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mardi, 04 décembre 2012

Le pays de la potion magique …

Une synthèse du “mal français”, et à défaut de recette miracle, une invocation au “sursaut des élites” ?
    Quand le médicament rend le patient plus malade, il faut en prendre un autre ou changer de docteur",
a plaidé dimanche le travailliste Ed Balls, ministre des Finances du cabinet fantôme d'opposition…

POINTS DE VUE paru dans Les Echos :

catégories : IDÉES POINTS DE VUE

Florange au pays de la potion magique

de Michel Drouet

Les Echos du 04/1 http://www.lesechos.fr/opinions/points_vue/0202425000561-...

L'idée de nationalisation du site de Florange a heureusement fait long feu. Son succès dans l'opinion et dans la classe politique, quasi unanime, a montré une fois de plus le goût des Français pour les solutions miraculeuses.

    Alfred Sauvy en son temps se gaussait du concept de « miracle allemand » pour nommer le redressement de l'Allemagne après 1945, qui, dans l'esprit des français, ne pouvait pas procéder de l'intelligence et du travail des allemands, mais plutôt d'une intervention quasi divine.

Depuis des décennies, longue est la liste des potions magiques administrées au pays pour résoudre le problème de la croissance et du chômage :

  • nationalisations,
  • retraite à 60 ans,
  • 35 heures,
  • emplois subventionnés,
  • recrutement excessif d'agents publics,
  • endettement sans fin de la puissance publique…

Toutes ces médications ont débouché sur le fiasco actuel de

  1. la crise de la dette,
  2. de la dépression,
  3. du chômage de masse
  4. et de l'extension de la pauvreté, phénomènes qui touchent avant tout les plus vulnérables.

Plutôt que d'essayer de faire des miracles, pourquoi ne pas s'être efforcés de mener des politiques structurantes et construites pour soutenir la croissance et l'emploi ?

Pourquoi, en plus de trente ans de chômage de masse, les gouvernements successifs de gauche comme de droite ont-ils été incapables de mettre en place un service de l'emploi efficace pour former et assister les chômeurs dans leur recherche d'une activité, à l'image de ce qui se pratique dans les pays du nord de l'Europe ?

  • Quelle hypocrisie nous conduit à supporter depuis des années un marché du travail où les uns sont surprotégés et les autres hyperprécarisés ?
  • Pourquoi la recherche publique et les grands organismes ne travaillent-ils pas plus avec les entreprises petites ou grandes pour développer leur capacité de croissance et de création d'emplois ?
  • Pourquoi l'Education nationale ne prend-elle pas les moyens de lutter contre l'échec scolaire et de dispenser des formations adaptées aux besoins des gens et du pays ?
  • Pourquoi le secteur public consomme-t-il 56 % du PIB contre 46 % en Allemagne, sans service supérieur rendu aux citoyens et aux entreprises ? 
  • Pourquoi le climat et l'environnement ne sont-ils pas plus favorables en France pour ceux qui innovent dans le privé et le public, développent des projets dans les deux secteurs et créent des entreprises ?

En vertu du principe de subsidiarité, ces sujets sont à aborder avec détermination par un Etat stratège dans le cadre de larges concertations, les problèmes de fermeture de sites devant relever de la compétence d'institutions efficaces et décentralisées.

Depuis des années, le pays hésite à traiter ces problèmes de fond. Seules des réponses élaborées collectivement avec méthode et mises en oeuvre avec constance dans la durée permettront

  • de stimuler la croissance,
  • de lutter contre le chômage
  • et d'éviter la destruction d'emplois, en particulier dans l'industrie.

Dans le cas de Florange, à cette approche organisée, le pays et ses gouvernants ont préféré agiter l'idée de la nationalisation et la recherche précipitée de partenaires industriels pour finalement renoncer sous l'oeil goguenard de la planète.

Avec cette histoire malheureuse qui ne manquera pas de nourrir la propagande des partis extrémistes, la France a fait un accès de fièvre de plus, mais les problèmes demeurent. Il serait temps de les affronter avec de vraies solutions.

Michel Drouet

Michel Drouet est ancien administrateur de l'Insee

samedi, 29 septembre 2012

XERFI : Passage de l’économie à l’Iconomie

“[…] Nous sommes en crise, parce que comme le disait Gramsci, « le vieux ne veut pas mourir et que le neuf ne peut pas naître ». Dans cet entre deux surgissent les monstres de la prédation économique et financière, du délitement du système productif, du chômage de masse.
On ne reconstruira pas le système productif par de simples mesures macro-économiques. Il ne s’agit pas non plus de copier des pays qui ont su habilement tirer parti des faiblesses des autres. Il faut réviser nos modes de pensée et d’action. Penser la mutation, la rendre intelligible, c’est le but que s’est fixé le groupe de travail de l’association Institut Xerfi. Il s’agit d’impulser le passage de l’économie à l’Iconomie, avec un nouveau modèle de compréhension de l’économie pour penser le monde d’après, la France d’après, éclairer les voies d’une nouvelle compétitivité et d’une nouvelle manière de créer des richesses et des et des emplois.
Or, nous sommes confrontés à un vide, un vide de la pensée et de l’action stratégique. La stratégie, ce n’est pas un ensemble de solutions techniques. Ce n’est pas l’organisation efficace de moyens pour atteindre un but comme on l’enseigne à nos futures élites. En 35 ans de métier, je n’ai jamais vu une grande stratégie sortir d’une analyse stratégique. Je n’ai jamais vu un futur se dessiner dans un modèle économétrique. Non, une stratégie exige une vision, un dessein, une ambition, qui se concrétise dans une orientation. Oui, depuis plusieurs dizaines d’année la France est dans un vide stratégique. L’Iconomie, c’est d’abord la volonté de penser le neuf, c’est aussi une ambition pour la renaissance de la France. […]

Conférence de l'institut Xerfi

Voici les exposés lors de la conférence de l'institut Xerfi le 19 septembre 2012 :

Laurent Faibis, "
Introduction : passer de l'économie à l'Iconomie, pour la renaissance de la France" :

Alexandre Mirlicourtois, "L'état des lieux : les chiffres-clés d'une révolution productive manquée" :

Michel Volle, "L'Iconomie, l'élan du nouveau « système technique » pour reconquérir la compétitivité" :

4) Philippe Moati, "La fourniture d’effets-utiles et l’émergence d'un modèle économique serviciel" :

5) Alain Marbach, "Investir massivement dans l'Iconomie pour créer les conditions d'une nouvelle compétitivité" :

6) Jean-Pierre Corniou, "Comment l'Iconomie va provoquer une nouvelle organisation productive plus performante" :

7) Christian Saint-Etienne, "Pour le retour d’un Etat stratège,
pour une reconstruction du tissu productif
" :

vendredi, 09 mars 2012

L’arnaque du prix de l’essence en bande dessinée


L’arnaque du prix de l’Essence par rikiai

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mardi, 06 mars 2012

France Culture La rumeur du Monde : Comment réindustrialiser la France

Avec ce billet, un petit retour dans l’orthodoxie libérale…

Les mesures allant dans le sens de réduire les injustices, imposer des règles à la finance pour qu’elle reste au service de l’économie, diminuer les gaspillages de toute nature, sont évidemment nécessaires, mais largement insuffisantes pour permettre de récréer les emplois dont notre pays à besoin.

A travers ce “Comment réindustrialiser la France” la rumeur du monde de ce 3 mars, aborde – soi-disant - des questions que les hommes politiques n’auraient point le courage de traiter en profondeur avec leurs électeurs.

Mais pas de miracle à attendre, de politique point.  La discussion reste ciblée sur des questions de cours pour étudiants en administration des entreprises ou le credo des animateurs de cours de Management.

En particulier avec un tel périmètre, difficile d’aborder d’autres non-dits du monde politique, par exemple l’avenir de nos industries agricoles, et puisqu’il était beaucoup question de numérisation, les questions de brevabilité du vivant, des OGM, et plus généralement les excès des protection par le droit d’auteur et des brevets ?

Comment réindustrialiser la France?

(42 minutes)

Appareils de mesure de la ligne de lumière DIFFABS (Synchrotron Soleil) J-P. Dalbéra©Wikimedia

Tous les candidats à la fonction présidentielle ou presque parlent de la nécessité absolue de relancer l’emploi industriel face notamment à la situation ultra déficitaire des exportations françaises et au chômage.

Ils répètent qu’il faut « acheter et produire Français » mais ils n’indiquent pas les moyens pour y arriver, la nécessité d’une banque d’investissements, etc…

La question est large. Jean-Marie Colombani et Jean-Claude Casanova proposent de la traiter pour partie, cette semaine, grâce à deux points de vue :

  • celui d’un industriel, Didier Lombard, président du conseil de surveillance de STMicroelectronics, qui vient de publier L'irrésistible ascension du numérique : quand l'Europe s'éveillera (Odile Jacob), où il aborde ce qui est déjà l’industrie d’aujourd’hui, à savoir le « numérique »
  • et le point de vue de Charles-Henri Filippi, ancien inspecteur des finances, président pour la France de Citi France, qui vient de publier Les 7 péchés du capital : Racines et portée de la crise (Descartes & Cie), ouvrage qui est une critique du libéralisme et un éloge du modèle mercantile, modèle aujourd’hui de l’Allemagne et de la Chine, deux pays exportateurs avec des industries florissantes. Au-delà de la recherche des moyens pour rendre à la France sa compétitivité, se pose aussi la question des défaillances des différents modèles européens.

Invité(s) :
Didier Lombard sur Google http://www.google.com/search?hl=en&q=Didier+Lombard
Charles-Henri Filippi sur Google http://www.google.com/search?hl=en&q=Charles-Henri+Fi...

Thème(s) : Idées| Industrie| Travail| architecture numérique| compétitivité| crise| emploi| industrie| investissement| libéralisme| mercantilisme

Tableau récapitulatif des idées échangées

Annonce du périmètre de la discussion

Didier Lombard
industriel pro industries du numérique

Charles-Henri Filippi
banquier pro modèle,mercantile

Infrastructure haut-débits et Services Une crise profonde qui met en cause le modèle libéral qui a fondé la modernité (“libéralisme” canal historique)

de 3mn15 à 7mm

de 7mmn45 à 12mn 

Les débits sur réseaux numériques se sont mis à croître il y a 2 ans de façon exponentielle. Une révolution numérique qui touche tous les secteurs en même temps et très vite contrairement au passé, car monsieur et madame tout le monde s’est mis à pianoter sur leur portable. Les concepts socles de l’économie de marché sont remis en cause. Entre la chute du mur de Berlin et celle de Lehmann Brother, tout a sauté :

Le concept de base : le marche et la démocratie sont inséparables. Même si après le concept il y a la conquête…
On doit connecter tout le monde dans toutes les situations avec le débit le plus haut possible 100 méga bits par seconde (4G). Donc il y a des investissements majeurs à faire qui changent complètement la donne des relations et des échanges. Le marché qui doit créer de la valeur et du profit en même temps ne fonctionne plus. On peut créer du profit sans valeur.
A partir de quel seuil, le profit ne représente plus la valeur produite, ne profite plus à la collectivité ?
Comment faire pour que les services se déploient sur les réseaux le plus vite possible et que la valeur liée à ces activités reste sur notre sol, c’est à dire finalement, soit créatrice d’emplois.

Sur ce présent là, les pays d’Asie sont en plein développements exponentiels et dominant, les Etats-Unis jouent un rôle majeur dans la course, l’Europe est en retard et entortillée dans ses dogmes.
Au delà de la question de l’industrialisation posé par D. Lombard, il y a celle du travail.

Ce qui est rare c’est le temps. ce qui est rare c’est le travail. La travail est au cœur des choses.

Il y a la concurrence de la main d’œuvre bon marché dans l’économie globalisée, il y a aussi la montée de l’immatériel et la capacité à créer de la valeur avec peu de travail, puis il y a la montée des rentes non liées aux matières premières. Une matière première valait le travail qu’il fallait pour l’extraire. Aujourd’hui, son prix inclus une part de rente importante.
Il est tant de changer d’attitude et de passer en mode projet  et de voir comment on fait pour rester dans la lance. Les questions de dépréciation du travail est donc fondamentale.
   

Reformulation de Jean-Claude CASANOVA :



Comment fait-on, pour accroitre la valeur du travail et être compétitif ?
Quelles qualités supérieures pour nos produits ? Quelles politiques ?

Didier Lombard

Charles-Henri Filippi

de 16mn30 à 19mm30

de 20mmn15 à  24mn15

La question de la création de valeur économique et sociale devient fondamentale. A chaque décision, doit se demander : Fabrique-ton de l’emploi, en détruit-on ? Où va la richesse produite ? Nous avons perdus 2 millions d’emplois industriels en 30 ans. Nous en avons crée en net 4,5 millions d’emplois. Hors industrie, 6 millions d’emplois nets ont été créés.
Prendre en compte le facteur temps, pour juger si une rentabilité est excessive. D’un point de vue moral cet excès tombe si ces profits sont réinvestis. Les délocalisations ont joué un rôle mineur..
En revanche, la productivité a joué un rôle très important. Le déplacement des externalisations aussi.
Pour avoir des investissements massif il ne faut plus se tourner vers les gouvernements mais vers des investisseurs déjà en place en leur demandant quels capitaux ils sont prêt à sortir pour sortir de leurs routines… D’autre part à mesure que les revenus augmentent, la consommation se déplace des produits de l’industrie vers les produits des services.
Derrière les serveurs à valeur ajouté, souvent à Shanghai mais aussi des emplois plus modestes Il faut faire de la réindustrialisassions mais surtout protéger les emplois dans les services
Le mode recette c’est considérer qu’on régule  aujourd’hui, mais aussi sur un horizon de 5 ans en se demandant qu’est-ce que cette règle va donner va donner ? Il faut capitaliser nos forces sur certains secteurs, comme le faisaient les grandes politiques du passé. Les secteurs solides en emploi industriels sont l’aéronautiques, l’agroalimentaire, et le luxe
  La densité et la qualité des PME est trop faible, il y a une conception de l’entrepreneuriat à repenser avec une Qualité du travail et Productivité à améliorer fortement pour pouvoir créer de l’industrie exportatrice..
  Il ne faut pas que l’industrie du numérique et les services qu’elle déploie, ne détruise pas de l’emploi dans la sphère classique, c’est à dire permette à certains de gagner beaucoup d’argent sur le dos de la collectivité en détruisant des emplois.
  En outre, on n’est plus dans le monde de l’objet mais celui des flux (d’argent). Il faut apprendre à capter localement la valeur, la richesse produite, les flux d’argent de profit…

Reformulation de Jean-Claude CASANOVA : donne une vision très classique de l’investissement et des traditions que l’Allemagne a su garder (tradition de l’apprentissage, main d’ouvre de qualité et capacités d’adaptation des dirigeants). Recherche développement est une politique de longue haleine. Donc l’opinion ne voit pas comment ne pas un peu se protéger sans renoncer au libre échange.

Reformulation de Colombani : 2 axes : 1) L’existant marque par la désindustrialisation elle même   matérialisée par un déficit extérieur record. 2) Le futur. Comment peut-on être un acteur majeur du numérique ?

Didier Lombard

Charles-Henri Filippi

de 28mn30 à 31mm30

de 32mmn30 à 36mn15

Le choix des secteurs où l’on veut aller, n’est pas particulièrement facile à faire. Il nous faut une vrai discipline interne et une capacité de choix que nous n’avons pas eu.
On peut faire un copier/coller des 40 pages du plan stratégique sur 7 secteurs du gouvernement chinois… Périmètre européen mal utilisé, même en dehors de la politique monétaire.
Un secteur est éligible si et seulement si on est fort d’un point de vue R&D et capacité humaine; si on a un marché intérieure européen suffisant; et un accès à des marchés étrangers de taille suffisante.  
Il manque seulement une volonté politique de se mettre en ordre de bataille pour rentrer dans le détail de ce genre de politique. Pas de projet valable, citoyen et démocratique, si ce n’est au niveau européen
   

de 36mn15 à xxmm30

de xxmmn30 à xxmn15

(J’arrête là, ça manque terriblement de pertinence )…

En conclusion :

Il y a une certaine convergence d’idées avec les réflexions de Jean-Michel BILLAUT, qui constate que les jeunes entrepreneurs 2.0 sont mieux placés que les énarques et vieux politiciens, pour (re)lancer nos activités à forte valeur ajoutée.

A l’opposé de cette émission, le show de Jean-Luc Mélenchon du 6/3/2012 sur TF1, nous montre ce que c’est que faire de la politique. Avec “L’humain d’abord” pour instrument de pilotage et  ‘Le rapport de force” comme moyen de gouverner, on aurait pu craindre finalement qu’il soit assez loin de ces idées. Eh bien en définitive, il semble que non; sa conception de l’économique est assez clairement axée sur ceux qui savent et qui veulent et non le dirigisme. On pourra en juger en consultant sa vidéo.