Marianne2 - Rions un peu: comment Mélenchon a mis Aphatie K.O. sur les retraites (mercredi, 14 avril 2010)
Régis Soubrouillard - Marianne | Mardi 13 Avril 2010 à 17:01 | Lu 21364 fois
Rions un peu : Comment Mélenchon a mis Aphatie ko sur les retraites
Invité de RTL, le patron du parti de gauche s'est démarqué du discours ambiant sur la question des retraites, refusant de relayer l'affolement de circonstances, assénant moult chiffres à l'appui de sa démonstration à un Jean-Michel Aphatie qui n'en demandait pas tant.
De façon argumentée, Jean-Luc Mélenchon s’est fait fort ce matin au micro de RTL de dépassionner la question des retraites, bien décidé à ne « pas se laisser clouer le bec par des pseudo-évidences qui ne sont que des préjugés ». Suivez mon regard...
Aphatie démarre avec une première affirmation : « on peut évoquer un problème de financement pour les retraites, on évoque un déficit d’environ 15 milliards d’euros d’ici 5 ans ».
Minute, papillon ! S’appuyant sur les chiffres du Conseil d’Orientation sur les Retraites, Mélenchon rectifie : « le COR évoquait 5 milliards en année hors crise et 10 milliards pour 2010-2011. Les 15 milliards je demande à voir où ils sont ». Il y a moins de 10 jours, sur son blog, Jean-Michel Aphatie parlait lui aussi d’un coût de 5 milliards.
Aphatie évoquait une valse des milliards. Il n'avait pas fini de l'étonner puisque cet après-midi, se fondant sans doute sur des confidences des membres du COR, Le Monde indiquait que le coût de la retraite s'établirait à ... 30 milliards en 2010. Il faut vite acheter car à ce rythme, on dépassera les 100 milliards par an dès janvier 2011.
TAXER LES REVENUS DU TRAVAIL ET L'INTÉRESSEMENT
Soucieux de ne pas affoler les Français, Mélenchon précise que 5 milliards c’est « 2,5% du budget total des retraites. Si vous avez 1000 euros de revenus, il y a des gens qui rêveraient de finir le mois avec seulement 25 euros de découvert ». Disons qu'à trente milliards, ce serait un découvert de 15%, plus conforme à la réalité des comptes bancaires des Français...
Côté solutions, l'ancien sénateur reprend les recommandations de la Cour des Comptes qui consisteraient tant à taxer les stock options au même niveau que sont taxés les revenus du travail :« ça vous donne 3 milliards. Si vous taxez l’intéressement, ça vous fait 2 milliards et on a eu besoin de toucher à rien sinon qu’établir une justice que tout revenu doit contribuer à la retraite ».
Dans son style, Mélenchon pointera également le clergé des « yaka » : « quelques beaux esprits disent y’a qu’à allonger la date de départ à la retraite, 61 ou 62 ans. Ils ne se soucient pas de savoir ce que ça va rapporter. Fort peu d’après le COR, à peine 9% de ce qui est nécessaire dans les années 2050 ».
Le président du parti de gauche estime pourtant qu’il y a des réformes à faire : « notre intérêt est que les gens partent à 60 ans dans de bonnes conditions, que leurs retraites soient calculées sur les 10 dernières et représentent 75% de leurs salaires. C’est autant de consommation parce que ce sont souvent de petits salaires. Plus les gens partiront à temps, plus cela libèrera des postes pour des jeunes, contrairement à ce qu’a dit Alain Duhamel dans sa chronique (NDLR : « Moins on bouge, mieux c'est pour les plus âgés et plus mauvais pour les jeunes » selon Duhamel ) ».
DES ÉCONOMIES QUI ONT UN COÛT
Quelque peu désarçonné par l’avalanche de chiffres et l’argumentation de Mélenchon, qui refuse de faire de la question des retraites un « problème », Aphatie tente une attaque par la droite…libérale : « si on vous écoute, on se dit heureusement qu’il y a des riches en France puisque c’est eux qu’il faut taxer ».
-« Non, c’est dommage qu’ils se soient à ce point accaparés la richesse. Ils ne sont pas utiles en tant que riches. Le pays produisait 1000 milliards d’euros en 1980, il en produit 1950 aujourd’hui. Dans les années 90, la France gagnait 20 à 50 milliards de plus par an, maintenant c’est jusqu’à 100 milliards et le déséquilibre est de plus en plus grand entre ceux qui captent tout et ceux qui ont de moins en moins. Il faut déplacer le curseur de 10 points, ça fait 195 milliards de ressources en plus par an . Avec moi, les riches payeront. C’est clair ».
Le dernier échange est un grand moment de radio : tout à ses obsessions, Aphatie interroge Mélenchon sur l’alignement du calcul des retraites des fonctionnaires sur celles des salariés du privé. Avec déjà un genou à terre, la réponse de Mélenchon est le coup de trop : « c’est impossible. Et vous savez pourquoi ? Parce que rien n’a été saisi informatiquement. Comme c’était la règle des six mois, personne n’a pensé à le faire. Il n’est pas possible de revenir sur les 25 dernières années des fonctionnaires. Les travailleurs du service public sont sauvés par le manque d’équipements informatiques des services publics et j’ai pas fini de rigoler ». Eh oui, le comble des économies, c’est qu’elles ont un coût…
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