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vendredi, 30 novembre 2012

Créons un Erasmus de l’emploi !

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29 novembre 2012 LES ECHOS PARIS

SUR LE WEB

"Prêts à l'emploi" : une manifestation du Battlefront Campaign devant une agence pour l'emploi, visant à attirer l'attention sur le chômage des jeunes au Royaume-Uni. Londres, octobre 2011.

"Prêts à l'emploi" : une manifestation du Battlefront Campaign devant une agence pour l'emploi, visant à attirer l'attention sur le chômage des jeunes au Royaume-Uni. Londres, octobre 2011.

AFP

La crise laisse sur le bord de la route 14 millions de jeunes Européens sans emploi ni formation, mais personne ne parle d’eux dans les discussions sur le budget de l’UE. Et si on consacrait un peu d’argent pour les intégrer dans le monde du travail à travers l’Union ?, propose un consultant français.

Edouard Tétreau

Grâce à la crise des “subprimes”, vous connaissez les Ninja d'Amérique (“no income, no jobs, no assets”). Connaissez-vous les NEET d'Europe ? (Not in Education, Employment or Training)

Les NEET ont entre 15 et 29 ans, et ne sont nulle part : pas d'emploi, pas d'études, pas de formation professionnelle. Il ne faut pas chercher loin pour croiser un NEET dans sa famille, ses amis ou son quartier : ils sont 14 millions en Europe. Un jeune sur six.

Or le NEET commence à coûter cher : 153 milliards d'euros annuels de manque à gagner économique, d'après une étude de l'agence européenne Eurofound. C'est plus que le budget annuel de l'Union européenne (142 milliards d'euros).

Erasmus, seule vraie réussite

A ce propos, les NEET européens ont-ils suivi, ces derniers jours, la farce des discussions inabouties autour de ce budget pour les sept prochaines années ? Savent-ils que l'Europe de Bruxelles, contrairement à ce que l'on pouvait croire en ces temps de crise et d'austérité, est immensément riche? Tellement riche qu'elle envisage de distribuer pas moins de 1 000 milliards d'euros, à tout vent, ces 7 prochaines années ?

  • 420 milliards pour l'agriculture.
  • 300 milliards pour la “cohésion pour la croissance et l'emploi – en fait, les transferts des régions dites riches vers les régions dites pauvres,
    et tant pis
    • (a) si 15 départements français ont un PIB par habitant inférieur à celui de la Grèce ;
    • (b) si les 350 milliards déversés ces 6 dernières années ont eu des effets contestables sur la cohésion (cf. la Grèce), la croissance (- 0,3 % attendu en 2012) et l'emploi (25 millions de chômeurs dans l'Union).
  • 58 milliards pour “l'Europe, acteur global, pourtant globalement très absente, faute de l'existence d'une Europe de la défense, dans la résolution de tous les conflits et dossiers récents (Libye, Syrie, Israël-Palestine, Iran). N'oublions pas les 56 milliards de frais administratifs de l'Union.

Une autre politique budgétaire est possible. Elle consisterait à cesser de subventionner les erreurs et le passé de l'Union, pour enfin s'intéresser à son avenir, à savoir ses jeunes, et prioritairement les NEET.

Il n'a échappé à personne que, tout à leur défense d'intérêts nationaux ou bureaucratiques, les dirigeants de l'Union envisagent la suppression pure et simple d'Erasmus, la seule vraie réussite concrète, tangible et paneuropéenne de l'Union européenne ces dernières années. Erasmus, depuis sa création en 1987, a permis à 3 millions d'étudiants européens de partir étudier dans un des pays de l'Union, avec une subvention très modeste de leurs études (250 euros par mois).

Cela a contribué à créer un esprit et une réalité européens, à rebours de ce qui nous est proposé aujourd'hui, à savoir le repli sur soi derrière ses frontières nationales, l'absence de projets pour les nouvelles générations, la gestion court-termiste des urgences financières.

Depuis sa création, Erasmus a coûté 4,1 milliards d'euros : c'est moins que les erreurs de paiement dans l'exécution du budget de l'Union européenne en 2011 (4,9 milliards d'euros).

Un investissement dans l’avenir

Le moment n'est-il pas venu non pas d'enterrer Erasmus, mais de l'amplifier en proposant un Erasmus pour l'emploi ? Ce programme subventionnerait chaque année, pourquoi pas à hauteur des charges sociales, 1 million de CDD à un an dans le secteur privé – de vrais emplois dans l'économie marchande. Il donnerait chaque année la chance à 1 million de jeunes Européens d'abord de travailler, ensuite de travailler dans un pays de l'Union.

Cela signifie voyager, apprendre à travailler dans une autre culture, une autre langue. Oublier les nationalismes étriqués et les protectionnismes mortels pour vivre l'Europe des entreprises – plutôt que celle des bureaucraties.

En prenant l'hypothèse d'un salaire moyen à 20 000 euros annuels et des charges sociales à 40 %, nous parlons d'une subvention à 8 milliards d'euros annuels. Est-ce trop demander que de consacrer 6 % du budget de l'Union européenne pour un tel investissement ?

On donnera ici raison aux partisans de la rigueur et du contrôle budgétaire de l'Union : ce budget à 1 000 milliards est une insulte faite aux Etats, aux ménages et aux entreprises qui font des efforts drastiques pour réduire leurs déficits ou leurs dépenses. Mais, s'il est un investissement que nous devons préserver et amplifier, c'est bien celui de notre avenir.

Faire un Erasmus pour l'emploi permettrait de redonner un espoir aux jeunes, de créer une dynamique de croissance pour tous en Europe et de renforcer l'esprit européen. Par ailleurs, ce programme améliorerait la compétitivité des entreprises européennes en allégeant les charges de leurs nouvelles recrues. Enfin, il redonnerait une légitimité à des institutions européennes aujourd'hui très éloignées de la réalité des entreprises et des peuples.

Edouard Tétreau

Edouard Tétreau est professeur à HEC et associé gérant de Mediafin www.etatsunisdeurope.com

01:27 Publié dans Écologie, Travail, Retraites, Chômage | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |

dimanche, 04 novembre 2012

R2I : la Révolution Industrielle Informatique

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01/11/2012 - Cinquième partie : DSI (Direction des Systèmes Services d’Information)

Rappel des « chapitres » précédents :

(En anglais, DSI = CIO, Chief Information Officer)

La R2I, Révolution Industrielle Informatique est en marche et rien ne peut plus l’arrêter : infrastructures et usages industriels sont disponibles, des fournisseurs innovants proposent des solutions industrielles ; il ne reste plus qu’à faire profiter de cette R2I toutes les organisations, privées ou publiques, grandes ou petites !

Le nouveau rôle, passionnant, d’une DSI, c’est d’en faire bénéficier l’organisation où elle travaille, ses clients et ses collaborateurs en déployant (vous l’aviez deviné)... un Système d’Information Industriel.

Les nouveaux métiers d’une DSI industrielle

Infrastructures Cloud, usages en SaaS, ce sont d’excellentes nouvelles pour les entreprises, donc pour les DSI dont le métier principal est de fournir aux clients de l’entreprise et à ses collaborateurs un Système d’Information ergonomique, accessible en permanence, flexible, fiable et à faible coût.

IT as a Service
Ce schéma présente le contexte d’une DSI, gestionnaire d’un Système d’Information que je définis comme  : IT as a Service.

Quelques explications s’imposent :

- La DSI sert d’intermédiaire entre ses « clients » et les solutions qu’elle propose. Elle s’organise en quatre équipes principales, pour ses activités métiers :

  • Infrastructures
  • Usages transverses
  • Usages métiers
  • Informatique flexible

Structure DSI Industrielle- Pour les clients, ce sont des « services » et ils vont juger la qualité des services, pas « comment » ils sont fournis. Clouds publics, communautaires ou privés, ils ne se posent même pas la question.

- L’équipe « infrastructures » a la responsabilité de définir quels seront les serveurs, réseaux et postes de travail qui permettent de fournir et utiliser les services proposés. Les choix d’infrastructures (tous les nouveaux usages par navigateur, HTML5...)s’imposent maintenant aux fournisseurs de services applicatifs.

- L’équipe « usages transverses » (Participatique et fonctions support) recherche en permanence les meilleures applications disponibles, les options SaaS étant toujours privilégiées. Elle fait son « marché » parmi les éditeurs de solutions, en n’hésitant pas à privilégier les offres « best of breed » au détriment des solutions intégrées.

- L’équipe « usages métiers » se concentre sur les 3 à 5 processus cœur métiers clefs qui font que Total n’est pas la BNP ou Axa le groupe Bouygues. La construction industrielle, sur mesure, d’applications métiers spécifiques est souvent la meilleure réponse !

- Toutes les réponses aux spécificités d’une entreprise ne se trouvent pas sur étagère. C’est là qu’intervient « l’équipe informatique flexible », décisionnel et BPM (Business Process Modeling), bien évidemment en mode SaaS, pour construire sur mesure, et vite, les réponses aux très nombreuses demandes des métiers pour des processus simples.

- Dans ce monde « IT as a Service », l’une des nouvelles fonctions les plus importantes, les plus nobles devient celle d’agrégateur de solutions. Elle peut être réalisée en interne ou par de nouvelles générations de sociétés de services qui remplacent les anciens « intégrateurs ».

Voilà un beau programme de transformation des modes de fonctionnement et d’organisation d’une DSI industrielle ; le chemin est tout tracé pour les actions à démarrer en 2013 !

Il reste un volet fondamental, les liens avec... les clients de la DSI.

Un Système d’Information au service des clients... internes

Les dimensions marketing et commerciale font trop rarement partie des compétences d’une DSI ; c’est pour cela que je propose la création d’une équipe « relation clients » au sein de la DSI.

Dans ce monde R2I, où une majorité de solutions sont opérationnelles et prêtes à l’emploi, cette fonction est encore plus essentielle qu’auparavant.

Si la majorité des responsables informatiques ignorent encore trop souvent la richesse et la variété des solutions Cloud/SaaS existantes, cette non-connaissance est encore plus forte du coté des « clients internes », des directions métiers. La DSI doit donc aller vers eux, vendre ces nouvelles approches, faire le marketing des solutions SaaS existantes...

Les modes anciens de fonctionnement, cahier des charges, appel d’offres, maîtrise d’ouvrage, maîtrise d’œuvre sont... devenus obsolètes

Scandale des scandales, ce sont les outils et les solutions existantes qui prennent le pouvoir et non plus les « besoins ».

Encore une fois, l’exemple de l’industrie l’automobile est utile pour comprendre cette nouvelle démarche R2I. Le salon de l’automobile 2012 de Paris vient de fermer ses portes avec environ 2 millions de visiteurs et des milliers de « solutions voitures » présentées. Rares sont les visiteurs qui sont allés sur les stands de Renault, Mercedes ou Ferrari avec un « cahier des charges » pour demander qu’on leur construise la voiture qui correspond à leurs attentes !

Une DSI moderne doit, progressivement, suivre une démarche similaire :

  • Organiser périodiquement en interne des « salons solutions ».
  • Faire venir ses « prospects » sur ces salons pour qu’ils puissent choisir les outils qui s’adaptent raisonnablement bien à leurs attentes.
  • Planifier des démonstrations d’usages professionnels avec les nouveaux objets d’accès « autorisés », smartphones, tablettes, PC portables, Chromebooks...
  • Montrer quelques réalisations récentes en SaaS, BI et BPM pour donner envie à d’autres directions métiers d’aller dans la même direction. Ces réalisations peuvent venir de l’interne ou d’autres entreprises.

Cette démarche s’applique rarement aux applications « cœur métiers ». Dans ce cas, une approche projet, avec des équipes venant des métiers, travaillant avec des professionnels de la DSI qui maîtrisent les outils de construction d’applications sur mesure (en mode Web-HTML5) s’impose.

Un Système d’Information au service des clients... externes

Répondre efficacement aux attentes de ses clients internes, c’est bien, mais cela ne doit pas faire oublier que la priorité absolue reste... les clients externes, qui achètent les produits et services de nos entreprises. De plus en plus de clients utilisent le Web et internet pour dialoguer ou commercer avec les entreprises.

Business as an IT service
Sur ce schéma :

- IT as a Service représente l’IT interne, définie précédemment avec ses usages métiers et tous les composants transverses, génériques.

- Business as IT Services : vu par les clients externes, ce sont toutes les interactions possibles avec l’entreprise, pour commander des produits ou des services, dialoguer avec des collaborateurs, répondre à des enquêtes...

- Infrastructures as a Service : toutes les interactions numériques entre les clients et l’entreprise se font sur la base des standards Internet. Ce point est fondamental : tout le monde comprend que les clients externes vont se servir d’objets, mobiles à 80 %; pour accéder par navigateur aux services proposés par les entreprises ; il ne viendrait plus à l’idée de personne d’imposer des choix d’OS ou de navigateurs aux clients externes. Le même raisonnement s’applique aussi aux ... clients internes !

3270 screenIl y a de moins en moins de raison pour que les clients internes de l’entreprise soient« punis » en étant obligés d’accéder au SI par des applications archaïques, moches, non ergonomiques et qui leurs imposent des choix réduits d’outils d’accès.

Les choix d’infrastructures modernes, navigateurs, HTML5... s’imposent aux entreprises pour répondre aux exigences de leurs clients externes ; autant en profiter pour que ces mêmes choix techniques soient faits pour les applications destinées aux clients internes.

Les challenges « non techniques » d’une DSI industrielle

Les challenges que doit affronter une DSI ne sont plus :

  • Techniques : les infrastructures Cloud, les solutions SaaS fonctionnent très bien.
  • Financiers : les infrastructures Cloud, les solutions SaaS réduisent rapidement et fortement les coûts du Système d’information.

Restent par contre de nombreux challenges majeurs :

- Gérer la réduction des budgets de la DSI : si le pouvoir d’une DSI se mesure encore au nombre de serveurs, d’informaticiens dans les équipes ou de millions dans les budgets, il ne faudra pas s’étonner que les résistances internes à une migration vers des solutions industrielles soient fortes.

- Le refus de voir l’importance des changements qui s’annoncent, faire l’autruche, pour ne pas affronter les changements qui s’imposent.

- Ne pas s’appuyer sur les alibis traditionnels de la « néphophobie », sécurité, confidentialité des données, difficultés de travailler « off-line »... pour bloquer les innovations nécessaires.

- Ouvrir son Système d’Information au maximum, et ne fermer que ce qui est vraiment indispensable. Toute la politique de sécurité actuelle doit souvent être mise à plat, en abandonnant les utopies dangereuses d’une sécurité parfaite ou de la même sécurité pour tous les usages.

- Ne plus considérer les utilisateurs internes comme des dangers, des fraudeurs en puissance ou des pirates dangereux, leur faire confiance et s’appuyer sur leur intelligence pour déployer des applications plus simples et plus performantes.

- Se libérer, dès que possible, du joug de la Direction Financière dont dépend encore trop souvent la DSI. Une vision exclusivement « financière » d’un SI n’a plus beaucoup de sens aujourd’hui.

- Préparer immédiatement tous les collaborateurs de la DSI aux nouveaux métiers d’une DSI industrielle. C’est la priorité numéro un, car il n’y aura pas un seul métier historique de l’informatique qui ne sera pas impacté par cette R2I.

Résumé : DSI = Direction des Services d’Information

Dans DSI, je propose de remplacer le S, Systèmes, par le S, Services.

Une DSI industrielle se transforme en prestataire de « services », en majorité achetés, certains construits sur mesure.

DSI en 2015 : ce sera, plus que jamais, un métier passionnant, porteur d’innovation pour les entreprises et... plein d’avenir pour tous ceux et celles qui sauront s’adapter à ce monde informatique industriel.

Reste un point clef pour réussir : faire partager aux dirigeants de l’entreprise une même compréhension les potentiels de cette Révolution Industrielle Informatique.
Ce sera le thème du sixième et dernier texte de cette série.

Rédigé à 23:35 | Lien permanent