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mercredi, 30 juin 2010

Un usage des sciences sociales en politique…

A partir des quelques rappels qui suivent, Olivier BOUBA-OLGA nous livre son éclairage édifiant sur la gestion de la carte scolaire…

Sur la question de la "confiance" voir http://quincas.blogspirit.com/archive/2010/06/19/le-syst-...

Les sciences sociales ne servent à rien (exemple de la carte scolaire)

http://obouba.over-blog.com/article-les-sciences-sociales...

Confrontés à un dysfonctionnement quelconque, Hirschman (1970) explique que les individus ont le choix entre deux comportements :

  • L’Exit : la défection. Je ne suis pas satisfait, je m’en vais.
  • Le Voice : la prise de parole. Je ne suis pas satisfait, je me plains.

Exemple : je ne suis pas satisfait de la qualité des tomates vendues dans mon hyper préféré  (Leclerc, disons)? Je vais voir ailleurs, à Auchan, par exemple (exit), ou bien, autre solution, je me plains auprès du responsable du rayon fruits et légumes de chez Michel-Edouard (voice).

Quelle solution domine ? L’Exit, nous dit Hirschman, sauf si les individus ont suffisamment confiance dans l’organisation pour penser que leur prise de parole peut la faire évoluer

C’est là qu’intervient le troisième terme de son modèle,

  • le Loyalty, souvent considéré comme une troisième possibilité de comportement mais qui constitue plutôt, après une lecture attentive de son analyse, un élément permettant d’arbitrer entre exit et voice :

Si j’ai confiance dans l’organisation (en fait, principalement, dans ma capacité à faire évoluer l’organisation, ou dans la capacité de certains à la faire évoluer) j’opte pour le Voice, sinon, pour l’Exit).

[La suite]

Conclusion d’Olivier BOUBA-OLGA

Réfléchir aux modalités d'amélioration de la prise de parole. C'est ce que préconisait Hirschman il y a 40 ans. En insistant sur le fait que les possibilités d'Exit et de Voice sont des construits institutionnels…

La qualité de la prise de parole, ça ne tombe pas du ciel, ça suppose des investissements, ça se travaille dans le long terme. Mais s'engager dans un tel investissement ça supposerait d'écouter un peu ce que disent les sciences sociales. Et les sciences sociales, c'est bien connu, ça ne sert à rien…

Source citées :

Hirschman A.O., 1970, Exit, Voice, and Loyalty: Responses to Decline in Firms, Organizations, and States. Cambridge, MA: Harvard University Press.

Hirschman, A.O., 1986. Vers une économie politique élargie, Paris, Éditions de Minuit.

23:55 Publié dans Société et Justice | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : exit, voice, loyalty | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

mardi, 29 juin 2010

Une bonne idée de Monsieur LEFEBVRE plutôt nunuche !

Frédéric Lefebvre propose la création d’une mention « produit du terroir » une idée plutôt nunuche! Enfin pas tant que ça :

Frédéric Lefebvre propose la création d’une mention « produit du terroir »

11 juin 2010 par admin http://www.hexaconso.fr/blog/?p=417

Dans le cadre de la loi de modernisation agricole actuellement en discussion au Sénat, et qui devrait permettre de renforcer le pouvoir des producteurs agricoles dans leurs négociations avec les distributeurs et les industriels, Frédéric Lefebvre, porte-parole actuel du gouvernement,  propose que soit créée une mention « produit de terroir », à l’image de la mention « produit fermier ».

Accompagnée d’un petit drapeau français, elle pourrait être affichée par les industriels de l’agroalimentaire sur les emballages de leurs produits à base d’ingrédients d’origine française, et transformés en France.

L’objectif serait de permettre aux consommateurs qui le souhaitent de pouvoir acheter de préférence des produits « vraiment » français, dont l’origine est garantie. Et de préserver l’agriculture de notre pays, fortement affaiblie par une concurrence à la fois européenne (lait allemand dont les importations en France ont progressé de 70% en 2009, fruits et légumes espagnols…), mais également d’origine plus lointaine et dont la qualité est parfois plus aléatoire.

Cette démarche de valorisation et de promotion de l’agriculture française permettrait également d’apporter une réponse à la volonté de la filière agricole de mentionner l’origine des produits dès lors que 50% de leurs ingrédients sont d’origine française. Elle aurait également pour objectif de limiter l’utilisation par les industriels de produits étrangers parfois moins encadrés sur le plan sanitaire.

Voilà donc en substance la suggestion faite par F. Lefebvre, qui nous propose également de signer une pétition intitulée « Acheter français, c’est acheter la qualité », en faveur de la création de cette mention. Le tout illustré par une vidéo de présentation de la démarche par F. Lefebvre himself.

Cette idée va indéniablement dans le bon sens : information du consommateur sur ce qu’il achète, valorisation de nos savoir-faire agricoles et soutien à cette filière. Reste à en définir plus précisément les contours, mais si cela peut déjà nous éviter de nous faire avoir avec du foie gras hongrois ou bulgare abusivement estampillé « élaboré dans le sud-ouest », de la moutarde de Dijon américaine ou de la Vache qui Rit polonaise…

Posté dans Economie, Société

Tags: Fabriqués en France Made in France produits français qualité française UMP pétition acheter français

4 commentaires
  1. L

    15 juin 2010 à 8 h 55 min

    Mais les foies gras « élaborés dans le sud-ouest » français sont-ils nécessairement et systématiquement de meilleure qualité que les foies gras hongrois ? Une telle assertion est certainement vraie… Pour les foies gras qui sont le fruit d’un artisanat qui valorise les « terroirs » du sud-ouest. Les produits des grandes industries alimentaires, même si elles les produisent en France et à partir de produits français, n’ont qu’exceptionnellement à voir avec les terroirs (animaux en batterie, légumes hors-sol etc.).

    Mettre implicitement les industriels et les artisans dans le même panier (production de terroir) me paraît franchement dangereux. La vache qui rit française serait donc estampillée « produit du terroir », comme la tome de tel paysan des Pyrénées ? Quand on voit le mal que certains vignerons et autres artisans des métiers agricoles se donnent pour fournir des produits de qualité qui, à divers niveaux, expriment véritablement un terroir, je trouverais proprement scandaleux que les barons de l’industrie agro-alimentaire (française ou non) soient en mesure de s’approprier une telle appellation de façon officielle (ils le font déjà officieusement).

    L’idée n’est d’ailleurs pas innocente, car pourquoi ne pas se contenter d’un label « produit français » ou « produit de France » ou je ne sais quoi encore (il y a certainement mieux) ? Non, dans la logique de monsieur Lefèbvre, il y a là une bonne occasion de d’offrir un os à l’industrie en lui livrant de facto une légitimité que d’autres se chargent d’entretenir. Acheter Français pour éviter les délocalisation est une chose, mais cela n’a rien à voir avec la notion de « terroir » qui, contrairement à ce que voudraient nous faire croire les professionnels du marketing, signifie véritablement quelque-chose !

    Derrière de jolies apparences, la mise en place d’une telle appellation me paraît en tous cas tout à fait contre-productive et même dangereuse pour la diversité de la production alimentaire.

    Il vaudrait probablement mieux se concentrer sur la valorisation des productions de type « terroir » et, en parallèle, pourquoi pas, de la production industrielle 100% française. Enfin, il me semble.

  2. Responsable

    15 juin 2010 à 9 h 04 min

    C’est bien d’un côté. Mais avec la barre à 50% il est déjà presque trop tard pour trouver quelque chose encore fait en France.

    Un label est bon pour le consommateur, des mesures efficaces (pas qu’airbus, TGV, nucléaire) de soutien à toute l’industrie française ce serait mieux. Surtout pour l’emploi.

  3. FORLIB

    15 juin 2010 à 11 h 11 min

    On risque d’avoir des surprises. Exemples :

    La France, grande productrice d’œufs bio, doit importer des céréales bio, le pays en étant déficitaire. Il faut donc transporter ces céréales, donc, pollution supplémentaire.

    Dans l’agriculture et l’élevage conventionnels, pratiquement toutes les semences, les souches et les espèces sont d’origines étrangères, même si elles sont reproduites en France
    .

    Le pétrole qui sert à élaborer les matières plastiques est-il d’origine française ?

    La quasi-totalité du papier et carton emballant les produits provient de bois scandinaves ou nord-américain.

    Mitterrand s’était ému que les haricots composant le cassoulet national venaient d’Argentine.
    Etc., etc..

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vendredi, 25 juin 2010

Création monétaire

La vidéo qui suit illustre de façon sommaire une des perversités techniques du système financier.

Si on a coutume de nous répéter que le capitalisme n'a pas vocation à être moral et que son utilité est d'allouer les ressources au mieux et le plus rapidement possible par le biais du marché, on oublie un peu trop souvent de nous parler de façon simple des instruments financiers qu'il utilise.

Le moins qu'on puisse constater, et qu'il n'y en a pas un pour rattraper l'autre, tous débouchent in fine sur le détournement des créances et une absence totales de scrupules de ceux qui organisent ces marchés....

Le billet invité d’Olivier BRUMAIRE issu du Blog de Paul JORION illustre de son côté parfaitement bien le concept de Dette Publique.

 

Blog Paul JORION Je ne rembourserai pas, par Olivier Brumaire

 

de Blog de Paul Jorion de Julien Alexandre

Je ne rembourserai pas – ou « Les pauvres paieront-ils pour les (très) riches » ?

La dette publique française file désormais allègrement vers les 1 800 Md€, soit la bagatelle de 60.000 € par foyer.

En 2010, la situation budgétaire de l’État est dramatique : Ressources nettes 175 Md€, Dépenses nettes 325 Md€, Déficit 150 Md€ (« www.performance-publique.gouv.fr » – le gouvernement a conservé son humour…). Le plafond de Maastricht de 3 % du PIB est enfoncé avec près de 8 % du PIB. Nous dépensons ainsi cette année 190 % des recettes (contre encore 120 % avant la crise)… Et du coup, la dette représente près de 10 ans de recettes fiscales actuelles…

Heureusement les politiques nous l’ont promis : il est hors de question qu’ils gèrent les finances publiques avec « rigueur » – pour ceux qui auraient encore un doute. Voilà enfin une promesse dont nous pouvons être assurés qu’elle sera tenue… Vivons donc au dessus de nos moyens, ou plutôt, enrichissons les riches, et après, que diable, advienne que pourra. Et bien justement, ça advient…

Car enfin, n’est-il pas formidable qu’une situation financière que n’importe quel ménage trouverait insensée et intenable pour son cas personnel, devienne une pratique acceptée voire théorisée quand elle est appliquée au niveau de l’État – qui n’est qu’un ensemble de ménages… Mais pour justifier ce qui heurte le bons sens, les discours abondent…

  • On entend d’abord que l’État, tels les diamants, est éternel, mais ce n’est pas en soi de nature à changer fondamentalement le problème…
  • Ensuite, on nous explique que l’État peut lever tous les impôts qu’il souhaite (merci pour les contribuables, d’ailleurs). C’est une justification plus robuste, sauf qu’elle n’est que théorique. Si l’État n’arrive pas aujourd’hui à vivre de ses impôts, comment pourrait-il non seulement y arriver demain avec des charges d’intérêts plus élevées, mais, en plus, disposer de ressources pour se désendetter ? Nous verrons qu’il y a d’ailleurs une autre différence avec un ménage, qui elle, n’est étrangement jamais évoquée.
  • Les adorateurs de la dette publique nous expliquent alors que face à l’endettement public (un passif), il faudrait tenir compte de l’actif public. Si on regarde simplement l’État central, la Cour des comptes dans sa certification des comptes de l’État estimait au 31/12/2008 son actif à environ 650 Md€ et son passif à 1 350 Md€. Situation nette de -700 Md€, avec un « résultat » en 2008 de -75 Md€. Tout va bien. Et encore, une « chance », c’était avant la Crise… Quoiqu’il en soit (et même en prenant l’actif des collectivités locales), la situation nette est négative, mais surtout cet argument de l’actif ne tient guère, s’imagine-t-on vendre un jour (et à qui ?) le château de Versailles, l’Hôpital Pompidou, les Ministères, la Nationale 7, le porte-avion Charles de Gaulle pour rembourser la dette… ? On se moque du monde.
  • On parle aussi souvent de « l’intérêt » d’emprunter, de faire du déficit pour de « bons investissements » amortissables sur des durées très longues – construire un hôpital par exemple. Qu’il y aurait alors un « bon déficit » pour des investissements, et un mauvais pour des dépenses de fonctionnement. Cela tient peu. D’abord, c’est la nature de l’État d’investir, et d’investir tous les ans. Car l’État construit tous les ans ses hôpitaux ! Un ménage peut s’endetter pour acheter une maison, mais s’il veut investir et acheter une maison de plus tous les ans, il faut bien que ses revenus annuels soient égaux au prix d’une maison, sinon, c’est du Maddoff… Ensuite la distinction est presque impossible. Car bétonner pour construire un aéroport de plus peu utile serait formidable, mais payer un salaire de chercheur ou d’enseignant serait un gaspillage ? On marche sur la tête. On remarquera d’ailleurs que ces contempteurs de la dépense ne s’appliquent jamais à eux-mêmes leur raisonnement, car dans ce cas ils seraient en situation de n’avoir strictement aucune épargne, et que des dettes…. On observera que c’est rarement le cas !

Mais cet argument est très puissant dans les débats pour détourner l’attention du problème du financement et le reporter sur un problème de la qualité ou de l’opportunité de l’investissement.

Or, peu importe qu’il soit bien ou non de dépenser de l’argent sur un projet, mais simplement, si on le dépense, il faut le financer, et sur l’exercice budgétaire.

Car face au problème des déficits, il faut refuser de se laisser enfermer dans le discours des conservateurs, qui expliquent qu’il faut donc couper les dépenses (bien entendre « sociales », et non pas de dépenses de types « niche fiscale ») et ne plus remplacer les fonctionnaires (au passage, ils parlent des fonctionnaires d’État, car en tenant compte des fonctionnaires territoriaux dans toutes les baronnies locales, le nombre total de fonctionnaire n’a jamais cessé d’augmenter. Bref, on remplace des profs par des cantonniers, l’avenir s’annonce radieux…).

Car on peut, et on doit, augmenter les recettes. De façon intelligente, prudente, juste et équitable. Mais ne pas diminuer notre protection sociale, dont nous aurons besoins dans les années qui viennent.

  • Il ne faut pas céder aux sirènes des intégristes de la privatisation et de la non-mutualisation – hormis pour les pertes privées en cas de crise, car là c’est bien entendu guichet ouvert et « no limit »…  Car si par exemple on voulait diminuer les impôts, on pourrait supprimer la Sécurité sociale, et tout transférer au privé. Sans même parler de l’accès aux soins, on économiserait bien entendu 1 000 € d’impôts mais, il faudrait simplement payer 1 200 € à des assureurs privés (non qu’ils gèrent mal, mais simplement, il faut payer des commerciaux, du marketing, de la publicité, etc.). On aurait plus de « liberté », mais est-ce bien cela le sens de l’intérêt général et de la simple efficacité économique ?
  • Notons aussi que le « nous endettons nos enfants » est faux à plusieurs niveaux. D’abord, la durée moyenne de la dette est d’environ 7 ans (Agence France Trésor). Cela veut dire que les 1 800 Md€ devront être remboursés d’ici 7 ans – et donc qu’il faudra emprunter de nouveau 1800 Md€ d’ici là, bien entendu… On voit le danger en cas de remontée des taux, voire de pure défiance des prêteurs… Et tout le monde comprend qu’il s’agit de pure « cavalerie » financière. Cela rappelle ce sketch où Charlotte de Turckheim répond à son banquier qui s’inquiète de son découvert « aucun problème, je vous fais un chèque ! »… Bref, bon courage à celui qui aura le mistigri le mauvais jour…
  • Mais le plus important dans cette affaire, est que non, nous ne laisserons absolument aucune dette « à nos enfants ». Tout simplement parce qu’aux 1 800 Md€ de dettes correspondent 1 800 Md€ de créances, pour les détenteurs physiques des bons du trésor. On peut même dire qu’au fond, l’État n’a aucune dette ; ce sont bien les contribuables (donc tout le monde) qui doivent de l’argent… aux personnes qui détiennent une épargne importante investie en obligations d’État (Sicav, assurance vie, …). Ainsi, on laissera simplement aux enfants des pauvres, des classes moyennes et même des classes aisées, des dettes à rembourser aux enfants des très riches. On accentuera ainsi les inégalités – puisqu’il est moderne de supprimer l’impôt sur les successions, car même payer des impôts après notre mort est insupportable…

Car au fond, qu’est-ce que l’endettement public ? De l’argent emprunté, qu’on « roule » régulièrement en empruntant de nouveau pour rembourser les premiers préteurs. Tant qu’il y a des prêteurs, finalement, ce n’est pas si grave. Sauf que cette dette entraine des intérêts. Or, qui paye les intérêts ? Le contribuable, donc tout le monde. Et à qui sont payés ces intérêts ? Et bien aux plus fortunés, ayant assez de patrimoine « inutile » pour le placer en obligations d’État, soit peu de monde, quand on se rappelle que le salaire médian en France est autour de 1500 € par mois… Les 50 % des français les plus pauvres ne possèdent que 7 % du patrimoine total, les 10 % les plus riches en possédant presque 50 % (chiffres Insee). C’est dire que 10 % de la population doit posséder environ 80 % des créances sur la dette publique (Aux États-Unis, près de 50 % des actifs financiers sont possédés par 1 % de la population Source). En fait, ceci est un formidable système pour voler les pauvres pour donner aux riches – la version « moderne » de Robin des bois en somme…

Ainsi, avant, les riches payaient des impôts et l’État était en équilibre, aujourd’hui, ils ne les payent plus, l’État est en déficit, et il donc doit emprunter… aux riches cet argent. Il faut sincèrement saluer l’habilité des très riches pour leur lobbying ayant permis de transformer leurs impôts en prêts…

Mesurons bien : la situation budgétaire de l’État était en 2008, avant la crise, sur une tendance d’environ 50 Md€ de déficit avec 230 Md€ de recettes pour 280 Md€,  de dépenses. Il y avait environ 50 Md€ de recettes de l’impôt sur le revenu, et près de 50 Md€ d’intérêts versés aux prêteurs. Oui, sans les intérêts, l’État était à l’équilibre. Oui, l’ensemble de l’impôt sur le revenu a été reversé aux classes les plus riches pour les remercier de n’avoir pas payé d’impôt.

Mais revenons aux comparaisons de l’État et des ménages. Et comprenons bien qu’un État ne fait jamais faillite, ce n’est pas une entreprise, il ne peut être liquidé. Non, un État décide juste un jour de ne pas rembourser ses dettes, point final. Car il peut, et doit, arbitrer entre ses créanciers et ses citoyens – qui l’élisent… C’est cela en réalité la différence la plus importante avec un ménage.

Et bien, pour mon cas, cette dette sur mes épaules, je ne la rembourserai pas. Je ne l’accepte pas. Je la récuse. Je ne passerai pas à ma vie à me serrer la ceinture pour rembourser des dettes des générations passées envers des millionnaires, qui sont justement millionnaires car ils n’ont pas payé ces impôts qui ont manqué et justifient désormais la dette. Elle est inique, et son principe n’a jamais été validé démocratiquement. Car, à 1 800 Md€, l’enjeu dépasse très largement la délégation de pouvoir de la démocratie représentative. Ce sujet n’a d’ailleurs jamais été abordé et expliqué en profondeur par les politiques, unis dans un silence complice, soucieux de leur maintien en place et de la satisfaction des intérêts financiers d’une infime minorité. Un tel engagement ne peut être accepté que par référendum – et encore dans certaines limites, puisqu’il engagerait aussi les générations futures.

Il faut donc appeler à un large effacement des dettes et créances publiques – en définissant un plafond modéré de remboursement par ménage. Bref, un retour à la remise des dettes du Jubilé historique : « 8- Tu compteras sept semaines d’années, sept fois sept ans, c’est-à-dire le temps de sept semaines d’années, quarante neuf ans. […] 10 Vous déclarerez sainte cette cinquantième année et proclamerez l’affranchissement de tous les habitants du pays. Ce sera pour vous un jubilé : chacun de vous rentrera dans son patrimoine, chacun de vous retournera dans son clan. […] 14 Si tu vends ou si tu achètes à ton compatriote, que nul ne lèse son frère ! » (Lévitique 25, 10.11)

Ce n’est pas du vol, c’est juste un impôt, égal à la créance détenue sur l’État. C’est même la perception tardive de tous les impôts non acquittés au cours des 30 dernières années.

  • Un tel jubilé ramènerait en régime normal les comptes publics à l’équilibre. Et justement, oui, il faut inscrire dans la Constitution que, hors période de récession ou de grave crise, les comptes publics doivent être équilibrés. Pour garder d’importantes marges de manœuvre en cas de crise. Simplement car un système « quand tout va bien, on s’endette beaucoup, quand tout va mal, on s’endette énormément » n’est pas durable. L’endettement public sur le marché obligataire doit être interdit ou extrêmement limité. Car le paiement d’intérêts vole les pauvres, et met l’État à la merci de « Lémarché » étrangers, le dépossédant de son pouvoir de décision.
  • Bien entendu, la dette étant détenue aux deux tiers à l’étranger, ce défaut négocié posera des problèmes, mais comme nous détenons aussi de la dette étrangère, cela finirait par s’équilibrer. Cela nuira énormément aux régimes de retraites par capitalisation étrangers, mais il est inéluctable qu’ils soient transformés en régimes en répartition, seul système pérenne dans un environnement de crise économique majeure, de vieillissement des populations (car ces actions « pour la retraite » vont commencer à être vendues, entrainant des baisses de cours) et de conséquences du pic pétrolier qui se profile à court-terme. La projection de tendances passées à un moment de forte inflexion de l’environnement est dramatiquement erronée
  • On parlera enfin de prélèvement confiscatoire. Certes. Mais l’est-il plus que de demander à toute une population de se priver de l’essentiel pour que quelques fortunés conservent leur épargne dont, dans le fond, ils ne font rien ? Et puis finalement, ce jubilé ne serait que la juste sanction d’un soutien abusif – qui est bien la situation de personnes prêtant aujourd’hui de l’argent aux États-Unis…

Il est enfin évident que la dette publique ne sera jamais remboursée. D’ailleurs, de plus en plus de personnes parlent d’une solution « inflation » –  qui est bien une spoliation des rentiers via un défaut partiel. Sauf qu’il est probable qu’en 2010, contrairement à 1980, les salaires ne suivront pas, et que cela sera aussi la ruine des salariés, et une vraie dépression à court-terme… Veut-on tenter cette option ?

Espérons donc que des hommes politiques mesurés et courageux réfléchiront et finiront par défendre une mesure de ce type, dérangeante, mais courageuse car de justice sociale. Sinon, ils laisseront un boulevard aux extrémistes… Il en va probablement de l’avenir de notre démocratie.

Olivier Brumaire est l’auteur du livre Une crise de Transition, librement téléchargeable sur www.reformons-le-capitalisme.fr

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mercredi, 23 juin 2010

Affaire KERVIEL

L'art de la banque : Fabriquer des crétins et dissimuler ses turpitudes ?

  • Premier exemple : le client non privilégié (commentaire ThTaupin)
  • Deuxième exemple : les subprimes et la titrisation (commentaire DMonodBroca)

Et son génie : se faire prendre à ses propres subterfuges (toute l’affaire KERVIEL, les subprimes, l’affaire Clearstream avant son rachat par les Allemands, la vraie, pas le roman feuilleton électoral français) – après avoir rendu les contrôles inopérants pour avoir les mains libres et passer outre la légalité ou le bon sens (commentaires David et Persan)

Dommage que le procès KERVIEL ne soit pas ce procès là; heureusement les commentaires aux 2 articles qui suivent le font !

http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2010/06/22/mais-qui-...

http://prdchroniques.blog.lemonde.fr/2010/06/22/proces-ke...

Le dernier jour du procès Kerviel sous la plume d’ALIOCHA :

http://laplumedaliocha.wordpress.com/2010/06/26/kerviel-l...

Paul JORION : La question que personne n'a posé - A quoi ça sert ...

http://www.pauljorion.com/blog/?p=13141

 

22/06/2010 Qui êtes vous M KERVIEL ? – Commentaire ThTaupin

[…] Comment la SG a osé se porter partie civile dans cette affaire ?

Aucune autorité de régulation en France n’existe pour mettre la SG en face de ses responsabilités ?

Un simple exemple: je suis client de la SG, et j’ai reçu il y a quelques mois un récapitulatif de mes frais bancaires. Approximativement 1.000 €. Donc, si je fais un calcul simple (et je m’excuse par avance de l’amalgame facile), il suffit d’avoir 2 millions de clients particuliers moyens comme moi pour amortir la perte de JK sur deux ans et demi.

Rappelez-moi, combien la SG a demandé à l’état pour sortir de la soi-disant crise financière ?

Je suis gérant d’une SARL, et croyez-moi, ni le trésor (qui me doit environ 1.000 € de TVA, mais qui refuse de me les rembourser), ni l’URSSAF, qui perd régulièrement mes déclarations, et fait donc intervenir huissiers et frais conséquents, ne me permettent le moindre écart. C’est toujours à moi de prouver ma bonne foi.

Sauver 15.000 emplois ? C’est bien la motivation du procès ? Retrouver une virginité après de telles erreurs ?

Je n’ai pas la puissance financière de la SG pour faire “valoir” mes droits, car mon quotidien, ce sont mes clients qui payent avec un lance-pierres, crise oblige, et le moindre prêt pour trésorerie auprès de la SG est un véritable parcours du combattant. Pire, moralisateur: “Mais Monsieur, quelles sont vos garanties ?”

Effectivement, je n’ai pas de garanties, à part mon énergie, ma loyauté.

Quel dialogue est possible avec une banque qui triche de bout en bout ?

Grosse colère, ça soulage !

22/06/2010 Qui êtes vous M KERVIEL ? – Commentaire TS

[...] La seule chose que l’on peut conclure de ce que l’on sait, est qu’il existe 3 hypothèses :

  • Kerviel a agit seul en camouflant de manière brillante ce qu’il faisait (possible). Alors certes les contrôles devront être remis au gout du jour, mais il est pleinement responsable.
  • Kerviel a agit seul, de sa propre initiative, mais ses supérieurs voyaient ce qu’il entreprenait :
    responsabilité partagée.
  • Kerviel a été poussé par ses supérieurs, encouragé par eux, et là il n’est qu’un pion sur qui la SG se repose pour éviter tout blâme, et ne devrait pas est trop sévèrement jugé.
22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole –

- Monsieur le président, je ne dirai que la vérité, rien que la vérité.

- Non, non, dîtes simplement “je le jure”

- Je le jure. Monsieur le président. Et je suis heureux de déposer devant votre tribunal notamment en raison de ce que j’ai lu dans la presse depuis l’ouverture de ce procès. Le plus simple, c’est que je vous raconte ce que j’ai vécu.

Il remonte le temps jusqu’à ce samedi de janvier 2008, où il se trouve dans ses bureaux de la tour de la Défense avec une poignée de collaborateurs pour préparer le conseil d’administration du dimanche qui s’annonce difficile en raison du début de la crise des subprimes.

- Et là, on nous annonce cette nouvelle extraordinaire: il y a des faux à l’intérieur de nos lignes d’écriture. C’est une nouvelle extraordinaire en soi car la confiance qui doit exister dans nos écritures est rompue. Et non seulement nos écritures sont fausses, mais on apprend ensuite qu’il existe à l’intérieur de notre dispositif quelqu’un qui a fabriqué de fausses écritures et qui sait les dissimuler.

A trois heures du matin, Daniel Bouton apprend qu’il existe un profit dissimulé de 1,4 milliard d’euros. Et le lendemain, que Jérôme Kerviel a des positions dissimulées pour un montant de 50 milliards.

- Là, il y a dix étages de plancher qui s’écroulent sous nous. 50 milliards, c’est monstrueux! Ce n’est pas le métier d’une banque de jouer sur la hausse ou sur la baisse des marchés! Alors, quelles sont les conséquences? la première, c’est que la banque saute. Le métier de la banque, ça suppose un minimum de confiance. Avec 50 milliards de positions, vous ne pouvez plus avoir confiance dans la banque. Donc, nous ne pouvons pas laisser connaître notre situation aux marchés sans avoir résolu le problème.

Daniel Bouton raconte alors les débats qui agitent la direction de la banque et la décision qui est prise de convaincre les actionnaires à souscrire une augmentation de capital égale au montant des pertes envisagées, entre 5 et 9 milliards d’euros.

- On est allé voir les actionnaires les uns après les autres. Il fallait les convaincre que tout était découvert et qu’il n’y avait pas d’autres positions cachées. Or, ça, le mercredi, on le sait pour l’ensemble des opérations. Mais il faut attendre le vendredi pour être sûr qu’il n’y a pas d’autres Jérôme Kerviel dans d’autres banques.

Le vendredi soir, nous savons que la banque est sauvée. Nous faisons le tour du monde des places financières pour souscrire l’augmentation du capital.

En même temps, il y a l’enquête interne sur Jérôme Kerviel.

- Je comprends très vite qu’il y a eu des défaillances dans le contrôle. Dans le contrôle hiérarchique et dans la structure: il n’y a pas de contrôle général du nominal par desk, il n’y a pas de centralisation des alertes. Mais il n’y a pas de principe de méfiance à la Société générale avant l’affaire Kerviel.

- La Société générale n’a pas vu, les supérieurs hiérarchiques de Jérôme Kerviel n’ont pas vu. J’en suis absolument convaincu.

Il a fabriqué des risques dans des proportions invraisemblables. C’est un génie malfaisant. Le même jour, de la main gauche, il envoie des mails à son courtier (Moussa Bakir) en lui disant “je suis foutu” et de l’autre, il continue de clicker pour augmenter ses risques.

[…]

Dominique Pauthe évoque le rapport de la commission bancaire et les sanctions qui ont été prises contre la banque en raison de la carence de ses contrôles.

- J’ai passé beaucoup de temps dans ma carrière sur le risque de marchés. C’est là-dessus que je me suis focalisé. Mais on n’a pas regardé suffisamment le risque opérationnel. La première des erreurs que nous avons faites a été d’embaucher quelqu’un avec le profif psychologique de Jérôme Kerviel.

Je ne peux pas dire devant ce tribunal qu’un système de contrôle est capable de résister à la qualité de mensonge d’un Jérôme Kerviel. Je ne peux pas dire que cela ne se reproduira pas. Il y a peu d’endroits où l’on soupçonne que le mail que l’on vous donne pour justifier une position est un faux. Je ne suis pas sûr que ce soit le type de société dans lequel il sera bon de vivre demain, en s’interrogeant sur l’honnêteté de son voisin de cantine.

Mais la banque, c’est un métier d’argent et la fraude est consubstantielle à l’argent.

[…]

22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire Laurence Lensky

[...] Si Kerviel a mis 1.4 milliards “sous le tapis”, c’était pour avoir une réserve dans les opérations de 2008, puisque à chaque fois qu’un trader atteint son objectif, celui-ci est doublé l’année suivante (jamais de répit donc).

Kerviel n’avait certes pas envie d’avoir un objectif assigné de 2.8 milliards alors que celui de 2007 était de 56 millions si je ne m’abuse alors que, de toute façon, on ne l’aurait pas gratifié d’un bonus en rapport avec ce gain pharamineux.

La faute de Kerviel est largement imputable au mode de gestion de la Société Générale qui de manière perverse et sournoise pousse le trader de base à dépasser ses limites dans une pression permanente, en quelque sorte infuse dans la gestion infantile et cruelle de la hiérarchie faisant turbiner ses “gagneuses”.

Les traders confrontés jour après jour à cet univers dément perdent leur repères. Les sommes ne sont plus que des colonnes de nombres qu’il faut maximiser dans une sorte de jeu vidéo idiot.

Lorsque la hiérarchie se rend compte du “gain” de Kerviel, les 1.4 milliards, il est d’abord un héros, on pense même à industrialiser son “système”!

Ce n’est que lorsque l’on découvre les positions collatérales encore ouvertes avec les fameux 50 milliards (bel et bien “autorisés”) que la banque panique et solde ensuite trois jours durant les positions, dans un gâchis infâme.

Bouton est responsable DIRECTEMENT de la perte d’au moins 3 milliards sur les 4.5 imputés à Kerviel et si les positions avaient été soldées calmement en février la banque aurait même été bénéficiaire.[...]

22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire DMonodBroca

On comprend l’épreuve terrible par laquelle est passé M. Bouton après la découverte de cette position de 50 milliards qui pouvait couler sa banque mais quand il affirme “Ce n’est pas le métier d’une banque de jouer sur la hausse ou sur la baisse des marchés!” on ne comprend plus très bien. Les traders ne jouent-ils pas sur la baisse et la hausse des marchés ?

Et puis, si Kerviel a effectivement pris des risques absolument inconsidérés, la Socgen, comme la plupart des banques du monde, ont, elles aussi, pris les risques inconsidrés que l’on sait, génialement dissimulés par la technique de la titrisation, et qui ont conduit un certain nombre d’entre elles à la faillite.

Cela commanderait de la part de M. Bouton à un minimum d’indulgence et de compréhension.

22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire Yann

Au fond, votre défense c’est de dire: je viens d’apprendre qu’il n’y a pas de radars sur la route à quatre voies entre Rennes et Saint-Brieuc. Alors je vais rouler à 195Km à l’heure. ça, c’est ce que fait Jérôme Kerviel. Et Me Metzner va voir le général de gendarmerie et lui dit: “c’est vous qui êtes responsable de la mort de la famille qui arrivait en face parce que vous n’avez pas réparé assez vite vos radars”.”

Si je comprends bien la défense de Kerviel, la métaphore serait plus appropriée si elle était complétée avec le fait que le gendarme était assis dans le siège du passager, qu’il avait un oeil sur le compteur de vitesse, et qu’il ne pipait mot à chaque fois que le conducteur accélérait un peu plus.

22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire Elisabeth Blanconil

Il y a violation de niveau.

Ce tribunal du peuple français considère ce que JK a fait la Socgen : c’est un problème interne.

Ce qui intéresse le peuple français c’est ce que la Socgen a fait - peut importe qui l’à fait à l’intérieur.

C’est le commandant qui est responsable quand un bateau passe sur un caillou, pas l’homme de barre, même et peut être surtout s’il a décidé d’un cap différent.

Le commandant qui dit “c’est pas moi, c’est Jérôme K K C la machine a vapeur”… c’est ridicule pour le commandant et pour le tribunal.

22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire Snorow (Guy Rainville)

LES MÉCANISMES DE DÉFENSE DES PERSONNES AU POUVOIR

Dans les procès des officiers nazis, ceux-ci ont toujours invoqué l’ignorance de ce que faisaient leurs subalternes pour s’en sortir.

Se laver les mains et trouver un agneau sacrificiel pour apaiser l’ire du peuple a toujours été la stratégie privilégiée des gens de pouvoir.

Des données émanant d’un logiciel que la direction ne consulte pas mais pourtant qui l’aide à établir les commissions aux traders…

Et quand vous voyez le nombre de zéros (milliards) qui dépassent les autres chiffres financiers dans une liste, il me semble que ça saute à l’oeil… Même pour une vérificatrice…

Et si tout ce qui précède n’est pas fondé, le Tribunal doit punir la direction de ne pas avoir suivi les opérations dont ils étaient responsables. C’est une faute managériale sans mesure…

Pire que celle de Kerviel…

22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire Benzerot

Effectivement si l’Etat ne faisait aucun contrôle de la vitesse sur les routes, il serait directement responsable d’un très grand nombre de morts. D’ailleurs depuis que des systèmes de contrôles efficaces ont été mis en place avec des sanctions systématiques le nombre de morts victimes de la circulation a baissé considérablement et pourtant les véhicules sont de plus en plus rapides. CQFD…Metzner s’était-il endormi ?

Kerviel a raison : il est dans son mandat quand il gagne de l’argent, il en sort quand il en perd. l’activité de trading n’a pas d’autre objet social (?) que la réalisation de profit à très court terme.

Bouton nous dit en substance “ah ben si j’aurais su, je l’aurions viré le malotru”. Peut être bien. Ce qui est sur en tout cas c’est que si Kerviel n’avait pas atteint ses objectifs de marge…à coup sûr il aurait été viré et là, les alertes et la hiérarchie auraient parfaitement fonctionné.

Kerviel n’est pas Robin des Bois, il ne le prétend pas, ses observations sur le fonctionnement du système reflètent très probablement la réalité.

Au fond rechercher de la fraude ou même envisager sa possibilité était très subordonné aux vrais objectifs : empiler les marges.

Le problème pour la SG au fond ce n’est pas la fraude mais son ampleur qui la rend indissimulable.

On ne s’étonne plus du recours systématique au dopage de coureurs cyclistes à qui l’on demande des performances naturellement intenables.

Pourquoi cette naïveté persiste-t-elle lorsque l’on considère les activités de trading ?

22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire LeLama

Une caissière doit appeler la caisse centrale pour annuler un article a 3 euros. Mais ici, Kerviel peut visiblement faire des montages colossaux en milliards sans contrôle informatique automatisé. On croit rêver.

Que Kerviel ait menti, soit. Mais quelle incompétence de la banque. Un système de contrôle si léger que quelques fausses déclarations suffisent a le déjouer. C’est particulièrement préoccupant !

Pourquoi n’y a-t-il pas des calculs automatiques des positions des traders chaque jour, avec information des supérieurs hiérarchiques ? Des programmes informatiques supervisent tous les jours les investisseurs individuels qui jouent quelques milliers d’euros. Pourquoi n’a-t-on pas développé des programmes informatiques de contrôle adéquat alors que les sommes engagées se comptent en milliards d’euros ?

L’erreur individuelle et/ou la triche apparait forcement un jour dans tout système. Ce qui est consternant, c’est que le système permette des erreurs de cette ampleur. C’est un faute lourde de la SocGen. On ne peut pas invoquer la personnalité de Kerviel. La SocGen aurait du planifier qu’un jour un type aurait son profil et ferait de grosses bêtises.

Il faudra bien un jour que les traders soient autant contrôles que les caissières. Ils manipulent quand même un peu d’argent…

22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire David

Ce que je ne comprends c’est que la SG n’ait pas vu les appels de marge résultant de telles positions, qui eux étaient certainement impossibles à dissimuler.

Pour cette raison, et aussi parce que je ne peux pas penser qu’une société bancaire de cette taille ait été aussi faible en termes de contrôles, je pense que la SG ment et que la loi du silence a été imposée.

Par ailleurs je connais ce métier de l’intérieur, et je m’imagine parfaitement la SG fermer les yeux sur des bizarreries et incohérences.

Peut-être que la SG ne savait pas, mais si elle ne savait pas c’est qu’elle ne voulait pas savoir.

De toutes façons, pour une banque de dépôt, le trading en compte propre, même s’il est général, est en soit déjà une grave erreur.

22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire Persan

Pour être crédible, Monsieur Bouton eût dû d’abord se suicider. Question d’honneur. Il a bien conduit certains de ses employés à cette extrémité. Aujourd’hui, les amiraux des navires qui coulent sont les premiers à sauter dans les canots de sauvetage. Ce n’est pas le cas au Japon.

@okeurdelanuy

Inutile de vous référez à l’enquête, aux témoignages, aux preuves, au procès, Kerviel est le premier à reconnaître ses fautes. Il demande à la justice que celles de ses supérieurs le soient aussi.

L’enquête est en effet accablante pour cette hiérarchie mais le juge d’instruction s’est défaussé sur l’AMF.

Je crois que tout le monde voit bien que Kerviel est un requin assez peu sympathique sur le plan professionnel. C’est précisement pour ce profil, que très hypocritement Monsieur Bouton renie aujourd’hui, qu’il l’a fait embauché. Ce caractère professionnel de l’accusé ne justifie pas que la justice protège une institution au prétexte qu’elle représente un enjeu économique trop important.

La question n’est pas la personnalité de Kerviel. Cela n’est pas intéressant, qu’il soit Robin des Bois ou pas. Ne prenez pas les gens pour des idiots fascinés par une figure. La question est la malhonnêteté organisée.

@David

Mais les appels de marge ont été parfaitement vus par la banque, par les deux directeurs successifs de Kerviel au moins. L’ordonnance de renvoi l’établit.

  • Le premier a été muté, sans qu’on sache si ce n’a pas été pour laisser les mains libres à Kerviel qui s’est retrouvé effectivement sans hiérarchie pendant six mois.
  • Le second a été choisi parce qu’il ne connaissait rien au métier et quand il a compris, il s’est senti perdu et impuissant.
22/06/2010 Et Daniel BOUTON pris la parole – Commentaire ThTaupin

Concernant l’affaire JK, pour avoir été consultant dans plusieurs compagnies de banque/assurance, je peux certifier une chose: la règle chez le client est l’autisme. Et le dernier argument est toujours: “Vous respectez le cahier des charges”. Autrement dit, lorsque vous êtes en charge de développer un système informatique de contrôle ou de gestion pour un client (comme la SG), votre job n’est pas de penser, d’apporter un regard neuf, mais simplement d’exécuter, en temps et en heure, en respectant le budget imposé, ce que l’on vous a demandé.

Maintenant, pour ceux qui prétendent que JK doit porter l’entière responsabilité de la faute, ce n’est qu’une question d’éthique, question que l’on peut retourner vers sa hiérarchie: un système de contrôle coûte cher à développer, c’est une charge, cela ne maximise pas les bénéfices.

Si l’on reprend la métaphore routière évoquée plus haut: à quoi bon optimiser les systèmes de freinage ou de sécurité sur une automobile, puisque de toutes façons, tout le monde respectera les limitations de vitesse, car c’est écrit dans le code de la route, et qu’on a juré ses grands dieux le jour de l’examen de respecter les règles édictées.

Toute cette hypocrisie ne finit pas de me surprendre: à grand renfort de certifications ISO, chacun se donne bonne conscience, mais les gendarmes de la route, tout comme les gendarmes de la bourse, tant qu’on ne les voit pas, on se permet toujours une petite infraction…
Sauf que dans le cas de la SG, le virage mortel dans un platane n’a pas eu lieu… Quoique…

26 Juin 2010 - La plume d’ALIOCHA : L’étrange créature d’un système devenu fou

[...] Prudente la Société Générale ?

La banque se décrit comme prudente ? Olivier Metzner évoque, dans un tir nourri, les pertes sur les subprime de 2,2 milliards, puis les 11 milliards qu’a failli lui coûter la débâcle d’AIG, sans compter les 35 milliards d’actifs pourris logés dans IEC, la bad bank, ou encore le cas de SGAM AI.

Et l’on voudrait faire croire que c’est Jérôme Kerviel qui l’a menée au bord de la faillite ? Une faillite dont l’avocat au demeurant souligne qu’elle n’est pas argumentée. La position de 50 milliards dès lors prend une toute autre dimension. De même que la perte de 4,9 milliards qu’Olivier Metzner conteste. Le soir du 18 janvier 2008, c’est-à-dire le dernier jour où Jérôme Kerviel a travaillé pour la Société Générale, sa position enregistrait une perte latente 2,7 milliards, mais il disposait par ailleurs de 1,4 milliards en trésorerie, le produit de ses gains de 2007. Résultat, la perte à ce moment là s’élevait à 1,3 milliard.

Ce n’est qu’au moment du débouclage, opération sur laquelle l’avocat regrette de n’avoir aucune information, que la perte atteindra 4,9 milliards, éclipsant opportunément au passage celle de 2,2 milliards sur les subprime annoncée le même jour au marché.

On attendait l’effet d’audience, il surgit sous la forme d’une circulaire datant de 2001 et destinée aux salariés de la banque. Une véritable gourmandise pour l’avocat qui en lit des passages avec délectation. Il s’agit d’une liste de recommandations sur la manière de répondre en cas d’interrogatoire par la justice, parmi lesquelles on peut lire en substance cette consigne : noyez les informations sous la technique. On ne saurait mieux résumer le sentiment au terme de ces trois semaines de procès.

Reste la discussion juridique du dossier.

L’avocat plaide non coupable pour le faux, l’usage de faux et l’abus de confiance, jurisprudence à l’appui. Comment prétendre au franchissement de limite quand il n’existe aucune limite écrite, aucun verrou sur l’automate de trading et que les dépassements répétés sur une longue période des prétendues limites n’ont jamais suscité aucune réaction ?

Où est le faux dès lors que les mails incriminés n’ont pas servi à créer des droits mais à fournir des explications a posteriori ?

Il plaide coupable en revanche pour l’introduction frauduleuse de données dans le système informatique. Le délit est purement mécanique et donc difficilement contestable.

Et Metzner de conclure sobrement, citant Galbraith :  « quand tout le monde gagne, personne ne voit. Quand tout le monde perd, il faut un coupable, un seul ». […]

La décision sera rendue le 5 octobre. […]

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samedi, 19 juin 2010

Passionant débat Attali-Mélenchon et … Schneidermann de “Arrêt sur Image”

Débat Attali-Mélenchon dans Arrêt sur images

Daniel Schneidermann a invité Jacques Attali et Jean-Luc Mélenchon à débattre dans l'émission web Arrêt sur images. Au menu de ce débat : la crise des dettes, les politiques d'austérité et les pistes pour sortir de la crise.

 

38 commentaires

22:45 Publié dans Finance, Rapports de force, Société et Justice | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |