TELOS : Fallait-il vraiment assouplir les règles comptables ? (jeudi, 14 mai 2009)

WILLEM BUITER

Professeur d’économie politique européenne à la London School of Economics

Lire et relire son article sur TELOS : http://www.telos-eu.com/fr/article/fallait_il_vraiment_as...

Résumé :

Les créances détenus par les banques du système américain n’étant pas solvables, un grand nombre de ces dernières ne sont plus solvables quand on évalue leurs avoirs à la valeur du marché.

D’où les pressions exercées par la  Commission parlementaire du Congrès américain (HFSC), le 2 avril dernier, sur  le Financial Accounting Standards Board qui établit les normes comptables aux Etats-Unis, pour qu’il assouplisse encore une fois les règles de valorisation des actifs sur la base de leur valeur de marché, ceci, en dépit des protestations des représentants des investisseurs et du secteur de la comptabilité, qui considèrent qu’en rendant plus rigoureuses les règles de valorisation des actifs , on force les entreprises à donner l’image la moins inexacte de leur santé financière.

D’après la norme FAS 157 sur la mesure de la juste valeur, les détenteurs de biens financiers évalués sur le modèle de la juste valeur doivent déclarer sur quoi est fondée cette évaluation. Trois niveaux d'informations ou de supposition sont distingués, correspondant à la manière dont les informations sont « publiquement observables ». Dans le niveau 1, la valeur provient d'un prix coté dans un marché actif. Dans le niveau 2, elle est fondée sur « les données du marché observables », autres qu'une cote. Dans le niveau 3, qui s’applique souvent aux évaluations de biens dans des marchés non liquides ou dans les ventes en urgence (fire sales), la juste valeur ne peut pas être déterminée par des données observées ou objectivement vérifiées. Dans ce cas, les prix sont fondés sur des modèles internes ou les suppositions des gestionnaires.”.

Conséquence

La décision de remplacer l'évaluation au prix du marché (même quand le marché n’est pas liquide) par le jugement des gestionnaires des sociétés commerciales va dégrader la qualité des comptes. Les investisseurs seront refaits. La gouvernance d'entreprise souffrira. La responsabilité des gestionnaires et des conseils d'administrations diminuera. Et, parce que le nouveau modèle mark-to-myth empêchera sans doute de prendre les nécessaires mesures correctives, ou tout au moins les retardera, tout cela finira par augmenter l’instabilité future.”

Moralité :

“Le G20 a fait de pieuses déclarations sur la nécessité de reconnaître les pertes des banques, au bilan et hors bilan, et garantir que les pertes passées ne pèsent pas comme une taxe ou comme un obstacle sur les nouveaux prêts et emprunts contractés par les banques. Pourtant le primus inter pares du G20, les États-Unis, a décidé d’offrir à ses banques une nouvelle et vaste feuille de figue derrière laquelle elles pourront continuer à cacher leurs pertes et à parier sur la résurrection. Cela continue et prolonge la zombification de la plupart des banques de Wall Street.”

22:09 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : capitalisme, willem buiter | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | |