en Inde. De plus, la croissance de l’agriculture ne sera que de 2%, alors que 2/3 de la population vit encore en milieu rural, et que la population a augmenté de 2% entre 2010 et 2011.
  • Au Brésil, c’est pareil. La croissance sera de 4% en 2011, mais l’inflation de 6%.
  • En Russie, idem. La croissance sera de 5% et l’inflation de 9%.

Il est donc tout à fait faux de dire qu’il y a des nouveaux pauvres, les occidentaux, et de nouveaux riches, les BRICS. Même en valeur absolue, l’addition des économies des BRICS ne représente que les 2/3 de la seule économie américaine.

Dans les pays que vous voyez en nouveaux riches, la Chine et l’Inde, il y a, dans chacun de ses pays, une centaine de millions de gens ayant un niveau de vie voisin du nôtre, avec ses milliardaires qu’ils n’avaient pas autrefois. Mais, le reste de la population vit souvent dans une extrême pauvreté, bien plus grande que nos pauvres, car sans aucun soutien financier.

Ceci étant dit, pour simplement rétablir les équilibres, tout n’est pas rose pour l’occident.

Les EU et l’Europe sont confronté à la plus grave crise monétaire et financière de leur histoire. C’est pourquoi, au G20, l’on va surtout parler de monnaie et de finance. Les BRICS n’ont aucun intérêt à ce que l’euro et le dollar s’écroulent. D’abord parce qu’ils en ont plein leurs tiroirs, ensuite parce qu’une crise systémique aura des conséquences catastrophiques sur leur propre économie.

C’est pourquoi les BRICS ne joueront pas les gros bras, mais chercheront, dans les années qui viennent, à trouver, par delà les divergences d’intérêts économiques, une solution commune, sur le plan monétaire et financier, avec les occidentaux et, ne l’oublions pas, les pays du Golfe.

    • 31 oct 2011 12:11 2. sandrine
  • Au delà des chiffres, je pense que le message que Mr Desjardins veut nous faire passer, c’est la honte que nous devrions avoir de nous faire aider par des pays soit-disant en voie de développement.

    Sur ce constat, rien à dire, l’argumentaire de Mr Desjardins est juste et accablant pour nous Français, qui prétendons faire la leçon au monde entier. Il serait temps que les Français se demandent comment leurs dirigeants ont pu les faire tomber si bas

  • 31 oct 2011 14:01 3. drazig

    Bien d’accord avec vous M. Desjardins. Le pire à mon avis est la parfaite dé-considération voire le mépris de tous ses « nouveaux » pays vis à vis de la classe dirigeante de l’Europe. En plus les dirigeants européens entre eux n’ont pas plus de considération; Berlusconi-Sarkozy et vice versa par exemple. Quant à l’Allemagne, j’ai tendance à la considérer comme un pays émergeant qui a réussi: n’a-t-elle intégré l’Allemagne de l’Est misérable pays communiste(pléonasme)? Cet exemple montre-t-il qu’il faut repartir à zéro pour s »en sortir? Je le crois. En tous cas, ça sera dur dur.

14:27 Publié dans Gouvernance, Rapports de force | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

vendredi, 28 octobre 2011

Sarkozy : Bon dans le ton – Quelques vérités énoncées encore plus d’omises – Des contre-vérités soulignées ci-dessous

Sarkozy n'a pas tenu le discours de vérité que les français aurait pu entendre. Dans la forme, il a été pédagogue; sur le fond il a présenté un panorama volontairement incomplet de la situation, il va en résulter un sentiment général bien clair : il a bien pris de décisions, mais il a bien brouillé les cartes et nous a beaucoup enfumé pour rien ! Enfin si ! des motivations purement électoralistes malsaines, !

Le premier billet pointe les faits erronés cités pendant la conférence. Le deuxième conteste les attaques faites contre l’opposition ou les arguments utilisés pour plaider plus d’austérité.

Pendant ce temps, la véritable gestation de ce qui se prépare ? Aucune illusion à avoir !

  • Enfin, le déficit des comptes sociaux ne sera bientôt plus financé par l’emprunt mais par nos poches via la TVA (et pour faire semblant d’être “juste” et ne pas toucher que les revenus du travail, un peu par la CSG j’imagine !).
  • Hélas, ça se fait sans aucun aucune volonté stratégique et il est bien dommage que ça se fasse, envers et contre tout, sans la croissance que Sarkozy devait allait chercher avec les dents.

Sur cette gestation :  http://www.avocatfiscaliste-paris.fr/archive/2011/10/28/d...

Blog Démystifier la finance – Éthiques et Marchés : Les contre-vérités présidentielles sont-elles volontaires?

http://finance.blog.lemonde.fr/2011/10/27/les-contre-veri...

Il y avait dans la conférence de presse du Président Sarkozy plus de substance que d'habitude. L'admission de la nécessite d'une vraie austérité et d'un surendettement de la France n'était pas facile d'autant plus qu'il refusait d'admettre qu'il est responsable d'une hausse de l'endettement d'environ 500 milliards d'euros soit près de 50%. S'il a admis avec sobriété la gravité de la situation il n'a pas accepté les conséquences de ce diagnostic et s'est dérobé aux questions des journaliste qui ont-en vain- essayé d'extraire des décisions concrètes et un calendrier.

Cet aspect positif ne permet cependant pas de prendre des libertés avec la vérité. J'ai relevé une douzaine de contre-vérités:

  1. La dette de la Grèce n’est pas passée de 240 à 120 milliards, mais de 340 milliards à 330 milliards d’euros. L'amélioration de 100 milliards de la dette grecque est une fiction.
  2. Il n’y a pas d’effacement de la dette grecque, mais un effort des banques correspondant à 16 milliards d’euros, soit 50 % de leurs encours
  3. Les banques n’ont jamais eu  200 milliards d’obligations grecques mais 32 et, si l'on ajoute les 49 milliards des banques grecques qui seront nationalisées, un total de 81. Les banques grecques ne participent pas a l'effort commun: ce serait provoquer leur faillite.
  4. L’Euro ne risquait pas d’exploser mercredi soir, la Grèce risquait le défaut de paiement. Il ne faut pas confonfre la devise et l'endettement.
  5. Cela n’a pas coûté 100 milliards aux banques, mais 16 milliards, non pas par un abandon de créances, mais par un étalement de la dette sur une période de 30 ans
  6. Il n’y a aucune connexion entre cette crise de l’endettement public et celle de la finance en 2008. Ici, les responsables sont politiques. On se demande pourquoi les sacrifices des banques ne sont pas étendus au secteur public qui detient, lui, environ 160 millirds de la dette grecque
  7. Les banques françaises ne sont pas les plus fortes d’Europe : leur notation a baissé récemment et leur fragilité est préoccupante
  8. La France n’est pas le seul pays au monde qui ait eu des revenus de ses avances lors de la crise: c'est le cas de la plupart des pays preteurs, et principalement des Etats-Unis
  9. Toutes les interventions de la France n’ont pas encore été restituées : elle a investi dans la BNP Paribas à hauteur de 10% de son capital et est toujours actionnaires
  10. Le système de sécurité sociale en France ne peut garantir les payements des avantages sociaux à la population: il a besoin de contributions budgétaires chaque année
  11. La hausse du montant du FESF ne se fait pas sans une contribtion des Etats Membres puisqu'ils garantissent les emprunts. Dans ce cntexte, le quota de la France atteint 200 milliards qui alourdiront l'endettement de la France.
  12. Le Président chinois Hu Jin Tao n'a pas appelé Nicolas Sarkozy pour exprimer son désir de participer au FESF. C'est le Président Sarkozy qui a sollicité l'intervention de la Chine

Ce genre de contre-vérités est à l'origine de l'engouement des bourses sur le secteur bancaire. Une fois l'euphorie passée, le soufflé va retomber. Reste la substance des problemes auxquels il est urgent de s'atteler. La prime de risque (CDS) sur les obligations grecques à 5 ans est de 35 %. Le sommet n'a pas passe le test de la crédibilité. C'est dommage.

Blog Déchiffrages :  Sarkozy, plus c’est gros plus ça passe

http://dechiffrages.blog.lemonde.fr/2011/10/28/sarkozy-pl...

Nicolas Sarkozy, intervenant à la télévision ce 27 octobre, s’est hissé à la hauteur de lui même. « Plus c’est gros, plus ça passe » : le Président n’a pas dérogé à sa ligne de conduite.

Voici un florilège de ses perles les plus belles, glanées au fil de ses obsessions.

1 – La faute aux 35 heures

C’est devenu une figure imposée du discours présidentiel : si tout va mal dans notre pays, c’est parce que les 35 heures l’on ruiné. Et qu’importe les statistiques !

« Quand en 2001, expliqua-t-il,on a fait cette chose étrange, les seuls au monde, les 35 heures qui ont ruiné la compétitivité du pays, dans le même temps M. Schroeder, pourtant socialiste allemand, faisait l’inverse… »

Les conseillers de Nicolas Sarkozy devraient lire avec plus d’attention les statistiques de l’OCDE, par exemple, avant de transmettre l’argumentaire au président. La vérité est que les Français occupés travaillent annuellement plus longtemps que les Allemands. Cela dure depuis que l’OCDE tient la comparaison à jours, c’est à dire depuis 1993 au moins. Enfin le surcroît de travail annuel des Français, qui atteignait 121 heures en 2001, était encore de 114 heures en 2008, en dépit de la « chose étrange » qui a « mis la pagaïe » dans les usines françaises…

Comment prétendre ré-industrialiser la France, si le diagnostic du déclin industriel est à ce point erroné ?

2 – La faute aux impôts


Nicolas Sarkozy, multipliant les niches fiscales et sociales, a laminé les recettes publiques. Comment justifier cette politique, quand les déficits publics sont montrés du doigt ? Il suffit de dénoncer un excès d’impôts.

« La France, a prétendu le président, est le pays qui a les impôts les plus élevés d’Europe ».

C’est inexact. Quatre pays ont des recettes publiques en proportion du PIB supérieures aux recettes publiques françaises ; ils ont cependant beaucoup moins de chômeurs que la France, en proportion de leur population active.

Quant à l’impôt progressif sur le revenu, il est en France un des plus légers de l’OCDE.

3 – Ma règle d’or

Nicolas Sarkozy cherche depuis des semaines à imposer à l’opposition sa règle d’or : inscrire l’équilibre budgétaire dans la Constitution. Malheureusement pour lui, la perte du Sénat lui interdit une telle révision constitutionnelle.

Qu’à cela ne tienne, il s’est mis d’accord, dit-il, avec ses partenaires européens. La règle d’or ? « Elle est obligatoire en 2012,  depuis hier soir ».

S’il est une « chose étrange », c’est bien cela. Depuis quand un accord nuitamment passé à Bruxelles s’impose-t-il le lendemain matin au Parlement français, sans que nul ne lui demande son avis ?

Nicolas Sarkozy devrait relire la Constitution avant d’intervenir à la télévision.

4 – Ma Banque de France

La fatigue due à cet interminable « sommet » européen explique probablement cet ultime dérapage présidentiel, témoin lui aussi de sa prétention à décider de tout, même de ce qui lui échappe :

« J’ai demandé au gouverneur de la Banque de France de recevoir dans les jours qui viennent la totalité des banquiers français pour les interroger sur le plan de recapitalisation qu’ils mettront en œuvre (…). Nous demanderons aux banques françaises que la quasi totalité de leurs dividendes serve à l’augmentation de leurs fonds propres plutôt qu’à la rémunération de leurs actionnaires (…). Le gouverneur veillera à ce que la pratique des bonus et celle des rémunérations rentre enfin dans une pratique normale… »

Le problème est que le statut de la Banque de France, réformé en 1994 lorsque Nicolas Sarkozy était ministre du Budget et porte-parole du gouvernement, stipule expressément ceci :

« Dans l'exercice des missions qu'elle accomplit à raison de sa participation au Système européen de banques centrales, la Banque de France, en la personne de son gouverneur ou de ses sous-gouverneurs, ne peut ni solliciter ni accepter d'instructions du Gouvernement ou de toute personne. »

Au lieu de solliciter indûment le gouverneur, et faire semblant d’agir à travers lui, Nicolas Sarkozy aurait peut-être pu envisager les mesures législatives qui s’imposeraient aux banques – car cela, il le peut.

samedi, 22 octobre 2011

Jean-Pierre PETIT – Origine de l’insolvabilité des locataires

Lors des dernières élections, un commentateur qui s'étonnait du succès du FN et du refus de voir d'avantage d'étrangers s'établir sur notre sol, terminait son raisonnement par cette remarque :

"je n'arrive pas à me loger à cause du lobby immobilier; si je fais un prêt ma banque m'exploite pendant 20 ans; mon assurance me rembourse une poignée de cacahuètes quand j'ai un accident; je paye un loyer exorbitant et mon proprio refuse de changer mon installation électrique dangereuse; mon président m'envoie des policiers armés de radars pour me racketter sur le chemin du travail; on réduit les coûts et surtout la qualité de mes services publics, sans diminuer les impôts que je paye; on me prend pour un con à propos de la sécurité des centrales nucléaires à côté de chez moi...tout ça je m'en fous, je me focalise sur les étrangers !"

La valeur des patrimoines immobiliers croît plus vite que les revenus depuis 14 ans, et les loyers futurs eux même sont trop élevés par rapport aux moyens des locataires, voilà la source de tous les maux de l'immobilier.

Aujourd'hui à la veille du salon de l'immobilier, un sondage révèle que 47% des locataires interrogés déclarent qu'ils ne pourront jamais devenir propriétaire.

Jean-Pierre PETIT, économiste président des cahiers verts de l'économie analyse cette situation et nous livres des jugements en rupture avec le Crédo traditionnel.

Les coups de pouce fiscaux poussent les prix des biens patrimoniaux et les loyers futurs à la hausse. Les revenus ne suivent pas ou baissent. On arrive à cette situation absurde où à certains endroits, quasiment tout le monde aurait droit à un logement social. C'est le résultat de cette économie de bulle et d'incitations fiscales qui grippe la machine quand l'insolvabilité se répand.

jeudi, 20 octobre 2011

Libé TCHAT avec Jean QUATRE MER “Pour comprendre la crise de la dette”

Pour comprendre la crise de la dette

La dégradation inédite de la note américaine alimente la crainte d'un krach sur les places boursières.

TCHATS Hier à 11h54 (Mis à jour à 12:03)

«Il faut pour les marchés que l'appartenance à l'euro soit irréversible»

TCHAT: Les Européens réussiront-ils à juguler la crise économique qui secoue la zone euro avant le rendez-vous du G20?
Jean Quatremer, notre correspondant à Bruxelles, a répondu à vos questions.

10 commentaires

Le logo de la monnaie unique européenne devant le siège de la BCE à Francfort (AFP/Daniel Roland)

Petit papa Noël: Sait-on combien de milliards d'euros on devra mettre sur la table pour sauver, non seulement la Grèce, mais aussi les autres pays qui ont vu leurs notes diminuées par les agences de notations?

Jean Quatremer. Il n'y a pas de lien direct entre la crise de la zone euro, et les notes des Etats.

La dégradation est plutôt une conséquence de la crise. Pour l'instant, pour aider les Etats qui n'arrivent plus à se financer dans des conditions soutenables sur les marchés, c'est-à-dire avec des taux d'intérêts proches de ceux de l'Allemagne, l'Union européenne a déjà dépensé: 110 milliards d'euros pour la Grèce, sous forme de prêts bilatéraux; Elle a créé un Fonds européen de stabilité financière (FESF) doté d'une capacité d'emprunts de 440 milliards d'euros. Mais, là, il n'y a pas d'argent frais qui est mis dans le fonds, il s'agit de garanties que les Etats accordent aux emprunts qu'effectuera le fonds FESF.

Un bémol cependant. Eurostat, l'organisme européen de statistiques, a décidé que les garanties accordées par chaque Etat, au prorata de sa participation au capital de la Banque centrale européenne (BCE) devront être inscrites dans la dette publique nationale. D'une certaine façon, chaque Etat paye sa garantie par un alourdissement de sa dette publique, avec pour risque la dégradation supplémentaire de sa dette souveraine. Pour l'instant, le Fonds n'est venu en aide qu'à I'Irlande, et le Portugal.

La Commission européenne a aussi obtenu le droit de lever 60 milliards d'euros sur les marchés pour venir en aide aux pays menacés. Ces 60 milliards seront intégrés au futur Mécanisme Européen de Stabilité (MES) qui remplacera le FESF en 2013, et plus probablement dès 2012. Ce MES aura une capacité d'emprunt de 500 milliards d'euros. La Banque centrale européenne a racheté sur le marché une partie de la dette des pays attaqués pour un montant de 160 milliards de dollars. Pour l'instant, le sauvetage des pays en difficulté ne nous a pas coûté directement de l'argent, mais cela ira différemment si ces pays ne sont pas capables de rembourser les emprunts que l'UE leur accorde.

Seberg: Selon Jacques Delors, un pays doit pouvoir être exclu de l'euro. Mais, si la zone euro se réduit peu à peu à un noyau dur autour de l'Allemagne, la monnaie ne risque-t-elle pas d'être encore plus chère? Et de nuire encore plus à l'industrie française et à nos exportations?

J'ai été très surpris que Jacques Delors défende cette idée d'expulser un pays membre de la zone euro qui ne respecterait pas ses obligations budgétaires, car elle est défendue par les plus euro-sceptiques des Allemands, les libéraux du FDP et les chrétiens sociaux bavarois.

Pourquoi le Traité de Maastricht n'a-t il pas prévu une clause d'exclusion de la zone euro? Pour une raison simple qui s'appelle: la confiance. Il faut que pour les marchés, l'appartenance à l'euro soit irréversible afin qu'ils puissent investir en toute confiance dans l'ensemble de la zone euro.

Un investisseur qui place son argent au Nebraska, aux Etats-Unis, ne craint évidemment pas que cet Etat puisse un jour quitter le dollar. Il pourra traverser des difficultés économiques, mais il sera toujours membre de l'Union monétaire américaine. Si on ouvrait une telle possibilité au sein de la zone euro, cela pousserait les marchés à distinguer entre chaque Etat membre. On en reviendrait à la situation qui prévalait avant la situation de l'euro, où les marchés exigeaient des primes de risques conséquentes des Etats jugés fragiles. Un investisseur de Hong Kong, par exemple, si une telle clause était introduite, ne placerait plus ses billes dans les pays du Sud de la zone euro, par simple précaution. On introduirait du risque et de l'incertitude. On enverrait le signal que l'intégration européenne n'est pas irréversible. Or, si la crise actuelle a éclatée c'est justement parce que les marchés ont douté de la volonté allemande de sauver la Grèce et la zone euro.

Thierry_b: Barrosso appelle à une action vigoureuse à la crise de la dette. Quelle pourrait être cette réponse, selon vous?

La crise de la dette appelle une réponse à court terme et une réponse à long terme.

A court terme, les choses paraissent à peu près claires. Il faut accroître les moyens du FESF, en lui donnant un effet de levier, et pousser les banques les plus fragiles à se récapitaliser. Sur ces deux points, il y a un accord au sein de la zone euro. Le problème c'est que les Allemands veulent rajouter une «participation du secteur privé» supérieure au 21% qui avaient été convenus lors du Conseil européen des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, du 21 juillet. En clair, les Allemands veulent faire prendre une tôle sévère aux investisseurs privés qui pourrait atteindre 50% de la dette. Or, à chaque fois que les Etats ont menacé d'impliquer le secteur privé dans une restructuration de la dette grecque cela a été une catastrophe.

En octobre 2010, l'Union européenne avait annoncé que les investisseurs privés participeraient aux restructurations des dettes contractées après juin 2013. Cette simple perspective a suffi a déclencher une panique générale, et a entraîné la chute de l'Irlande, puis du Portugal, désormais sous assistance financière du FESF.

En juillet dernier, alors qu'on avait expliqué aux marchés qu'ils ne seraient jamais impliqués dans la restructuration de la dette grecque, on leur a annoncé qu'ils perdraient 21% de leur mise. Aussitôt l'Espagne, l'Italie, et même la France, ont été attaqués par les marchés, non pas parce qu'ils sont méchants, mais parce qu'un investisseur avisé retire ses billes d'un marché qui devient risqué.

Si dimanche, lors du prochain sommet, on annonce une augmentation de la cote part des investisseurs privés, à 40 ou 50%, je crains le pire, et je ne suis pas le seul. L'Allemagne me donne souvent l'impression de courir avec une torche, les yeux bandés, dans un magasin de poudre.

Aujourd'hui, qui possède les 350 milliards de la dette grecque? 141 milliards sont détenus par les investisseurs grecs eux-mêmes (banques, assurances, caisses de retraites ...), 120 milliards sont entre les mains de la banque de la BCE, du FMI et l'UE, et 89 milliards entre les mains des investisseurs des banques et assurances non grecques.

Que révèlent ces chiffres? Que ce sont les Grecs qui supporteront l'essentiel d'une décote supérieur à 20%. On risque d'assister à un effondrement du système financier grec, qui n'a pas les moyens d'être sauvé par l'Etat grec, qui est ruiné, et un effondrement des caisses de retraites. (Je précise qu'il s'agit bien d'un système par répartition et non pas par capitalisation.

L'argent des caisses, y compris en France, est placé sur les marchés. Les retraités grecs, qui ont déjà perdu leur 13e, voire 14e mois de retraite, risquent de perdre bien plus dans cette affaire.

Sur le long terme, et c'est là que les 17 Etats de la zone euro sont attendus: il faut annoncer aux opinions publiques, et aux marchés, dans quelle direction on va, au-delà des mesures de sauvetage que l'on accumule depuis deux ans.

Aujourd'hui, il est clair que l'euro, monnaie unique, ne peut pas survivre avec 17 politiques économiques et budgétaires indépendantes et souveraines, mais est-on prêt à créer une fédération avec un gouvernement européen légitime?

Ce que réclament les marchés depuis le début de la crise, c'est en fait la création des Etats Unis d'Europe, au moins dans le domaine économique afin d'être certain qu'on ne laissera plus une nouvelle Grèce advenir. Est-on prêt dès dimanche? J'ai un sérieux doute.


Étoffe des euros: La baisse de l'euro sur le marché des changes pourrait-elle favoriser la croissance en Europe (en dopant les exportations)? Comment l'obtenir?

L'euro faible est une marotte française. Une sorte de baguette magique qui va régler nos problèmes. Il ne faut pas perdre de vue que l'Union européenne fait les quatre cinquièmes de son commerce entre pays membres.

En outre, l'expérience allemande montre que c'est la qualité des produits qui prime sur la valeurs de la monnaie. On préfère toujours payer un peu plus chère une BMW qu'une Subaru. Une baisse de l'euro serait la bienvenue, mais, à mon avis, ce n'est pas la martingale que certains y voit.

Je vous rappelle que l'euro a été introduit le 1er janvier 99 à 1,17 dollars. Il est, douze ans plus tard, à 1,36 dollars, et on juge la parité «normale» à environ 1,20 dollars. On ne peut pas dire que l'euro soit aussi massivement surévalué que certains le prétendre.

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mercredi, 12 octobre 2011

CSOJ Frédéric LORDON – Révision du système bancaire

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